Gérard Collomb
© Tim Douet

Gérard Collomb et son rapport à la laïcité

Premier flic de France depuis mercredi après-midi, Gérard Collomb est aussi le ministre des Cultes. Pour lui, la laïcité doit être une liberté. Retour sur son modèle lyonnais dans son rapport aux religions parfois décriées par les "laïcards".

En s'installant, mercredi soir place Beauvau, Gérard Collomb est devenu le premier flic de France. Mais pas seulement. Le maire de Lyon se retrouve aussi responsable des cultes. Il a d'ailleurs rappelé, lors de son discours de passation de pouvoirs, cette composante de ces nouvelles fonctions. En conclusion de son allocution, il a livré sa conception de la laïcité : "je reprendrai la laïcité telle que défendue par Aristide Briand dans la loi de 1905 : "il disait que cette loi est une liberté. La liberté de croire ou de ne pas croire. La liberté pour celles et ceux qui croient de pratiquer librement leur religion tant qu'elle ne fait pas obstacle à la loi de la République. C'est ainsi que nous concevrons la liberté des cultes ".

Des subventions culturelles et pas cultuelles

Très rapidement après, la fachosphère s'est penchée sur le profil du maire de Lyon et a dénoncé les subventions qu'avaient octroyées les collectivités locales qu'il gérait à l'Institut français de civilisation musulmane, un musée sur la civilisation musulmane qui se construit sur un terrain jouxtant la grande mosquée de Lyon. Ces subventions ont bien été accordées mais elles s'inscrivent dans la droite lignée de la relation que Gérard Collomb a nouée depuis son accession à l'Hôtel de Ville en 2001 avec les religieux de tous ordres. Le maire de Lyon n'a jamais enfreint la loi de 1905 : les collectivités qu'ils président n'ont jamais versé de subventions directes à des établissements religieux. En revanche et comme beaucoup de maires, Gérard Collomb a profité d'un flou entre le cultuel et le culturel pour soutenir des projets portés par des religieux. Il a ainsi subventionné l'espace Hillel (centre culturel juif de Lyon), l'ECCLY (espace culturel du christianisme à Lyon) ou la fondation pour Fourvière (la basilique qui domine Lyon et qui constitue l'épicentre du diocèse de Lyon). Les subventions accordées à l'IFCM rentrent dans cette catégorie. La Ville de Lyon (un million d'euros) et la métropole (un million d'euros) ont contribué à près d'un tiers du coût de construction. Un choix totalement assumé par Gérard Collomb : "ce dossier est symbolique de la façon dont nous concevons notre nation (...) Il faut arrêter l’hypocrisie qui consiste à dire qu’il ne faut pas de financement étranger et dans le même temps ne pas financer soi-même, ce qui fait qu’au bout, il n’y a de financement de personne". L'Etat a aussi participé au tour de table, à hauteur d'un million d'euros.

Demande d'exclusion de la franc-maçonnerie

Le soutien du maire de Lyon à ces espaces culturels portés par des religieux a provoqué, à chaque fois, la colère des laïcards. Lesquels ont d'autant moins compris que Gérard Collomb n'a jamais fait mystère de son appartenance à la franc-maçonnerie. Il loge au Grand Orient de France, l'obédience laïque. Les subventions accordées, de manière déguisée à des structures quasi religieuses, par les collectivités qu'ils président lui ont d'ailleurs valu une demande d'exclusion du Grand Orient de France. En 2014, à quelques semaines des élections municipales, une loge laïcarde de Villeurbanne avait entamé une procédure restée sans suite. Ils pointaient aussi, dans leurs griefs, la participation de Gérard Collomb au vœu des Échevins chaque année. Dans cette cérémonie qui appartient à la tradition lyonnaise, le maire de Lyon monte jusqu'à la basilique de Fourvière, à chaque début du mois de septembre, pour apporter une offrande au cardinal de Lyon pour placer la commune sous protection divine.

Respectueux de la tradition lyonnaise

Dans une ville pieuse comme Lyon, Gérard Collomb, dès sa première élection à la mairie en 2001, a su ménager la communauté catholique craintive au commencement. Ses relations avec le cardinal Barbarin, primat des Gaules, sont empreintes d'un respect mutuel. Au plus fort de l'affaire Barbarin au printemps 2016, le maire de Lyon avait publiquement pris sa défense en dénonçant "un faux procès". Sur le mariage pour tous, il s'était montré très prudent, annonçant qu'il ne célébrerait pas d'union de de ce type. Lyon était à l'époque un des plus gros foyers de résistance à la loi Taubira. Dans une ville où le dialogue interreligieux fait référence, il a su oeuvrer pour la continuité de particularisme local. Au soir de l'attentat de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, Gérard Collomb, très marqué par l'attaque terroriste, avait réuni autour de lui, place des Terreaux, le cardinal Barbarin, le Grand Rabbin Wertenschlag et le recteur de la Mosquée Kamel Kabtane.

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