Nordine Ghrib, un inconnu à la tête de l’ASVEL

PORTRAIT - Rien ne le prédestinait à la tête de l’ASVEL. Même lui ne l’avait jamais espéré. Et pourtant. Depuis le limogeage de Vincent Collet, cet ancien employé d’EDF, 45 ans, est le coach du club au plus gros budget de France. (Article paru dans le magazine Lyon Capitale de février 2011).

17 novembre 2010. Le verdict tombe. Vincent Collet, champion de France avec l’ASVEL en 2008, est démis de ses fonctions. "Léchec qui a été signifié à Vincent, j’en prends part, j’étais membre actif du staff. Les décisions, j’en étais parti prenante", souligne d’emblée Nordine Ghrib, son ancien adjoint. Le nouvel entraîneur de l’ASVEL ne se dédouane pas lorsqu’il s’agit d’évoquer la crise sportive traversée par le club de Gilles Moretton. Lors du choix du remplaçant de Collet, ils sont nombreux (observateurs, partenaires, supporters) à attendre un grand nom, ronflant et renommé. Mais l’heureux élu, adoubé par Tony Parker, se nomme finalement… Nordine Ghrib. Un inconnu du grand public. "Je ne m’y attendais pas du tout. Les choses ont été très vite. J’ai eu Vincent au téléphone, il m’a dit de ne pas hésiter. C’était loin d’être la solution la plus évidente. Je n’étais pas un nom, je ne représentais pas le basket de haut niveau. C’est un choix très courageux de la part des dirigeants. Quand ils sont convaincus que c’est le bon choix pour le club, ils ne regardent pas si c’est une solution médiatique ou pas, si c’est politiquement correct, si ça va être compliqué à faire passer vis-à-vis des partenaires, du milieu ou des supporters", ajoute le nouveau coach de Villeurbanne.

Homme de l’ombre, travailleur acharné, ce passionné de basket se retrouve en quelques heures en pleine lumière. Pur produit de basket lyonnais, Nordine Ghrib n’a pourtant jamais brillé en tant que joueur, gêné par de vilaines blessures. Il stoppe sa carrière très jeune. Ensuite, le Rhodanien multiplie les expériences dans les clubs de la région, à tous niveaux. "J’ai entraîné dans toutes les divisions, en départemental, en régional, en national", explique-t-il. Notamment à Bourg-en-Bresse, Champagne-au-Mont d’Or, Tarare ou Saint-Chamond. Jusqu’à une rencontre salvatrice.

A L’ASVEL depuis 2004

En 2004, Erman Kunter, le "Malin du Bosphore" et ex-coach de la sélection turque débarque à Villeurbanne et engage Nordine Ghrib, alors entraîneur de Saint-Chamond en Nationale 1. L’homme fort de la Green Team raconte : "Erman recherchait une personne pour préparer les matchs et superviser les adversaires européens. Je faisais du scouting vidéo et lui fournissais des montages". C’est le début de la grande aventure à l’ASVEL, le club phare de la région. L’intéressé conjugue donc, en parallèle, son emploi d’agent EDF et son activité au sein du club rhodanien. Il officie ensuite sous Claude Bergeaud, Yves Baratet et Vincent Collet. Avec toujours la même passion, la même rigueur. Mais sans se mettre en avant, toujours au service de l’ASVEL. Il gravit un à un les échelons du staff villeurbannais, de consultant à entraîneur adjoint en passant par le poste de directeur du centre de formation où il côtoie notamment Paul Lacombe et Bangaly Fofana, aujourd’hui en équipe première.

Le Lyonnais n’oublie rien de ces expériences aussi enrichissantes les unes que les autres. "J’ai eu la chance et l’honneur d’assister trois entraîneurs nationaux (Kunter a dirigé l’équipe nationale de Turquie, Bergeaud et Collet les Bleus, NDLR)", note l’intéressé. Celui qui affirme "se foutre de son cas personnel et ne servir que son club" respire la sincérité. A l’image d’un soldat prêt à aller au combat, il ne laisse rien transparaître de ses émotions. Son credo : le terrain. Le club, avant lui.

Au service de son club

Depuis la prise de fonction de Nordine Ghrib, l’ASVEL a plutôt remonté la pente, avec notamment quelques succès de prestige. Mais l’ex-coach de Saint-Chamond, toujours très discrètement, voit ces bons résultats comme le prolongement du travail de Collet : " ce qu’on fait actuellement, on n’était pas capable de le faire en septembre dernier. C’est lié au vécu qu’a emmagasiner l’équipe, aux nouveaux automatismes, pas à un changement d’entraîneur. Le club avait besoin de temps, de réfléchir, et de préserver la situation sportive qui a été donnée à l’intersaison. Si un coach étranger était venu, il serait venu avec ses joueurs, ça aurait été compliqué pour les jeunes".

Au moment de sa nomination, beaucoup évoquaient ce choix comme un intérim, une solution par défaut, un palier intermédiaire. Pourtant, les objectifs restent les mêmes. L’ASVEL doit tout gagner. Une grosse pression pour un néophyte au plus haut niveau. "La pression, c’est moi qui me la mets. Au quotidien. Ce qui compte, c’est le prochain match, comment mettre tel joueur dans les meilleurs dispositions, comment améliorer ce secteur de jeu, que faut-il développer ?", explique Nordine Ghrib. Son sort personnel l’émeut peu. Pire, il fait fi de tout élément extérieur : "on n’a pas le temps de s’appesantir sur notre sort. Je sers mon club, c’est tout. Si demain, je dois retourner au travail pour remplir le frigo, ça ne me pose aucun problème. Ça ne m’a jamais fait peur. C’est une situation qui fait que je suis là aujourd’hui". Nordine Ghrib, l’histoire d’un homme, dévoué à son club, gravissant une à une les marches du staff de la Green Team. Et aux compétences unanimement reconnues en interne.

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