Le cas Giordano divise les écolos lyonnais

Ce vendredi matin, Alain Giordano nous a confié son assurance : il pense ne pas être exclu d'Europe Écologie-Les Verts. Le maire du 9e arrondissement réagit aux déclarations d'Yves Durieux qui dénonce son attitude "intolérable" et réclame son exclusion temporaire du rassemblement écologiste. Un sujet qui embarrasse à Lyon où Alain Giordano compte aussi des soutiens.

Alain Giordano a appris sa possible exclusion des Verts en lisant le site Internet de Lyon Capitale. Il ignorait jusqu'alors qu'en début de semaine le bureau exécutif d'Europe Écologie réuni à Paris avait planché sur son cas et préconisé une exclusion temporaire. "Personne ne m'a appelé donc je trouve ça un peu fort de café, pour ne pas dire à l'opposé des habitudes de fonctionnement des Verts. J'étais porte-parole des Verts quand Philippe Meirieu était au PS. Je veux bien qu'il ait une ascension fulgurante mais de là à réunir un bureau à Paris pour une conclusion bancale... Je serais donc suspendu parce que je soutiens un autre candidat mais il existe chez Les Verts un droit de retrait qui me permet de ne pas le soutenir. Qu'il compulse le mode de fonctionnement des Verts avant de prendre des décisions. Si Philippe Meirieu et Yves Durieux ont besoin de conseils, je suis là", se défend Alain Giordano.

Ses camarades sont en train d'étudier son éventuelle exclusion en raison de sa participation, lundi, à une conférence de presse aux côtés de Gérard Collomb et des candidats "socialistes" aux législatives. Thierry Braillard, candidat aux législatives sur la 1re circonscription, contre Michel Havard (UMP) et aussi contre Philippe Meirieu, numéro 2 d'Europe Écologie-Les Verts, assistait aussi à la conférence de presse et a été présenté comme le candidat du PS lyonnais sur cette circonscription.

Les écologistes lyonnais accusent donc Alain Giordano de s'être trompé de famille. "Il y a 95% de chances pour qu'il soit suspendu d'Europe Écologie pour les trois mois qui viennent. Le bureau régional s'expliquera avec lui et il devra accorder son soutien à Philippe Meirieu pour refaire partie de notre mouvement", nous a expliqué Yves Durieux, le secrétaire départemental d'Europe Écologie-Les Verts. "Il m'est reproché d'avoir assisté au commentaire des résultats sur les neuf arrondissements lyonnais. Gérard Collomb avait demandé à tous les maires d'arrondissement d'être présent. Je suis donc venu. Dans la foulée, Thierry Braillard et d'autres candidats ont parlé des législatives. Moi, je n'étais présent que pour les commentaires des résultats du second comme les autres maires d'arrondissement : Flaconnèche, Kimelfeld et Coulon. Je n'ai pas pris la parole. Je suis loyal envers Gérard Collomb qui m'a présenté comme un écologiste pragmatique", se justifie Alain Giordano.

Dans cette guerre interne aux écolos lyonnais, le maire du 9e arrondissement reçoit aussi des soutiens, dont celui de Pierre Hémon, président du groupe écolo à la Ville de Lyon : "Il n'y a aucune raison de le suspendre. Tous les maires d'arrondissement étaient invités à cette conférence et il avait donc toute sa place. Alain Giordano n'a jamais soutenu Thierry Braillard et oui, il ne tient pas à soutenir Philippe Meirieu. Je ne suis pas un garçon qui exclut et, deuxièmement, que l'on me présente un bon dossier pour son exclusion. Je ne vois pas de bons éléments pour justifier une telle décision. Il n'a pas signé l'appel des "malgré nous" qui soutiennent Thierry Braillard".

Première victime du duel Braillard-Meirieu

La guerre Braillard-Meirieu a donc fait une première victime. À l'automne, le PS et les Verts scellent un accord électoral. La 1re circonscription est ainsi réservée à Philippe Meirieu. Thierry Braillard qui se voyait déjà retourner au combat contre le député sortant UMP Michel Havard entre alors en dissidence, soutenu par Gérard Collomb. "Sa suspension, si elle est confirmée, est liée à un accord national. On ne pique pas une place à Gérard Collomb. Entre nos deux organes politiques, tout s'est passé normalement. Nous faisons face à une attitude insupportable de Gérard Collomb et de la fédération PS du Rhône. L'attitude de Giordano est, elle, intolérable. À Villefranche-sur-Saône, tout se passe bien avec notre candidat, à qui la circonscription était réservée par l'accord. Même à Grenoble où les rapports entre le tandem Destot-Vallini et Europe Écologie sont tendus, mais sur les législatives cela se passe mieux. Destot et Vallini mettent moins sur le devant de la scène ces accords électoraux. Il n'y a que sur la 1re que nous avons un problème", poursuit Yves Durieux.

Dès ce vendredi, Alain Giordano a reçu le soutien de Jean-Yves Sécheresse, président du groupe socialiste au conseil municipal de Lyon, qui ajoute Gilles Buna à la liste des futurs sanctionnés : "Leur faute, vous l’imaginez est très sérieuse. A vous d’en juger, ils ne soutiennent pas leur nouveau camarade Meirieu qui vient de se voir offrir la 1ère circonscription du Rhône par Duflot et Aubry. Je ne peux que les comprendre, moi même refusant de couvrir une telle opération, au demeurant néfaste pour les Verts comme pour les socialistes. Giordano et Buna, deux élus particulièrement actifs dans le travail quotidien de notre majorité vont donc être sanctionnés parce que ne soutenant pas les contorsions groupusculaires et bureaucratiques de leur parti. On aura tout vu, ce d’autant que les Verts se targuent de faire de la politique autrement".

Un contentieux existait déjà avant le cas Braillard

Jeudi, Yves Durieux sortait du cadre Meirieu/Braillard pour justifier d'une sanction à l'encontre du maire du 9e arrondissement : "Le contentieux remonte à plusieurs mois : des votes non concertés à Lyon et au Grand Lyon, sa décision de participer à la destitution d'Étienne Tête. Les sujets s'accumulent. Sollicité par Philippe Meirieu pour être dans son comité de soutien, il a renâclé à le faire et soutient un candidat qui n'est pas Philippe Meirieu". "Il n'avait plus rien d'écolo. Il passait son temps à soutenir le projet de Grand Stade", appuie Étienne Tête.

À l'heure actuelle, la guerre fratricide entre Thierry Braillard et le numéro 2 des Verts n'a pas provoqué d'autre saisine pour une éventuelle exclusion du parti écologiste. Mais dans les jours à venir, Alain Giordano pourrait ne plus être seul. "D'autres traînent les pieds pour faire partie du comité de soutien de Philippe Meirieu mais ils ne font pas de déclarations tapageuses", pointe Yves Durieux. Gilles Buna est ainsi dans le collimateur des écolos lyonnais. Il ne fait pour le moment pas partie du comité de soutien de Philippe Meirieu, selon nos informations. "Gilles Buna m'a assuré de son soutien ainsi que Françoise Rivoire. Ils m'ont dit :"Si tu sautes, on part avec toi", rétorque Alain Giordano. Le pire est donc peut-être à venir chez les écolos.

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