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Assises de l’Ain : la violence morale qui conduit au meurtre

Lakhdar H. comparaît en appel devant la cour d’assises de l’Ain, à partir de ce lundi, pour meurtre. Sur fond de harcèlement moral dans une entreprise de Mions, l’homme est accusé d’avoir mortellement blessé un de ses collègues, le 11 mars 2011, lors d’une rencontre nocturne sur le parking du McDonald’s de Saint-Priest.

Condamné en première instance par la cour d'assises du Rhône à 15 ans de réclusion criminelle, Lakhdar H., 38 ans, retrouve le chemin du box des accusés à Bourg-en-Bresse pour le meurtre de Julien L., un de ses collègues.

Guet-apens

Ce soir-là, le 11 mars 2011, Lakhdar H. est contacté par téléphone aux alentours de 23h30 par deux de ses collègues : Julien L., un employé, et Saïd C., le directeur adjoint de la société, spécialisée dans la revente des marchandises déstockées.

Une fois sur place, devant le McDonald’s de Saint-Priest, l'accusé dit avoir été menacé par Julien L. qui tenait, selon lui, un couteau. Saïd C. lui, attendait dans un véhicule. C'est d'ailleurs ce dernier qui prévient rapidement les secours. Lakhdar, quant à lui, se rend directement au commissariat pour s'expliquer au sujet de son geste, affirmant avoir été victime d’un guet-apens.

L'enquête met en lumière les rapports conflictuels qu'entretenait l'accusé avec ses supérieurs hiérarchiques. Le directeur commercial de la société a lui-même confirmé "l'ambiance tendue" au sein de l'entreprise. Lakhdar H., en arrêt maladie depuis 3 mois au moment des faits, se disait la cible de harcèlement moral de la part de Saïd C. et de la directrice, Hacer B. Il avait même entamé des démarches auprès de l'inspection du travail.

De son côté, la directrice admet volontiers cette ambiance, tout en condamnant l’"attitude désagréable" de l'accusé. Elle avait refusé de lui accorder le poste de directeur adjoint, "en raison de sa propension à perdre son calme et à s'emporter facilement". Finalement, Saïd C. héritera de ce poste.

La violence morale muée en violence physique ?

Que s'est-il réellement passé cette nuit-là ? Julien L. devait témoigner en faveur de Lakhdar H., mais il était finalement revenu sur sa décision. Selon Saïd, qui l'accompagnait, il voulait s'en expliquer auprès de Lakhdar au terme d'une soirée plutôt arrosée. L'accusé, lui, se trouvait chez lui auprès de sa femme lorsque son collègue l'a contacté. Les deux hommes avaient même dû insister, car Lakhdar H. dormait. Finalement, le rendez-vous sur le parking du fast-food à Saint-Priest est pris peu avant une heure du matin. Pourtant, même si Julien L. l'a menacé avec un couteau, la victime a reçu pas moins de 6 coups de couteau.

Condamné en mars 2014 à 15 ans de réclusion criminelle, l'accusé est défendu par Me Naserzadeh et l'avocat lillois Me Berton. Le témoignage des experts psychiatriques au sujet de l'attitude de Lakhdar face à la victime pourrait permettre de comprendre le geste de cet homme.

Rancœur ? Désespoir ? Certains psychiatres font état d'une "personnalité narcissique avec des tendances dépressives et des possibilités de passage à l'acte lorsque l'intéressé est en situation conflictuelle". En revanche, ce soir-là, Saïd C. et Julien L. ont cherché avec insistance à entrer en contact avec l'accusé, multipliant les appels téléphoniques et se rendant même à son domicile.

Me Banbanaste, lui, conseille la famille de la victime. Le verdict est attendu vendredi prochain.

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