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L'Abbé Pierre n'a jamais oublié Lyon

L’Abbé Pierre restera dans les esprits comme le fondateur d’Emmaüs. Lyonnais n’ayant jamais oublié sa région ni sa ville, il aurait eu 100 ans le 5 août 2012. Lyon Capitale a rencontré un de ses proches qui dépeint le vrai caractère de "l’Abbé" et livre quelques anecdotes.

De l’image de l’Abbé Pierre, beaucoup ne gardent que le souvenir d'une silhouette frêle surmontée d’un béret qui était à la fois le porte-parole des démunis, et l'auteur d'actions coup-de-poing contre le mal logement et les injustices. "Un corps fragile pour un tempérament de fer", comme le décrit Pierre Drobecq, délégué Emmaüs France, qui a connu et côtoyé "l’Abbé", comme il l’appelait affectueusement. "La voix des sans voix", cet incroyable révolté, qui a fait de sa force de caractère sa marque de fabrique, aurait eu 100 ans le 5 août 2012.

"Il était très proche de sa famille"

C'est lors d'une réunion du Conseil d’administration de la communauté Emmaüs lyonnaise, dont il était responsable à l'époque, que Pierre Drobecq croise pour la première fois le chemin de l'Abbé. Il se souvient particulièrement bien du jour de cette rencontre pour avoir été le seul à saluer l'illustre personnage d'une bise. "Son existence me semblait tellement virtuelle, je n'ai pas su comment agir au moment où j'ai vu ce tout petit homme", se justifie-t-il, encore amusé. Par la suite, il conduira l'Abbé dans la région lors de ses visites.

Notamment à Irigny, en banlieue lyonnaise où il loge et où se trouve encore la maison familiale, dans laquelle il avait grandi alors qu'il était encore le petit Henri Grouès. "Il était très proche de sa famille et leur rendait visite aussi souvent que possible", confie Pierre Drobecq. Le bénévole apprend à connaître l'Abbé un peu mieux à chacune de leurs rencontres. Le fondateur d’Emmaüs lui confie quelques anecdotes. Il expliquera par exemple un jour, comment il a appris à faire du vélo dans les couloirs de l'immense appartement qu'il habitait rue Sala, dans le deuxième arrondissement de Lyon.

Un saint et un génie

L'image de saint, qu'il se faisait de l'Abbé Pierre avant sa rencontre, prend alors forme humaine. Au fil de leurs conversations, il découvre au-delà de cette dévotion et de cette abnégation, un véritable génie, simple mais redoutablement intelligent. "La vivacité de son raisonnement était très intimidante. Il fallait pédaler dur pour tenir la route !", s'anime Pierre Drobecq. "Il élevait tout de suite le débat et pointait immédiatement la source des problèmes du doigt. Lorsque l'on est pas admiratif d'une telle capacité on ne peut qu'en être jaloux".

Il sourit en se rappelant le personnage capricieux qu'il pouvait aussi être. Son caractère ne lui valait pas que des admirateurs et l'affectueux "Abbé" se transformait volontiers en un "le Père" beaucoup plus sévère dans la bouche de ses détracteurs.

Une implication sans faille

Le "Castor" (tel était son totem scout) pouvait sortir de ses méditations de manière surprenante lorsqu'il s'agissait de lutte contre le mal-logement. Pierre Drobecq explique que, pour l'Abbé, le meilleur moyen de faire bouger les choses était de les bouger soi-même, à son niveau et avec ses moyens. "Lui-même n'hésitait pas à se déplacer dès qu'une action nécessitait l'appui d'une personne d'influence, pour aboutir plus rapidement".

Il participait aussi régulièrement au conseil d'administration d'Emmaüs Lyon. Cela peut paraître anodin pour le dirigeant d'une association caritative locale mais Emmaüs, à elle seule, compte 317 groupes, dans 36 pays différents.

Une machine titanesque que l'Abbé qualifiait malgré tout de "bazar organisé". La force de son engagement est liée à la puissance de la révélation qu'il affirmait avoir eu quelques années avant son entrée dans les ordres. A 17 ans, il fait profession chez les Capucins et offre sa part du patrimoine familial à des œuvres caritatives de la région.Le Père Wresinski, fondateur d'ATD Quart Monde, voit dans sa dévotion, une tentative pour se repentir de sa naissance dans une famille aisée.

Pierre Drobecq préfère retenir, de son côté, la création de la communauté qui a le plus apporté à la région dans la lutte contre la grande pauvreté, le mal-logement et le surendettement. Un combat qu’il n’abandonna jamais, jusqu’à sa mort en 2007 à l’âge de 94 ans. Sur ses vieux jours il aura répété, un sourire en coin "J’ai passé ma vie à prier Dieu pour mourir jeune…Vous voyez, c’est raté !"

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