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Grand Lyon : les maires divers droite penchent pour Collomb

Ce sont ces 20 maires -divers droite pour la plupart, certains sans étiquette- de petites communes de l'Ouest, regroupés dans le groupe Synergies, qui vont choisir le futur président de la Métropole. Leur inclination politique les fait pencher pour François-Noël Buffet (UMP). Pourtant ils sont tentés de reconduire Gérard Collomb (PS).

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Officiellement, ils n'ont rien décidé. Les maires divers droite (et certains sans étiquettes) des petites communes de l'ouest lyonnais, qui se sont regroupés sous le groupe Synergies, n'entendent pas se vendre si facilement au futur président de la communauté urbaine. Ils savent que leur voix sera déterminante pour façonner la future majorité métropolitaine. Sans eux, aucun bloc ne se hisse aux 82 sièges nécessaires pour prendre la tête de l'exécutif métropolitain. Or le groupe Synergies devrait compter 20 membres dans la nouvelle assemblée (voir nos projections en graphiques). C'est dire son poids politique, sans commune mesure avec sa représentation démographique (1 élu pour 1119 habitants pour Curis-au-Mont d'or, 1 élu pour 10 681 habitants pour Vaulx-en-Velin).

Petits maires face à la grosse métropole

Ce mercredi après-midi, les uns et les autres se retrouvent dans le Val-de-Saône pour définir leur stratégie. De ces agapes ne devrait sortir aucune fumée blanche : ils vont s'entendre sur la méthode. Ils devraient décider d'auditionner chacun des deux candidats : Gérard Collomb et François-Noël Buffet. Et faire monter les enchères. Tout n'est cependant pas histoire de gros sous : ces petits maires ont déjà arraché des espèces sonnantes et trébuchantes en 2001 en obtenant de Gérard Collomb la règle des trois tiers : un tiers des investissements de la communauté urbaine sont consacrés à Lyon et Villeurbanne, un tiers aux grands équipements d'agglomération (par exemple le tunnel de la Croix-Rousse) et un tiers à toutes les autres communes, agrégeant par exemple Lissieu à Vénissieux. Cette répartition leur convient. Ils ne devraient pas non plus revendiquer une sur-représentation au sein de l'exécutif, tablant sur cinq vice-présidences - ce qui serait déjà beaucoup.

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© Tim Douet

Nous les avons individuellement interrogés. Ces "petits maires" - ou maires de petites communes comme aiment à les appeler ceux qui veulent les courtiser - vont surtout demander des garanties sur le fonctionnement de la future métropole. Ils n'ont pas digéré la façon dont celle-ci s'est constituée, dans leur dos. "Jusqu'alors, ils avaient deux financeurs : le conseil général et la communauté urbaine. Ils en perdent un", décrypte Michel Forissier, secrétaire départemental de l'UMP. Ces élus craignent l'émergence d'une "mégastructure", très loin d'eux. C'est pourquoi ils attendent beaucoup de la conférence des maires qui se réunira en marge des séances publiques. D'aucuns demandent aussi à avoir la main sur les compétences sociales qui pourraient être décentralisées à l'échelon communal. "On a déjà perdu les maisons du Rhône qui se sont regroupées"', peste un élu. Ainsi, chaque commune disposerait d'un centre communal d'action sociale qui absorberait les compétences des ex-maisons du Rhône.

"Je défends ma commune, pas mon parti"

La décision est évidemment politique. Ils devront arbitrer entre leur inclination naturelle, à droite, et une proximité à Gérard Collomb avec qui ils ont, pour la plupart, déjà travaillé. "J'ai noué un rapport de confiance avec le cabinet, nous explique l'un d'eux. Quand on n'était pas d'accord avec un projet, il était retiré. Et on se mettait autour de la table pour en discuter", développe cet élu qui est pourtant membre de l'UMP. "Quand je suis à la communauté urbaine, je défends ma commune, pas mon parti politique", expose-t-il franchement. "Je ne pense pas que les étiquettes joueront", abonde un autre.

Certains redoutent aussi une cohabitation entre un maire de gauche et un président d'agglomération de droite, théorisant une logique institutionnelle à ce que les deux fonctions soient assumées par la même personne. "Raymond Barre disait : 'c'est le maire de Lyon qui doit être président du Grand Lyon'. Je continue à le penser. Ce serait une image désastreuse vis-à-vis des investisseurs que d'avoir une bataille ouverte entre deux chefs d'exécutifs", observe un édile du sud-ouest. "Il ne faut pas casser une dynamique existante qui n'est pas si mauvaise", juge un maire. Plusieurs rêvent d'un exécutif élargi. "Il faut dépolitiser le Grand Lyon, éviter l'affrontement gauche/droite", souhaite un élu.

"Abattre ces crypto-socialistes que nous sommes"

Dans cette bataille, François-Noël Buffet n'est pas favori. Ces élus divers droite ne décolèrent pas d'avoir été opposés à des candidats UMP aux municipales. "Il fallait abattre ces crypto-socialistes que nous sommes, enrage une élue. Certains UMP de ma liste ont été traité de traitres ! Tout le monde, dans Synergies, n'a pas Alzheimer". "Pendant les deux mois précédant l'élection, on s'est fait matraquer par la droite et aujourd'hui nous sommes courtisés. En 2008, après l'élection de Gérard Collomb, j'en avais pris la pleine gueule", se rappelle Michel Reppelin (photo ci-contre), l'ex-président du groupe Synergies, dont la ville, Collonges, a été conquise par l'UMP : "L'UMP n'est plus notre allié naturel", tranche un troisième.

Les ressentiments à l'égard de Philippe Cochet, président départemental de l'UMP, sont forts. François-Noël Buffet ne personnifie toutefois pas cette rancune."Lui, au moins, il ne vient pas discuter avec un char", grince un élu. Son autre atout est d'être élu dans l'ouest, bien connu de ses voisins. A la différence de 2008, les voix de Synergie pourraient se diviser. "Nous avons toujours eu notre liberté de vote et il n'y a pas de discipline de groupe", souligne Michel Repellin. A ce jeu-là, Collomb, plus près de la majorité, sera gagnant.

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Trois graphiques pour une majorité communautaire

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