Patrice Lair : "Je suis heureux à l'OL mais je reste sceptique sur l'avenir du football féminin"

Patrice Lair, 52 ans, vient de prolonger son contrat jusqu'en 2015 à la tête de l'équipe féminine de l'OL. Un choix de raison et de cœur même si la décision n'a pas été facile à prendre. Explications.

Lyon Capitale : Vous avez prolongé, jeudi 13 décembre, votre contrat avec l'Olympique lyonnais de deux ans plus une année optionnelle. Vous avez pourtant hésité. Pour quelles raisons ?

Patrice Lair : Oui, c'est vrai… J'avais quelques propositions pour entraîner une sélection étrangère de filles, un club allemand ou intégrer un staff dans une équipe masculine en France. Mais être adjoint ne m'intéresse pas et mon attachement à l'OL a été plus fort.

Qu'est-ce qui vous a convaincu de rester à Lyon ?

D'abord, ma fille fait ses études à Lyon et je ne voulais pas la bousculer. Ensuite, il y a ma relation avec Jean-Michel Aulas. On a des tensions quelques fois. Mais on a connu de très bons moments et obtenu de très bons résultats… Le côté affectif a été déterminant. Il y a des filles que je connais depuis longtemps dans le groupe. Je n'avais pas le droit de leur faire ça. Et puis, il y a l'ambition. Le club connaît un moment économique difficile et, comme pour les hommes, les Qataris mettent beaucoup d'argent à Paris. J'avais besoin que le président me réaffirme ses ambitions. Ce qu'il a fait. Je sais que je pourrais recruter l'année prochaine pour continuer a avoir une équipe conquérante. Et moi, j'aime l'ambition.

Quand on a tout gagné, quelles peuvent être les sources de motivation ?

Rester en haut ! Et poursuivre la formation. Il faut faire comme les garçons, avoir un centre de formation féminin, améliorer les structures. Le Grand stade va nous permettre d'avancer.

Il y a quelques jours, dans les colonnes du Progrès, vous affirmiez : "Je me demande si le foot féminin a de l'avenir ?". Ça ressemblait plus à un départ…

Moi, j'ai de la chance à Lyon parce que le club met les moyens dans la section féminine. Mais j'ai le sentiment qu'en France, on ne progresse pas. J'ai même parfois l'impression d'être sept ans en arrière ! Quand je vois, le week-end, des scores de 7-0 et de 12-0, ça ne fait pas crédible ! On veut donner une belle image du foot féminin mais on oublie la performance. Toulouse va redescendre, Montpellier stagne, Juvisy tente de tenir la corde… Il faut donner les moyens matériels, avoir des sections féminines dans tous les clubs et organiser de belles affiches pour mettre ce foot en lumière. Les instances doivent en faire plus aussi. Avec tout l'argent qui est brassé dans le foot masculin, on doit bien pouvoir mettre un petit billet pour les filles !

C'est un coup de gueule ?

C'est un coup de gueule qui est permanent ! Je suis heureux à l'OL mais je reste sceptique sur l'avenir du football féminin.

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