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@ Tim Douet

Le FN et Christophe Boudot ne cachent pas leurs ambitions

INTERVIEW – Alors que nous sommes dans la dernière ligne droite avant le scrutin, le Front National sent qu'il peut avoir un rôle à jouer dans ces élections cantonales malgré la récente modification de la loi électorale. Entretien avec Christophe Boudot, secrétaire départementale du FN et candidat dans le canton de Meyzieu.

Lyon Capitale : Pour bien comprendre tout d'abord : combien avez vous actuellement d'élus au Conseil général du Rhône ?

Christophe Boudot : Nous n'avons pas d'élu au Conseil général, mais quatre au Conseil régional du Rhône et dix-sept en tout en Rhône-Alpes.

La modification de la loi électorale vous pénalise-t-elle ? Sachant que le seuil pour se maintenir au second tour est passé de 10 à 12,5% des inscrits.

Changer la loi électorale à moins de trois mois des élections, on ne voit ça que dans les dictatures. Le gouvernement a procédé à ce que j'appelle une arnaque électorale. Si le FN avait fait quelque chose comme cela on aurait dit, à juste tire, que c'était un coup de force inacceptable. Mais cela ne nous fait pas peur, nous somme sur une dynamique exceptionnelle en ce moment. Leur petite magouille risque de se retourner contre eux et des élus UMP vont sauter croyez-moi.

Combien espérez vous obtenir d'élus au final ?

On a eu six candidats au second tour en 2004 : trois triangulaires et trois duels. On espère cinq ou six seconds tours cette année, ce qui constituerait une progression avec le changement de seuil.

Avez-vous mis en place une stratégie globale dans le Rhône dans le cadre de ces élections ?

Oui bien sur. Ces élections sont l'occasion pour nous de répondre à une attente. Sur les vingt-sept candidats, vingt-cinq candidatures sont “enracinées“, c'est-à-dire que les candidats habitent dans leur canton ou juste à côté. Les deux autres sont des candidatures d'ordre politique, pour combattre l'UMPS (l'UMP et le PS). De mon côté je vais défier, dans le canton de Meyzieu, Odette Garbrecht, candidate sortante socialiste d'une part et Michel Forissier, mon homologue de l'UMP, d'autre part. Mon adjoint, Yvan Benedetti, va défier Michel Mercier dans le canton de Thizy.

Pourquoi présenter des candidats sur tous les cantons alors que vous savez que la plupart n'ont aucune chance d'être élus (CF : Le Progrès du 9 mars : “les cantonales nous sont habituellement défavorables“) ?

Déjà sachez que nous joueront la carte à fond dans tous les cantons et jusqu'au bout. Ensuite c'est aussi pour donner l'opportunité à tous nos électeurs de voter pour nous, d'offrir une alternative à l'UMPS.

N'est-ce pas aussi une volonté d'afficher une certaine présence dans le département ?

Si bien sur. Vous savez, le FN est la 3e force politique de département, voir la deuxième. Nous sommes portés par une dynamique folle en ce moment, il faut le faire comprendre aux autres partis.

N'y a-t-il pas de chances pour qu'un scénario “type avril 2002“ se produise en cas de présence au second tour d'un candidat FN ?

Les choses ont changé depuis 2002. Le vote de protestation est devenu un vote d'adhésion. Et puis lorsque l'on va à la rencontre des électeurs, on voit bien que ceux qui votent habituellement UMP ne voteront pas forcément PS au deuxième tour.

Comment expliquez-vous que ce sont dans les quartiers populaires selon les sondages, que vous avez le plus de chance de passer au second tour ?

Et les quartiers ruraux aussi, notamment le Beaujolais. Tout simplement parce que nos thèmes n'ont pas changé : la nation, l'immigration contrôlée; on dénonce aussi l'ultra-libéralisme. Par exemple : si l'on fait venir un ouvrier marocain, ou qu'il vient sans qu'on le lui demande, c'est un travail de moins pour un Français et ça les ouvriers l'ont bien compris.

Dénoncer l'ultra-libéralisme, c'est aussi un thème que vous avez en commun avec l'extrême gauche ?

L'extrême gauche est dépassée. Ils veulent accueillir tout le monde d'un côté, et protéger les emplois des Français de l'autre. C'est le serpent qui se mange la queue.

Pensez-vous que certains électeurs voteront FN pour sanctionner le gouvernement, dans une optique plus nationale ?

C'est certain; mais la plupart de nos électeurs votent maintenant par adhésion à un programme, à des valeurs. Il y a toujours un vote de protestation, mais il est devenu marginal.

En quoi l'arrivée de Marine Le Pen peut-elle booster vos scores? Qu'a-t-elle changé concrètement pour vous, dans votre campagne ?

Nos idées n'ont pas changé, mais c'est une question de présentation. La vague bleu marine, c'est les idées de Jean-Marie avec un autre style. Maintenant on sent une certaine désinhibition chez les gens. Ils n'ont plus honte de prendre un tract et de discuter avec nous sur les marchés.

Toujours à propos de Marine Le Pen, elle essaie de changer l'image du parti, mais vous rencontrez toujours des problèmes à ce niveau là, non ? Certains de vos candidats ont pâti de leur engagement lors de la campagne ?

Oui, on a encore des problèmes, on est tagués, certains nous poursuivent mais on ne lâche rien et cela se fait de plus en plus rare.

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