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"Nous sommes rentrés chez nous en tenue de prisonnier"

Brahïm, un Lyonnais de 17 ans, parti à Tel Aviv dimanche dernier 15 avril, dans le cadre de la mission "Bienvenue en Palestine", raconte son périple de deux jours dans la prison de Givon en Israël. La plupart de ses amis, militants pro-palestiniens, sont encore détenus là-bas. Certains rentreront ce mercredi.

Lyon Capitale : Comment s'est passé votre départ pour Tel-Aviv ?

Dès notre arrivée à Genève pour l'embarquement, nous avons compris que rien ne se passerait comme prévu. La moitié des personnes qui devait partir a été blacklisté, ils ont compris qu'ils ne partiraient pas. Nous, les autres, avons pu décoller sans encombre. A notre arrivée à l'aéroport Ben-Gourion, nous avons été accueilli chaleureusement par des hôtesses, des roses à la main. Cette sympathie à notre égard a changé lorsque nous avons dit au service des douanes que nous voulions nous rendre en Palestine dans le cadre d'une mission humanitaire.

Quel traitement vous alors été réservé ?

Nous avons été parqué dans un coin surveillé par une soixantaine de militaires armés, accompagnés de policiers en civil. Nos passeports ont été confisqués. Les hommes et les femmes ont été séparés. Ils nous ont appelé un par un pour nous fouiller et nous interroger. Cela a duré deux bonnes heures. Ensuite, nous avons été jeté à la hâte dans des fourgons de police. C'est là que les conditions ont été les moins bonnes. Nous étions entassés, les fenêtres fermées. Ils cherchaient à nous décourager sans doute. Puis nous avons été conduit à la prison de Givon.

Comment s'est passée votre détention ?

Elle s'est déroulée dans de bonnes conditions. Ils nous ont distribué à boire et à manger. Des clémentines. Puis ils ont effectué une deuxième tournée mais cette fois-ci ils ont filmés la scène, ils voulaient sans doute montrer qu'on était bien traité (rires). Nous avons eu ensuite la visite du Consul de France et de ses adjoints. Il nous a dit qu'il ne pouvait rien faire pour nous, que seul Israël pouvait décider sur son territoire. Nous avons passé la nuit sans trop savoir ce qui allait nous arriver le lendemain.

Comment avez-vous réussi à partir ?

Au matin, des officiers nous ont dit que seul cinq d'entre-nous pourraient partir dans un premier temps. Nous avons décidé de laisser partir trois femmes et deux hommes mais une seule d'entre elles voulaient repartir. Quatre hommes ont alors décidé de partir. Pour ma part, c'est parce que je suis mineur que mon grand-frère présent sur place m'a dit de rentrer. Mais en partant de la prison, les directeurs ont refusé qu'un des détenus rejoigne l'aéroport, je ne sais pas pourquoi. Mon frère a donc pris sa place. A ce moment-là, un autre détenu a fait une crise d'épilepsie, il a été traîné de force et tabassé par des policiers parce qu'il ne voulait pas partir. Ils l'ont emmené jusqu'à l'avion, il n'a même pas eu droit à une assistance médicale. Le pire dans tout ça, c'est que nous sommes rentrés chez nous en tenue de prisonnier.

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