Boris Vallaud Villeurbanne 04.12.17 B
© Tim Douet

À Villeurbanne, Boris Vallaud présente le nouveau visage du PS

Avec la venue de Boris Vallaud, c’était le retour de son épouse Najat Vallaud-Belkacem qui était attendu. Il n’aura pas eu lieu, mais la centaine de militants présents n’a pas fait le voyage pour rien. Brillant pourfendeur de la politique d’Emmanuel Macron, Boris Vallaud leur a délivré un discours revigorant. Avec quelques angles morts, sur le bilan du quinquennat de François Hollande et sur le chemin qui doit remettre le PS sur la route du succès.

Pour le PS, Villeurbanne est devenu un refuge, une enclave dans une métropole où électeurs comme élus ont choisi de nager dans un océan En Marche. Avec pudeur, Jean-Paul Bret, le maire socialiste de la commune, évoque les basses eaux dans lesquelles évolue son parti politique. Dans les périodes les plus compliquées du PS, Villeurbanne reste, malgré la défaite de Najat Vallaud-Belkacem aux législatives, une terre d’asile pour les militants en déroute. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, les conquêtes locales du PS étaient parties de Villeurbanne, avec une génération lancée par Charles Hernu, qui aura pesé depuis sur la scène politique de l’agglomération : Jean-Paul Bret, Jean-Jack Queyranne, Pascale Crozon, Yvon Deschamps, Bernard Rivalta. Ils étaient encore présents pour la plupart, ce lundi soir – accompagnés de Sylvie Guillaume et Annie Guillemot, qui dirigent par intérim la fédération PS du Rhône – au palais du Travail. Une centaine de militants s’y étaient réunis pour écouter une nouvelle génération ou plutôt une nouvelle tribu : les Vallaud-Belkacem. Deux des visages de leur espoir de voir le PS renaître, après un quinquennat de François Hollande qui s’est conclu par un désastre. L’ancienne ministre de l’Éducation nationale attirait les regards en début de soirée. Depuis sa défaite aux législatives, elle s’astreint au silence. Et elle n’y a pas dérogé. Des militants comme des journalistes lui ont pourtant demandé ce qu’elle comptait faire dans la refondation du PS. Ce sujet, elle l’élude toujours, préférant serrer les mains des militants ou les étreindre. La venue de son mari, le député Boris Vallaud, n’aura donc pas été la première étape de son retour.

Le constat d’échec

Le tour de Najat Vallaud-Belkacem n’est pas encore venu. Ce lundi soir, c’était celui de son mari, l’un des nouveaux visages du PS à l’Assemblée nationale. Depuis quelques semaines, il fait la tournée des fédérations, au moins pour partager son retour d’expérience de parlementaire dans un groupe d’opposition minoritaire. Il a commencé par avoir une parole qui pouvait s’adresser en creux au triste sort électoral qu’a connu Najat Vallaud-Belkacem en juin dernier : “Quand nous entrons à trente à l’Assemblée nationale, on se rend compte que la défaite a été cinglante, brutale. On se demande aussi pourquoi nous avons été élus alors que d’autres ont été balayés malgré leur implantation solide. Nous culpabilisons comme si nous avions le syndrome des survivants d’un cataclysme.” Avant de rebâtir, Boris Vallaud invite à un constat. D’échec pour lui : “Nos idées, celles de la gauche de gouvernement, sont devenues minoritaires. Des batailles culturelles n’ont pas été menées ou perdues. Quand nous parlons de solidarité, on nous renvoie l’assistanat. Quand on parle d’égalité, on nous répond égalitarisme. La gauche avait dominé le débat idéologique de l’ère industrielle jusqu’au début des années 1980. Nous avons raté le tournant de la mondialisation et du néolibéralisme, dont Emmanuel Macron n’est que le dernier avatar.”

Macron, vrais chômeurs et fausse modernité

Dans l’exercice de la critique de l’action du président de la République et de son gouvernement, Boris Vallaud se révèle. Avec brio et verve, il passe des coulisses de la vie politique (il fut d’abord directeur de cabinet d’Arnaud Montebourg à Bercy puis secrétaire général adjoint de l’Élysée) sur le devant de la scène. Son discours ne sombre pas dans le registre technocratique. Les phrases sont ciselées. Comme le sont aussi les attaques contre Emmanuel Macron et la politique mise en œuvre par son ancien camarade de promo à l’ENA. Sur la suppression des emplois aidés, il ironise : “Les députés LREM nous ont dit qu’ils ne faisaient pas de vrais métiers, ils ont préféré en faire de vrais chômeurs.” Sur la politique économique, il raille la promesse d’Emmanuel Macron de prendre le meilleur de la gauche et de la droite : “Sur le budget ou les ordonnances de la loi Travail, ils ont pris le pire de la droite.” Quant à la modernité de La République en Marche, il la tourne aussi en dérision : “Ils font du blairisme quinze ans après Tony Blair.”

Transfuges et dignité

L’orateur Boris Vallaud se montre en revanche moins percutant à l’heure d’esquisser l’avenir du PS et le chemin qui le mènera à la victoire. Dans les premières semaines de l’après, il a surtout voulu remobiliser les militants désabusés, mais fidèles. Ce lundi à Villeurbanne, autant que se présenter à eux, il voulait leur rappeler qu’en ne cédant pas aux sirènes du macronisme ils ne se fourvoyaient pas. Égratignant au passage les transfuges : “Notre défaite a plus de dignité que certaines victoires. Quand je vois des anciens députés PS devenus En Marche voter le budget en applaudissant, je me dis que nous ne devons pas avoir honte.”

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