Il était une fois… 1991

Ce week-end, le Palais des Sports de Gerland accueille la demi-finale de Coupe Davis entre la France et l’Argentine. La Coupe Davis et la Capitale des Gaules à jamais liées par la finale épique de 1991. L’Equipe de France, emmenée par Noah, Forget et Leconte accomplissait ce jour-là l’un des plus majestueux exploits du sport français.

Il ne faut pas avoir peur des comparaisons. Le septième Saladier d’argent conquis en 1991 à Lyon par la bande à Noah équivaut, en terme d’exploit sportif, au doublé de Marie-José Pérec - 200 mètres / 400 mètres – aux JO d’Atlanta, à la victoire de l’Equipe de France de football à la Coupe du Monde 1998 ou encore aux performances exceptionnelles, et répétées, des handballeurs. Et avant toute narration, il convient de remettre Lyon 1991 dans son contexte. La France n’a pas remporté la Coupe Davis depuis… 1932 et l’époque des Mousquetaires. Un gouffre. Un autre temps. A défaut de briller individuellement (seul Yannick Noah a remporté un tournoi du Grand Chelem, Roland-Garros 1983, NDLR) les Français se sont reposés sur des valeurs de groupe, de solidarité, de collectif pour accomplir cet exploit majuscule. Un succès unique, encore dans toutes les mémoires des amateurs de tennis, qu’ils aient vécu Lyon ou pas.

Forget, le passage de témoin

Pour évoquer ce grand moment d’émotion, ce grand moment de sport tout court, qui de mieux que Guy Forget. A 17h45, le 1er décembre 1991, l’actuel sélectionneur de l’Equipe de France s’écroule sur le court. Il vient d’apporter la touche finale, battant Pete Sampras. Yannick Noah, l’entraîneur d’alors, peut se jeter sur lui. Guy Forget se souvient : « C’est un moment tellement magique, indescriptible. Des émotions que seul le sport peut apporter ». Il s’était pourtant incliné lors du premier match, le vendredi, face à une autre légende du tennis, André Agassi. Mais Henri Leconte l’avait vengé, juste après, en disposant en trois sets de Pete Sampras. Le double français, le samedi, avait eu raison de la paire américaine. Au matin du dernier acte, les Bleus menaient 2-1. Et malgré la défaite initiale de son poulain Forget, Yannick Noah ne lui avait pas altéré sa confiance. Les deux derniers combats s’annonçaient grandioses. Forget-Sampras puis Leconte-Agassi. La suite, vous la connaissez. Un seul aura lieu.

Gerland en fusion

Le souvenir, mémorable de cet évènement, est tel car il réuni tous les ingrédients d’un moment de légende. Joueurs emblématiques, surpassement de soi, finale à domicile, public en délire, scénario hitchockien, communion avec les spectateurs, victoire finale… Des instants rares. C’est pourquoi ils sont aussi beaux. A Lyon, en ce premier week-end de décembre 1991, il règne une atmosphère de folie. Plus de 8 000 personnes s’agglutinent chaque jour dans les travées du Palais des Sports. Henri Leconte narrera après la finale : "Il y avait une atmosphère incroyable. C’était fabuleux, je sentais les gens vibrer autour de moi. Ils poussaient la balle en même temps que nous ». L’arbitre de l’époque a beau tenté de calmer la foule au prix de « Mesdames, messieurs, s’il vous plaît…", chaque point est sujet aux acclamations, cris ou controverses de la foule.

Tous les observateurs de l’époque se souviennent, unanimes, de la folie ayant gagné la Capitale des Gaules. Thierry Braillard, adjoint aux Sports de la ville de Lyon raconte : " Je me souviens du concert de klaxons sur la Presqu’île toute l’après-midi de dimanche. On n’avait jamais vu ça pour du tennis, on n’a jamais revu ça d’ailleurs… ". Les joueurs actuels, pourtant très jeunes en 1991, ont tous été bercés par cet exploit-là et dans cet esprit où le collectif est plus fort que tout. Vainqueur du Grand Prix de Tennis de Lyon en 2000, Arnaud Clément connaît très bien le Palais des Sports de Gerland : "C’est un avantage supplémentaire de jouer à Lyon, en plus de jouer à domicile. On a toujours été extrêmement soutenus à Lyon. Il n’y a pas de raison pour que ça change ". Le tennis français, orphelin de grands résultats en individuel – un Français n’a pas gagné de Grand Chelem depuis 1983 – doit se résoudre une nouvelle fois à la Coupe Davis pour écrire sa légende. Le Palais des Sports de Gerland n’attend que ça. S’enflammer de nouveau.

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