Brigitte Giraud à corps écrit

C’est avec toute la sensibilité qu’on lui connaît que Brigitte Giraud s’est intéressée à son corps : l’enveloppe de peau qui la protège tout en la reliant au monde, les organes qui se rappellent à elle dans la douleur comme dans le plaisir, la mémoire fidèle ou infidèle, le cerveau qui analyse les émotions les plus marquantes… Dans une sorte d’autopsie qui serait menée sur un corps vibrant et vivant, le sien, elle restitue la trajectoire d’une femme née au début des années 1960 jusqu’à nos jours.

Jamais impudique, même lorsqu’elle sonde ses expériences les plus intimes, toujours juste et précise dans les plus infimes détails, ceux qui la singularisent ou la rapprochent de ses semblables. On voit la petite fille observant ses différences avec son frère aîné, l’adolescente qui sent soudain le sang couler entre ses cuisses, la jeune fille qui éprouve ses premiers émois amoureux, la jeune femme qui découvre le bonheur de vivre avec un homme – bonheur trop vite brisé par la perte de cet être aimé –, la mère qui met au monde un enfant (après l’horreur d’un avortement). Tout ce qui fait l’essentiel d’une vie est écrit dans ce livre bouleversant.

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Avoir un corps, éd. Stock, août 2013, 240 p.

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Cette critique est parue dans Lyon Capitale n°725 (septembre 2013).

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