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Extradition d’Abliazov : un casse-tête pour la justice ?

La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Lyon doit examiner, ce vendredi matin, la demande d’extradition de l’oligarque Moukhtar Abliazov par la Russie. Cet homme de 51 ans est soupçonné par le Kazakhstan de détournements et de blanchiments de fonds de sa banque kazakhe, BTA. Actuellement emprisonné en France, il craint de ne pas bénéficier d’un procès équitable, que ce soit en Russie ou en Ukraine, qui avait également demandé son extradition.

Une nouvelle fois, le cas de Moukhtar Abliazov sera examiné par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Lyon. Une histoire digne d’un film d’espionnage, sur fond de malversations financières et d’opposition au régime kazakh.

Une arrestation spectaculaire

Le 31 juillet 2013, l’homme d’affaires est arrêté dans une villa de Mouans-Sartoux, dans le sud de la France, à grand renfort d’hélicoptères, suite à une note “rouge” d’Interpol. Il y vivait avec sa sœur et sa nièce, en alternant avec deux autres résidences également louées dans la région. Son épouse et ses enfants vivaient en Italie, séparés de lui, où ils ont été eux aussi arrêtés, peu de temps après.

Cette interpellation est intervenue alors que les relations entre Paris et Astana s’étaient renforcées avec la signature de contrats, notamment l’achat de 45 hélicoptères. Affaire qui fait d’ailleurs l’objet d’une enquête de la justice française depuis 2012, susceptible d’impliquer un certain Nicolas Sarkozy et son entourage, comme l’a révélé Le Monde le 7 octobre dernier.

Opposant au président kazakh

En tout cas, l’oligarque Moukhtar Abliazov est accusé d’avoir détourné 5 milliards de dollars alors qu’il était à la tête de la banque BTA.

Abliazov est considéré comme le principal opposant au président kazakh, Noursoultan Abichetich. Déjà, en 2002 (il était alors ministre), il avait été incarcéré et torturé dans son pays pour avoir pris la tête du parti d’opposition au régime. Il n’obtint sa liberté qu’après avoir promis de se retirer de la vie politique. En 2005, il siège donc à la tête du conseil d’administration de la banque privée BTA et participe à son redressement.

Quatre ans plus tard, après s’être élevé contre la nationalisation forcée de l’établissement, il quitte le pays lors de l’ouverture d’une enquête pour escroquerie. À l’époque, il s’installe à Londres où il vivra jusqu’en 2012 avant de rejoindre l’Italie puis la France où il est interpellé.

Audience sous haute sécurité à Lyon

Lors de la dernière audience concernant son extradition vers l’Ukraine, Moukhtar Abliazov était flanqué de trois membres du GIGN. Aidé par une armée d’avocats, il a répété à plusieurs reprises qu’il n’y avait aucune preuve contre lui et qu’il craignait pour sa vie. Sur ce volet, la décision sera rendue le 24 octobre. Par ailleurs, la justice française a une nouvelle fois refusé le 6 octobre de le remettre en liberté.

Le président de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Lyon, Luc Fontaine, a expliqué que le Kazakh ne disposait pas de “garanties de représentation suffisantes” au regard des autorités requérant sa remise en liberté.

La décision de la justice française sur l’extradition est très attendue. L’ONG Amnesty International ainsi que Gary Gasparov ont toujours protesté contre le renvoi de Moukhtar Abliazov en Ukraine ou même en Russie. “Les autorités françaises ne doivent pas envoyer Moukhtar dans un pays où il risque de graves violations de ses droits fondamentaux ou d’être renvoyé au Kazakhstan”, avait déclaré en janvier 2014 dans un communiqué Julia Hall, spécialiste des questions de droits humains chez Amnesty International.

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