Associations et syndicats, tous unis contre les expulsions locatives

Malgré 1 million d'euros débloqué par le préfet cet hiver pour louer des chambres d'hôtel, le collectif pointe du doigt des actions gouvernementales et communautaires qui ne font pas avancer le problème de fond du logement et des 'sans solution'.

C'est une grande première: Presque tous les syndicats, et 12 associations (comme Les enfants de Don Quichotte, l'ALPIL, Personne Dehors) qui s'unissent pour une même problématique : le logement. Dans le Rhône, cette dynamique commune traduit, pour Pierre-Yves Chanut, le représentant des syndicats, 'de l'urgence et l'aggravation de la problématique du logement, accentué par la crise'.
Car, si 2007 a vu l'expulsion de 730 ménages, 2009 pourrait en voir bien plus et ce malgré les déclarations de Christine Boutin. Le collectif est unanime à ce sujet : 'On demande au préfet d'appliquer la loi correctement, et surtout la loi DALO, ce qui n'est pas le cas actuellement', renchérit Marc Uhry.
Précisément, en matière d'expulsions locatives, le collectif demande à ce que le préfet n'accorde plus le concours de la force publique s'il n'y a pas de solution de relogement.
Outre cette demande, associations et syndicats demandent également à ce que soit imposé un quota de 20% de logements à loyers accessibles dans tout le programme immobilier, ainsi que le principe d'accueil sans condition dans le scentres d'hébergements d'urgence.

Un besoin de cohésion

Car, si associations et syndicats se sont rendu compte qu'une unité de leurs actions est aujourd'hui nécessaire, ils déplorent le manque de cohérence entre les différentes institutions. Selon eux, cela créé une incohésion, qui dessert les actions en faveur du mal-logement. Ce responsable de l'ALPIL explique: 'Ce qui manque cruellement, c'est une orchestration. Il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas un acteur, mais plusieurs à différents niveaux: l'état, le département, les communautés de communes, les communes, les associations'.

Pour Daniel Jacquin, du collectif des Enfants de Don Quichotte, une question essentielle doit se poser : 'Est-ce que la volonté politique est là?'. Et son constat est sans appel : 'Nous [ndlr les associations], nous avons cette volonté politique. Il faut faire en sorte qu'elle soit également présente en face'.

'Un million d'euros pour l'hébergement d'urgence, c'est un gaspillage'

Le constat des enfants de Don Quichotte pour cet hiver est plutôt positif : 'Cet hiver, nous avons demandé au préfet une solution d'urgence pour les sans-logement. Nous avons été satisfaits à 90 %. Les gens ont été mis à l'abri, malgré la saturation du 115, mais pas tous'. Car la capacité des centres d'hébergement d'urgence est trop faible. Entre 80 et 130 personnes ne pouvaient être logés chaque soir. Le préfet a donc débloqué 1 million d'euros, pour payer des nuitées d'hôtels à ces 'sans-solution'. Mais, cette solution temporaire et exceptionnelle ne règle pas le problème de fond. Pour le collectif Personne Dehors, 'Les 1 million d'euros dépensé pour l'hébergement d'urgence sont un gaspillage'. Et de rajouter : 'Dans l'urgence, c'est sûr que cela a servi à ce que les gens ne dorment pas dehors. Mais ces solutions servent juste à limiter la casse, cela ne règle pas concrètement et durablement le problème du logement'.
Les associations et syndicats espèrent maintenant un geste du Préfet pour pouvoir travailler communément. Et de conclure : 'Sur 1,2 millions de personnes, si nous ne sommes pas capables de répondre aux 2000 personnes en difficulté dans le département, à quoi on sert ?'.
Annie-Laurence Ferrero

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