Les Anonymous infiltrent l’extrême droite lyonnaise

Les désormais célèbres pirates du Web ont diffusé le 14 janvier via Twitter les données numériques des groupes lyonnais d’extrême droite. Surprise : alors que la double appartenance a été proscrite par Marine Le Pen, des membres du FN demandent leur adhésion au groupe pétainiste L’Œuvre française.

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Début janvier, les Anonymous lançaient en Allemagne une opération “Blitzkrieg”, et dévoilaient des informations confidentielles concernant le NPD, le parti d’extrême droite allemand. Le 14 janvier, à l’occasion de la manifestation nationaliste à Lyon contre la présence française en Afghanistan, une opération “Lyon propre” s’enclenche.

Les activistes du Web piratent les sites liés aux mouvements d’extrême droite lyonnais, mais aussi tout le contenu des boîtes mail d’une des têtes pensantes de L’Œuvre française et du mouvement nationaliste en France, Yvan Benedetti.

Le FN et les identitaires membres de l’Œuvre française

Marine Le Pen est formelle : on ne peut appartenir dans le même temps au FN et à L’Œuvre française. Yvan Benedetti en a fait les frais en 2011. Les documents révélés vont-ils provoquer une nouvelle “purge” au FN ? On y trouve en effet des demandes d’adhésion émanant de cadres du FN.

“Je souhaiterais être membre, mais avant de remplir le formulaire, j’aimerais savoir si je peux obtenir une place de cadre au niveau de la sécurité”, écrit ainsi Thierry Bisch à L’Œuvre française. Avant d’ajouter : “Je suis actuellement membre du FN et j’ai une place (bénévole) au sein du DPS (c’est la sécurité du Front national), je suis chef d’équipe du Jura.”

La liste des membres compte également Jean-Marie Cojannot, qui s’est hissé au second tour des cantonales en 2011 pour le FN dans le Vaucluse. Plus important, Amaury Navarranne, l’ancien responsable des “Jeunes avec Gollnisch”, est désormais l’un des bras droits de Benedetti pour l’organisation des camps d’été de Jeune nation, un site Web ouvertement raciste. Aujourd’hui, sur le site flambant neuf du FN, il apparaît comme membre du comité central, aux côtés de cadres du Front comme Louis Aliot ou Alain Vizier. Les identitaires, qui viennent d’apporter leur soutien à Marine Le Pen à Nice, sont là aussi, avec un certain Thomas Speciel, responsable terrain des identitaires de Vendée.

Un local de l’extrême droite à la Guillotière

Parmi les perles mises en lumière par les Anonymous, la région Rhône-Alpes est omniprésente. Un Éric Riget de Genève “souhaite se préparer à la lutte armée clandestine”. Un habitant de Firminy (Rhône), membre de la fraternité Saint-Pie X, se veut “ami d’un nationalisme de bon aloi tel que le présentait doctrinalement Maurras”. Un Stéphanois, membre du Parti nationaliste français (PNF), possède comme loisir le “nationalisme social”, et un Savoyard demande de la documentation, avec son adresse d’employé du Crédit agricole.

Le conseiller municipal de Vénissieux et ancien cadre du FN Yvan Benedetti a été largement pris pour cible par les hackers. Ont été révélés son adresse personnelle, son numéro de portable et l’ensemble de ses noms de domaine, qui hébergent des sites liés à l’extrême droite radicale : Œuvre française, Jeune nation, La Flamme ou encore le Cercle du 6 février. Les Anonymous révèlent aussi l’existence d’un appartement au nom d’Yvan Benedetti en plein cœur de la Guillotière, au 19, rue de Marseille. Ce local, dans un quartier à forte communauté musulmane, servirait désormais de camp de base aux Jeunesses nationalistes d’Alexandre Gabriac.

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Cet article fait partie du dossier d’enquête de Lyon Capitale le mensuel de février : Lyon, laboratoire de la nouvelle extrême droite

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