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© Tim Douet

Métropole : une élection et 14 scrutins qui divisent

Le projet de mode de scrutin et la carte électorale de la future métropole rencontrent un rejet presque unanime des groupes politiques au Grand Lyon. Seuls les socialistes adhèrent aux propositions du préfet, appuyés par Gérard Collomb, qui veut créer 14 circonscriptions électorales. Le Gouvernement aura le dernier mot et tranchera d’ici au 28 janvier.

La carte électorale de la future métropole dessinée par le préfet ne plaît qu'à Gérard Collomb et aux socialistes. En découpant le Grand Lyon en 14 circonscriptions (5 pour la seule ville de Lyon), Jean-François Carenco a répondu aux souhaits de Gérard Collomb, qui plaide pour des circonscriptions épousant les frontières des conférences des maires.

Lors du conseil communautaire de ce lundi, Gérard Collomb a expliqué qu'il n'y avait pas d'alternative à ce mode de scrutin. "Pour avoir un représentant par commune, il faudrait 1 300 élus dans l'assemblée pour respecter le principe constitutionnel d'une juste représentation démographique. Nous pourrions faire une circonscription unique avec des listes pour l'ensemble de la communauté urbaine, mais la liste qui l'emporterait obtiendrait 75 % des sièges et les autres listes se répartiraient les 25 autres %. Je trouve ce système brutal, car très souvent nos territoires regroupent des sensibilités politiques différentes", soutient Gérard Collomb, qui précisait quelques heures avant le conseil qu'avec un tel mode de scrutin "on se trouverait dans la situation d'une partie du territoire qui gouverne contre l'autre".

“À qui les électeurs vont-ils demander des comptes ?”

Les groupes politiques de tous bords au Grand Lyon ont fait état lors de la séance du conseil communautaire de ce lundi de leurs inquiétudes, tant sur le fond que sur la forme. Les élus n'ont pas apprécié de n’avoir eu qu'une semaine pour faire remonter leurs souhaits au préfet.

"On nous propose une solution clé en main, mais sans débats", peste Pierre Hémon, conseiller communautaire Europe Écologie-Les Verts. "Nous avons le temps, au lieu de quoi nous avons consulté à la hâte sur une carte déjà découpée et une élection fixée avec moins d'une semaine pour faire des propositions. Il fallait écrire la loi autrement, demandons au Premier ministre de ne pas légiférer par ordonnance", plaide Thérèse Rabatel, conseillère communautaire Lyon Métropole Gauche solidaire. Les communistes estiment aussi qu'il n'y a pas d'urgence.

Nathalie Perrin-Gilbert (Gram) redoute pour sa part un mode de scrutin qui déboussole les électeurs : "C'est une dilution du politique. Ce découpage en 14 ne correspond ni aux arrondissements, ni aux communes, ni aux conférences des maires, ni aux circonscriptions législatives. À qui les électeurs vont-ils demander des comptes, comment participeront-ils aux décisions ? Cette carte va éloigner le citoyen du chemin des urnes. Et puis la métropole sera tournée vers Lyon et Villeurbanne, tel que le projet est prévu. Les élus de ces deux communes formeront à eux seuls une quasi-majorité."

L’UMP dénonce une carte sur mesure pour le PS

Christophe Geourjon (UDI) plaide de son côté pour une seule circonscription, qui permettrait "une juste représentation des territoires et des sensibilités". Pierre Hémon (EELV) regrette lui que ce mode de scrutin empêche une campagne métropolitaine et l'affrontement de plusieurs projets différents.

Le groupe Synergies-Avenir, composé des maires sans étiquette, a aussi fait part de son mécontentement. Avec le nouveau mode de scrutin, il ne disposerait plus d'un élu par commune : "Nous ne sommes globalement pas d'accord. Avec un tel schéma, on organise une rupture entre le citoyen et la métropole, on crée une discrimination par rapport à certains territoires."

Philippe Cochet, qui a conclu la longue complainte des groupes, a évoqué "un patchwork de bouts de territoire, dessiné pour favoriser le Parti socialiste. Tous ici, quelle que soit notre conviction politique, nous ne pouvons que réprouver votre méthode. Vous avez découpé pour limiter les positions politiques des membres des groupes UMP et de l'UDI (…), mais vous en avez profité pour diminuer le poids de vos alliés, car au fond les forces d'appoint vous sont utiles, mais une majorité monolithique vous correspondrait mieux".

En réponse à ce chapelet de protestations, Gérard Collomb a rappelé que l'article de loi fixant un scrutin décidé par ordonnance par le Gouvernement avait été approuvé par les parlementaires. Rabâchant son propos liminaire, le président du Grand Lyon a rappelé que le principe démographique se heurtait à la Constitution. "Les groupes proposent des choses contradictoires. Faites des propositions. Sans proposition, la loi passera telle qu'elle est aujourd'hui. Quand certains veulent réunir, d'autres veulent séparer. Les uns veulent de la proportionnelle, les autres que toutes les communes soient représentées", a raillé Gérard Collomb.

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