David Kimelfeld Gérard Collomb pont Schuman
© Tim Douet

Trump président : “Il faut que le PS arrête de se regarder le nombril”

David Kimelfeld, secrétaire fédéral du PS et premier vice-président de la métropole de Lyon, est “consterné” par la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine. Il invite le PS à “arrêter de se regarder le nombril” pour avancer “des propositions concrètes, avec de vrais dispositifs et plus de professions de foi”. Entretien.

Lyon Capitale : Comment avez-vous réagi à l'annonce de la victoire de Donald Trump ?

David Kimelfeld : Tout le monde est sous le choc, la consternation. Ce résultat doit nous interroger sur nos propres échéances. Ce qui me frappe, c’est que l’on est aujourd'hui dans le même phénomène que celui du Brexit. C'est les régions contre Londres, l’Amérique déclassée contre les grandes villes, une population qui se tourne vers les extrêmes et contre les élites. Tout cela doit nous interroger.

Ce résultat va-t-il avoir des conséquences en France, selon vous ?

Il faut analyser ces situations aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Hongrie. Et tout nous ramène à l'élection présidentielle française. Ce n’est d’ailleurs pas anodin que les premiers à avoir réagi, c'est le FN. Il faut que le PS arrête de se regarder le nombril et il est temps d'apporter de vraies solutions à celles et ceux qui sont tentés par les sirènes de l’extrême. Il faut des propositions concrètes avec de vrais dispositifs et plus de professions de foi. Il est temps que tout le monde se mette autour de la table pour faire que ça n’arrive pas chez nous. Mais on ne sera pas loin de vivre la même chose si l’on ne se pose pas autour d’une table pour répondre à ces gens-là, en arrêtant avec nos clivages artificiels.

Ce sont les promesses non tenues des personnalités politiques qui aboutissent à ce vote “anti-système”, d’après vous ?

Barack Obama a fini les présidentielles avec plus de 56 % de personnes satisfaites. Ce n'est pas les promesses non tenues qui font que les Américains ont voté Trump ou que les Français vont voter Le Pen. C’est surtout qu’il y a une défiance du système et que Trump est l'anti-système par excellence, qui était combattu par la quasi-intégralité des médias.

C'est la marque d’une rupture entre les milieux très urbains et le reste des territoires. Durant les dernières élections régionales en France, là où la gauche a tenu et là où le FN est le moins fort, c’est dans les grandes villes. Et Lyon est une métropole attractive qui doit être en capacité de parler à ces électeurs délaissés. C'est ce que l'on essaie de faire dans la métropole.

Justement, on a vu que l'Est lyonnais avait beaucoup voté Front national aux régionales et la création de ces grands centres urbains accentue ce clivage ville/campagne. La métropole est-elle le bon outil pour parler à ces populations délaissées ?

La métropolisation est une chance, au sens où l'on a les compétences économiques et sociales pour améliorer la vie des gens et répondre à leurs problèmes. Mais c'est aussi une grande responsabilité, parce que, comme on a ces compétences, on doit faire en sorte que ce qui arrive aux États-Unis n'arrive pas en France.

À lire sur notre site : les réactions locales au résultat de la présidentielle américaine
– Renaud Payre, directeur de Sciences Po Lyon : “La machine à perdre à droite et à gauche est enclenchée”
– Michel Havard, conseiller municipal d’opposition à Lyon : “Il ne faut plus de discours mais des actes”
– Françoise Grossetête, eurodéputée, en appelle à un “leadership européen”
– Christophe Boudot, conseiller régional FN : “On a un boulevard pour l’élection présidentielle de 2017”

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