abattoir L214

Filmer dans les abattoirs : la méthode L214 face à la justice

Deux membres de l’association lyonnaise L214 sont jugés par le tribunal correctionnel de Versailles pour être entrés dans un abattoir de cochons en région parisienne et avoir tenté de filmer leur mort. Brigitte Gothière, porte-parole de l’association, estime que ces pratiques “doivent être montrées pour arrêter de se voiler la face”.

Peut-on dénoncer les pratiques des abattoirs sans les montrer ? La question devrait être débattue ce lundi au tribunal correctionnel de Versailles. Deux militants de l'association L214, dont son cofondateur, Sébastien Arsac, comparaissent pour “violation du domicile d'autrui” et “tentative d'atteinte à la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l'image”. En décembre dernier, ils s'étaient introduits dans l'abattoir d’Houdan, en région parisienne, dans le cadre d'une enquête sur les procédures d'endormissent au CO2, une pratique légale très contestée par l'association de défense des animaux. "Lorsque l'on voit les images, les cochons sont asphyxiés, ils descendent par la nacelle sur laquelle était posée la caméra et sont jetés dans le dioxyde de carbone. Qui peut appeler cela un "endormissement" ? L'industrie de la viande essaye de faire croire que l'on tue les animaux dans le respect, mais ce n'est pas vrai. Un abattoir, c'est violent, cruel, pour les animaux comme pour les ouvriers qui y travaillent", déclare Brigitte Gothière, porte-parole de l'association.

“Ce n’est pas le mode opératoire habituel”

Si les deux militants se retrouvent face à la justice pour la première fois, c'est notamment parce qu'ils n'ont habituellement pas besoin de se rendre physiquement dans les abattoirs, mais installent leur matériel grâce à l'aide de lanceurs d'alerte internes. Cette fois, un problème technique lié à l'attache de la caméra sur la nacelle descendant les cochons vers l'asphyxie a forcé les deux militants à se rendre sur les lieux. "Dans l'abattoir d'Houdan, ce n'est pas le mode opératoire habituel. Mais nous allons défendre notre droit à l'information, car nous considérons qu'il y a des choses qui doivent être montrées, on doit arrêter de se voiler la face", poursuit Brigitte Gothière. L'usage de la vidéo choc, ADN de l'association, a, selon Brigitte Gothière, de nombreux avantages. Avant tout, celui de montrer ce que l'industrie de la viande cherche à cacher. "Les abattoirs parlent de bien-être animal, mais de qui se moque-t-on ? s'insurge-t-elle. L'industrie de la viande souhaite que l'on consomme davantage et n'a aucun intérêt à montrer la manière dont ils tuent les animaux sur leurs paquets. Notre objectif à nous, c'est de mettre la question animale en avant". Un objectif en partie réussi grâce à la diffusion d'images qui secouent régulièrement l'opinion publique. "Le travail accompli est d'intérêt général et il a permis de soulever la question de la légitimité de tuer les animaux pour les manger, ce qui n'était pas questionné avant", se félicite Brigitte Gothière.

Filmer pour “consolider les dossiers”

Pour la porte-parole de l'association lyonnaise, ce sont aussi les images qui "ont permis de montrer de graves dysfonctionnements dans les abattoirs". Suite aux vidéos diffusées par L214, le ministère de l'Agriculture a organisé un contrôle dans l'ensemble des abattoirs d'animaux de boucherie. "Résultat : 80 % des chaînes d'abattage présentent des non-conformités qui vont de mineures à majeures, rappelle Brigitte Gothière. Aussi, une commission d'enquête parlementaire a été confiée au député Olivier Fallorni. Cette commission a rendu 65 propositions pour pallier les problèmes de contrôle, les carences de services vétérinaires et améliorer les conditions de travail des ouvriers." Montrer des images est "malheureusement la seule manière d'apporter des preuves de ce qu'il se passe ici et maintenant" et la meilleure manière de "consolider les dossiers", conclut Brigitte Gothière.

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