Lyon : les avocats infiltrent la police

La direction départementale de la sécurité publique du Rhône (DDSP) institutionnalise l’accueil d’élèves avocats afin de faire de l’hôtel de police de Lyon une “maison de verre” totalement transparente. Les avocats applaudissent.

17 élèves de l'Édara (école des avocats de Rhône-Alpes) seront accueillis à l'hôtel de police de Lyon pour un stage d'immersion d'une semaine. L'initiative, formalisée par la DDSP, le barreau de Lyon et l'école des avocats, vise à rapprocher deux professions qui ont bien plus l'habitude de se toiser dans les prétoires.

“Maison de verre”

"La police doit être une maison de verre et faire preuve de la plus grande transparence. La mise en place de ce dispositif permettra aux avocats de se rendre compte du fonctionnement d'un service de police. Ils verront la vie des policiers", justifie Albert Doutre, le directeur départemental de la sécurité publique, qui ajoute : "Il est important que policiers et avocats ne se voient pas comme ennemis, ni comme adversaires, mais comme ayant tous deux la mission d'être des auxiliaires de justice qui participent à l'œuvre de justice."

Les élèves avocats seront accueillis dans tous les services d'un DDSP : les services enquêteurs, au sein d'un équipage de la BAC ou de police-secours. Ils se rendront même au “petit dépôt” du palais de justice de Lyon.

"Il n'est pas absurde pour un avocat pénaliste d'appréhender la façon dont un dossier d'enquête s'élabore ou comment un individu a pu être interpellé. Il est vrai que, par le passé, les relations entre avocats et policiers n'ont pas toujours été pacifiées. Mais il est important de travailler côte à côte, chacun dans son rôle", a expliqué le bâtonnier du barreau de Lyon, Pierre-Yves Joly.

Libertés publiques

Auparavant, les élèves avocats avaient tout de même la possibilité de faire un stage au sein d'un service de police, à la faveur d'une connaissance personnelle par exemple. "Mais, à ma connaissance, cela ne s'était jamais produit, ni même dans un service de gendarmerie. A contrario, nous avions des stages au sein de la pénitentiaire", avance le président de l'Edara, Christian Giabicani.

Depuis la loi du 14 avril 2011, la présence de l'avocat tout au long de la garde à vue est obligatoire, ce qui a eu pour effet de crisper les services de police au moment du vote de la loi. Mais celle-ci semble désormais entrée dans les mœurs procédurales. "La présence d'élèves avocats en stage permettra de mettre en équation ce qui a été appris sur le terrain, notamment sur la question des libertés publiques. Et les libertés publiques commencent dès le moment où l'on peut entrer dans un commissariat", a déclaré Me Joly.

Grandiloquent pour une banale affaire de stage, mais assez juste au fond.

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