Crimes à Oxford

Mais aussi métaphysique, amour et spaghettis. Un casse-tête loin d'être casse-bonbons.

Crimes à Oxford ***
D'Alex de la Iglesia
Avec Elijah Wood, John Hurt, Loren Watling... Policier. Grande-Bretagne, France, Espagne. 1h43

Une vieille dame est assassinée à Oxford. Deux hommes vont mener l'enquête : Martin, un étudiant américain, et son idole Arthur Seldom, un grand professeur de mathématique et de logique. S'ensuit une série de meurtres annoncés par de drôles de symboles...

Alex de la Iglesia semble hanté par les crimes presque parfaits, ces "crimes imperceptibles" qui donnent son titre au livre dont il a tiré Crimes à Oxford. Après Le Crime Farpait, comédie déjantée, cartoonesque et volontairement idiote, il livre une version lettrée, ou plutôt chiffrée, de ce sous-genre policier. On y suit un quasi-Tintin américain, Martin, pour qui la quête de Vérité le dispute autant à Sherlock Holmes qu'au philosophe Ludwig Wittgenstein. Un Cluedo british bien mené dont la compréhension ne nécessite heureusement pas d'être titulaire de la médaille de Fields, l'équivalent du Nobel de maths. C'est même au contraire le didactisme parfois excessif du film qui finit par gâcher un peu le plaisir avec son lot de dialogues explicatifs plombants et d'indices prévisibles. Reste le duo à trois formé par les deux hommes avec Lorna, la plantureuse infirmière qui les épaule autant qu'elle les égare. Car s'il se confronte à la Théorie du Chaos (le fameux battement d'aile du papillon), au principe d'incertitude d'Heisenberg aussi bien qu'au dévoilement, bien anecdotique, de l'énigme criminelle, Crimes à Oxford répond au final à une toute autre question. Elle apparaît dans son aveuglante simplicité à chaque apparition à l'écran de Lorna (Lorna en sueur jouant au squash, Lorna faisant l'amour avec Martin, Lorna préparant des spaghettis nue sous son tablier) : que valent les mathématiques et la vérité des chiffres face aux sollicitations d'une petite amie caliente ? Réponse : rien. L'impuissance des deux génies à résoudre la seule équation véritablement vitale du film explique sans doute les ravages perpétrés par le célibat en milieu matheux.

Kevin Muscat

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