Le Printemps de Lyon dévoile ses coulisses

À l’occasion des Journées européennes du patrimoine à Lyon, le grand magasin livre ses secrets au grand public ces 17 et 18 septembre.

Coulisses printemps lyon ()

©Lyon Capitale
Un logisticien du 5e étage

Après une brève traversée du Printemps de Lyon, musique ouatée et sacs de luxe fièrement mis en valeur, un groupe d’une quinzaine de personnes a basculé ce matin des Journées du patrimoine dans un tout autre univers. Une seule porte de passée et pourtant le contraste est bluffant : tout à coup, se succèdent chariots et cartons dans une petite zone aux murs et au sol gris.

Le parcours des marchandises

"Nous voilà dans l’espace de livraison des articles", explique Sophie Rochas, la responsable marketing du magasin. Particulièrement étriqué, d’une quinzaine de mètres carrés, cet espace reçoit tous les matins des dizaines de cartons de marchandises, nécessitant une logistique d’acier. "Les marchandises sont seulement de passage ici. Dès leur arrivée, elles sont traitées et envoyées aux 5e et 6e étages."

Cet espace de livraison étant au rez-de-chaussée, certaines personnes du groupe s’étonnent de la distance à parcourir, puis comprennent lorsqu’elles découvrent le monte-charge. Pouvant accueillir jusqu’à 26 personnes et 2 000 kg, ce très grand ascenseur porte sur ses parois grises et métallisées les traces des milliers de chariots et marchandises qui y sont passés. En quelques secondes, il monte au 6e étage. Une femme plaisante : "C’est donc pour ça que les vendeurs mettent autant de temps à aller vérifier la disponibilité des articles en réserve." Découvrir les coulisses d’une grande enseigne comme le Printemps, c’est aussi prendre conscience des efforts continus que doivent fournir ses employés pour satisfaire les clients.

La face cachée des 5e et 6e étages

Coulisses printemps lyon ()

©Lyon Capitale
Vue des toits du Printemps de Lyon

Les 5e et 6e étages sont ceux de la réserve. Les plafonds y sont bas, les fenêtres inexistantes. Le seul moyen de s’assurer qu’il s’agit bien des derniers étages est d’emprunter une porte de sécurité menant sur les toits de l’enseigne. Une fois la vue admirée, les visiteurs retournent dans la réserve et déambulent dans les étroits couloirs, au milieu de centaines de cintres, de bustes de mannequins, de sacs en papier, de conduits d’aération, de cartons, de box grillagés. "Chaque marque a son propre box sécurisé. Seuls certains vendeurs y ont accès étant donné la valeur des marchandises", explique Sophie Rochas. En effet, derrière les grillages de ces espaces, cosmétiques, prêt-à-porter, maroquinerie, décorations attendent sagement d’être descendus en magasin pour la vente.

"Plus de 456 000 pièces sont traitées ici annuellement. Une fois livrées au rez-de-chaussée, elles sont immédiatement acheminées au 5e étage par un logisticien. Les cartons sont déballés, et les pièces vérifiées, étiquetées. Elles sont ensuite réparties en magasin. Évidemment, toutes les pièces ne peuvent tenir dans les rayons, le surplus reste donc au 5e étage ou monte au 6e et est stocké dans les surfaces sécurisées", éclaircit Valérie Bartolomucci, manager des ventes accessoires, pendant qu’un logisticien s’affaire à sortir de nombreuses marchandises des cartons.

Coulisses printemps lyon (lundi 17 septembre 2018)

©Lyon Capitale
Les box sécurisés, où sont confinées les marchandises

"Ce qui me surprend, c’est l’organisation, glisse un retraité. J’étais loin d’imaginer son fonctionnement, avec ce tout petit espace de livraison et l’étendue de ces couloirs que nous avons traversés. Il y a une telle logistique..."

« Une histoire familiale exceptionnelle »

Mais le Printemps n’a pas toujours été cette immense enseigne aux rouages agencés. Henri Perrot, le fondateur du magasin, serait sans aucun doute aujourd’hui fier d’entendre Sophie Rochas raconter son histoire. "Le Printemps de Lyon date de 1856. Le jeune Henri Perrot, était issu d’un milieu agricole très modeste dans la Drôme. Il a décidé de venir à Lyon tenter sa chance. Il va souffrir de cette expérience mais s’accrocher et ne jamais renoncer." Le jeune homme s’installe en effet Aux Deux Passages, l’"enseigne historique du Printemps". Il s’attèle alors à faire prospérer son affaire. En parallèle, il ouvre le Grand bazar, à l’actuelle place du Monoprix.

Coulisses printemps lyon (lundi 17 septembre 2018)

©Lyon Capitale
456 000 marchandises transitent annuellement au Printemps

"C’était un homme de marketing, continue la jeune femme. C’est Henri Perrot lui-même qui va instaurer pour la première fois la publicité en magasin. Il va également mettre en place la guelte : les vendeurs seront alors rémunérés à ce qu’ils vendent." Une action parmi tant d’autres qui ont permis l’essor du Printemps. Cela ne manque pas de surprendre certains visiteurs : "Avant d’être à la retraite, j’ai eu un petit passé commercial. Et je suis vraiment surpris de savoir qu’on parlait déjà au 19e siècle de payement à la commission, de prix non révisables, de soldes. Ils avaient déjà tout compris à l’époque, ils ont été très précurseurs."

Pour Sophie Rochas, l’expansion du Printemps de Lyon est "une histoire familiale exceptionnelle". Henri Perrot va ensuite céder l’affaire à son fils, Henri lui aussi, qui la donnera à son fils Pierre. Le Printemps rachètera ensuite l’enseigne en 1938. Dans ses couloirs, il se dit donc que "la première génération a créé, le deuxième a développé, le troisième a profité, la quatrième a pleuré".

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