Tarantino N&B

Lumière 2013 : cinéma Tarantino

Comme annoncé ce midi, le prix Lumière 2013 ira donc au réalisateur de Django Unchained et Pulp Fiction. Un choix plus que cohérent pour un festival qui célèbre la cinéphilie traditionnelle et les grands cinéastes (Verneuil, Bergman, Ashby...) en portant un regard curieux sur l’évolution du cinéma. Aperçu des événements, hommages et reprises au programme.

À l’inverse du suspens toujours savamment ménagé par le directeur du festival Lumière, Thierry Frémaux, dont les talents de showman ne sont plus à démontrer, commençons par la fin – qui est aussi l’essentiel en ce jour, tant attendu par les cinéphiles, d’annonce du prix Lumière : il s’agira donc bien de… Quentin (prononcer “Couennetine”, comme Mélanie Laurent). Quentin Tarantino, bien sûr – vous connaissez un autre Quentin dans le cinoche, vous ? L’annonce du cinéaste comme récipiendaire du prix qui, aux dires du grand ordonnateur du festival, aimerait devenir à terme le “Nobel du cinéma”, et sera remis le 18 octobre à l’amphithéâtre de Lyon, peut surprendre. Mais le fait est qu’elle a été applaudie à tout rompre par l’audience présente ce jeudi 20 juin à l’institut Lumière.

À la suite de Clint Eastwood, Milos Forman et Ken Loach (on mettra Gérard Depardieu dans une autre catégorie : la sienne), Tarantino succède à des cinéastes plus “expérimentés” à l’œuvre plus “conséquente”, quantitativement s’entend – pour le qualitatif, le débat est ouvert. Mais, en dépit de ses “à peine” 50 ans (eh oui, le temps passe, quand même), le lauréat de la Palme d’or 1994 n’est pas un perdreau de l’année. Et puis, qui a dit qu’il ne fallait récompenser que des septuagénaires (au minimum) ? La filmographie de Quentin Tarantino, quoi qu’on en pense, est riche, très riche.

Cinéaste cinéphile

Surtout, elle est un parfait reflet de ce que peut et veut être le festival Lumière, soit un festival qui promeut la cinéphilie, les classiques et les grands cinéastes, mais aussi les évolutions techniques et esthétiques du 7e art. Un événement nostalgique et toujours amoureux de la pellicule – on aura ainsi droit cette année à une “célébration du 35 mm”, format phare du cinématographe –, mais sensible aux enjeux véhiculés par le numérique et les restaurations qu’il permet. Tous ces sujets seront bien évidemment une fois de plus au cœur de la 5e édition de Lumière, avec notamment la création du premier Marché du film classique mondial.

Et puis, quand on se dit festival de cinéma cinéphile (si pléonasme il y a, il est néanmoins à creuser), quoi de mieux que de rendre hommage à un cinéaste qui s’est construit par la cinéphilie et se considère sans doute davantage cinéphile que réalisateur ? Car le cinéma de Tarantino est au fond un méta-cinéma, qui se nourrit des films dont le jeune Quentin s’est gavé lorsqu’il officiait comme vendeur dans un vidéoclub. Chacun de ses films est à la fois une œuvre à part entière et un hommage au cinéma. Surtout, il a contribué – il n’est pas le seul certes – à réhabiliter, tordre, sublimer des genres souvent considérés comme contre-culturels : le film de kung-fu (Kill Bill), le western (Django Unchained), la série B du samedi soir (Boulevard de la mort, Inglorious Bastards), la littérature pulp (Pulp Fiction, mais surtout Jackie Brown, hommage également à la blaxploitation). Le tout, au-delà de la maîtrise qu’on lui connaît, avec la verve et l’enthousiasme d’un gamin qui n’en serait toujours pas revenu d’être ce qu’il est : un fucking director. Et, puisqu’on parle de cinéphilie, Thierry Frémaux l’a promis et on n’en doute pas une seconde : Tarantino, qui tient à s’impliquer dans la programmation de cette édition, devrait venir avec quelques trésors issus de sa cinémathèque privée.

Par ici “La Sortie”

Pour le reste, les grands cinéastes ne manqueront pas, au travers de rétrospectives consacrées à la période noir et blanc d’Henri Verneuil (le culte Un singe en hiver, Mélodie en sous-sol, Le Président), le trop méconnu Hal Ashby (Harold et Maud) et des copies restaurées de films de l’immense Ingmar Bergman, dont Fanny et Alexandre. Parmi les autres projections en copie restaurée, devenues le petit (grand ?) plus du festival : Exodus d’Otto Preminger, Les Dix Commandements de Cecil B. De Mille et Le Dernier Empereur de Bernardo Bertollucci… en 3D.

Moins sérieuse, mais tout aussi attendue : la fameuse nuit à la halle Tony-Garnier, le samedi 19 octobre, se passera en compagnie des Monty Python – autant dire qu’il risque d’y avoir peu de monde du côté du traditionnel dortoir installé derrière l’écran.

Les hommages seront consacrés à la regrettée comédienne et réalisatrice lyonnaise Christine Pascale, au cinéaste philippin Lino Brocka (père du film d’action asiatique) et à Charles Vanel. Avec un colloque autour du producteur Daniel Toscan du Plantier.

Enfin, au rayon invités, on se gaussera forcément un peu de la présence de Pierre Richard, tout en se réjouissant de la présence de James B. Harris, producteur des premiers films de Stanley Kubrick. Et, pour fêter ce qui sera aussi les 30 ans de l’institut Lumière, le “cinéma français” – c’est ainsi que Thierry Frémaux l’a présenté – se prêtera à un remake du premier film : La Sortie des usines Lumière. Un projet dont l’idée même devrait beaucoup amuser le lauréat du 5e prix Lumière.

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Festival Lumière 2013, du 14 au 20 octobre 2013, à Lyon.

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