Michel Sapin : "Notre programme économique est crédible et responsable sur le plan financier"

Entretien – Michel Sapin, député d'Indre, est l'un des plus proches amis de François Hollande. D'une grande expérience ministérielle, il fait partie de ceux qui pourraient devenir Premier ministre. Ministre de l'Économie et des Finances sous Pierre Bérégovoy, il revient notamment sur le programme économique de François Hollande.

Lyon Capitale : Êtes-vous confiant pour le second tour ?

Michel Sapin : François Hollande a fait une campagne exceptionnelle, en permanence au contact des Français. Il a présenté, très tôt, un programme sérieux, crédible et financé. Il s'y est tenu, ne cédant ni aux provocations ni aux effets de mode. En face, nous avons un président-candidat qui est jugé par rapport à son bilan qui se révèle être un échec : chômage, pouvoir d’achat, éducation, manière de gouverner… Il faut changer cela. Les gages d'une victoire dimanche sont réunies avec, il le faut, une très forte mobilisation derrière François Hollande.

Le débat télévisé peut-il être un enjeu de cette campagne entre les deux tours ?

Le débat télévisé n'est jamais un enjeu, c'est un moment de la campagne. Celui d'hier (mercredi soir) a montré François Hollande maître de lui-même, compétent, et à l'aise dans la fonction présidentielle. Nicolas Sarkozy est apparu fébrile, souvent agressif et au fond fréquemment éloigné du statut de président.

François Hollande doit-il être le candidat de la gauche élargie ou de tous les Français, même ceux qui ont voté FN ?

François Hollande élu sera, c'est l'évidence institutionnelle et c'est conforme à l'homme qu'il est, le président de tous les Français y compris bien sûr de ceux qui n'ont pas voté pour lui. Mais, comme il l'a dit lui-même, sans se compromettre. Il doit donc être le candidat de tous les Français réunis derrière les propositions qui sont maintenant connues de tous et garantes d’un changement profond de gouvernance.

Ne pensez-vous pas que les questions de la dette et du pouvoir d'achat ont été survolées pendant cette campagne ?

Ces deux sujets sont en effet au cœur des préoccupations des Français à côté de l’emploi et des inégalités. Sur le premier sujet, celui de la dette, François Hollande a tenu tout au long de la campagne un discours de vérité. Il s’est engagé à revenir à l’équilibre des comptes publics d’ici 2017 afin de reconquérir notre souveraineté face aux marchés. Sur le pouvoir d’achat, j’ai le sentiment que François Hollande a été, de tous les candidats, celui qui a présenté le projet le plus complet et en même temps le plus réaliste : revalorisation immédiate du SMIC et de l’allocation de rentrée scolaire, encadrement des loyers, tarif progressif sur la consommation du gaz, de l'eau et de l'électricité, défense de l’épargne populaire… Ces mesures seront mises en œuvre dans les tout premiers mois du quinquennat s'il est élu. Mais il est vrai que sur le sujet du pouvoir d’achat, nous n’avons guère entendu le président sortant…

Dans l'équipe de François Hollande, vous faites partie de ceux qui rassurent les marchés. Le programme économique du PS est-il en adéquation avec la situation financière de la France ?

Le programme de François Hollande l’est à double titre. C’est d’abord un programme crédible et responsable sur le plan financier, puisqu’il s’engage à réduire les déficits et à maîtriser les dépenses publiques, en tablant sur des hypothèses de croissance particulièrement prudentes. L’ensemble des dépenses nouvelles (20 milliards d’euros) sera financé par des économies. Mais notre programme économique se veut aussi une réponse à la situation créée par la crise de la zone euro, qui est tout autant une crise de compétitivité et de faible croissance de l’Europe dans son ensemble. À cet égard, notre programme vise à réarmer notre pays sur le plan économique et industriel pour favoriser la production en France et relancer notre compétitivité et notre croissance. Je suis sûr que les marchés sont prêts à entendre ce discours.

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