Raymonde Poncet EELV

Sénat : comment la gauche a offert un siège à l’UMP

Malgré une vague bleue qui avait fait basculer de nombreuses communes à droite lors des municipales de mars dernier, la gauche aurait pu faire aussi bien qu’en 2004 et envoyer trois sénateurs au palais du Luxembourg. Mais, dimanche, ses divisions ont offert un siège à l’UMP.

La gauche a perdu de justesse son troisième siège au Sénat dans le Rhône. Pour cinq voix, il faudra retenir de ces sénatoriales de septembre 2014 une vague bleue sur le département. L’UMP a en effet obtenu quatre sièges, doublant son score de 2004. Si la droite a profité d’une liste UDI mal montée par Michel Mercier, elle peut aussi dire un grand merci aux partis de gauche. En ne s’alliant pas, le PS, Europe Écologie et le Front de gauche ont ouvert un boulevard à une droite pour une fois unie. En 2004, une liste présentée par le milloniste Christian Barthélémy avait coûté un siège à l'UMP. Au PS, à l’unisson avec la voix de Gérard Collomb, on se félicitait dimanche après-midi d’avoir résisté à la vague bleue. Les deux sièges de 2004 ont été conservés.

Collomb coincé entre Villeurbanne et le centre-droit

Ce sont les communistes qui ont fait les frais de la division. Gérard Collomb expliquait d’ailleurs ne pas avoir de regrets, mais confiait "de la tristesse pour Martial Passi", le candidat du Front de gauche. "En faisant alliance, nous aurions perdu d’un côté ce que l’on gagnait de l’autre", analysait le sénateur-maire de Lyon. Durant la campagne des sénatoriales, Gérard Collomb n’a en effet pas eu les coudées aussi franches qu’il l’aurait souhaité. Il a dû composer avec la section PS villeurbannaise, toujours remontée contre lui depuis l’épisode de la création de la métropole. Pour s’assurer le soutien de Jean-Paul Bret, le maire PS de Villeurbanne, pour qui le vote Collomb n’est plus automatique, Gérard Collomb devait confier la troisième position à un Villeurbannais. Un point non négociable qui a rendu impossibles des alliances avec les partenaires habituels comme le Parti communiste ou le Front de gauche.

Une liste gauche plurielle aurait aussi empêché Gérard Collomb d’aller draguer des maires centristes, comme les élus Synergies, qui volent régulièrement à son secours au Grand Lyon. "Nous avons obtenu 150 à 200 voix au-delà de notre camp", observait ainsi David Kimelfeld, premier secrétaire départemental du PS.

Quand la question du leadership bloque les alliances

Ceux qui peuvent nourrir le plus de regrets, ce sont bien les communistes. Ils perdent pour cinq voix un sénateur. Un scénario auquel ils s’étaient préparés depuis de longues semaines, mais que le maigre écart de voix au final rend encore plus cruel. Le scénario d’une alliance avec les écologistes, étudié jusqu’au milieu du mois d’août, leur aurait permis de conserver un troisième siège pour la gauche. Mais les querelles intestines entre les communistes et les écologistes ont fait péricliter les négociations. Le Front de gauche faisait de la tête de liste pour les communistes un point non négociable. Europe Écologie a refusé de plier, arguant que leurs résultats électoraux étaient localement bien plus importants que ceux des communistes.

Comme lors des municipales à Lyon, la question du leader du rassemblement a rendu toute union impossible. "Je ne regrette pas notre choix, même si on savait que le résultat serait celui-ci. Nous n'allions pas faire une union pour défendre le Parti communiste, surtout que nous ne sommes pas sur la même ligne. Nous réalisons de meilleurs scores qu'eux lors des dernières élections. Nous faisons un score honorable, nous avons eu deux fois plus de voix que nous n'avions de grands électeurs", estime Pierre Hémon, conseiller communautaire Europe Écologie.

Au vu du nombre de voix obtenu par chacune des deux listes indépendantes, les communistes apparaissaient pourtant comme les plus légitimes à mener la liste : ils réalisent un score deux fois supérieur à celui d’Europe Écologie-Les Verts. Mais insuffisant toutefois pour envoyer un sénateur au palais du Luxembourg. Quant à Martial Passi, il regrettait surtout, dimanche après-midi, de ne pas avoir fait alliance avec le PS, comme en 2004 quand Guy Fischer avait été élu sur la même liste que Gérard Collomb. "Nous aurions ainsi gardé le même nombre de sièges qu'il y a dix ans, mais les circonstances politiques l'ont voulu autrement", déplorait le maire PCF de Givors.

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