Wovenhand  David Eugene Edwards

Concert : le tumultueux Wovenhand à l’Épicerie

C’est un cow-boy aux chansons remplies d’esprits frappeurs qui joue à Feyzin ce samedi.

À l’heure où l’on n’a que le mot “radicalisation” à la bouche comme explication et conséquence de tous les maux, on ne peut constater la trajectoire musicale du Wovenhand de David Eugene Edwards sans la relier à quelque chose de cet ordre-là. Une radicalisation, ni forcée ni express et exclusivement musicale, qui voit la matière sonore de ce banjoïste, countryman de formation, se durcir comme les statues de sel dans le passage de la Bible consacré à Loth et à sa femme. À ceci près que dans la Bible (que David Eugene Edwards, fils de pasteur nazaréen, connaît par cœur et avec laquelle il écrase les démons sur les murs de sa maison) le changement en statue de sel est une punition pour s’être retourné sur son passé. Ce n’est pas, loin s’en faut, ce que fait David Eugene Edwards à travers Wovenhand, lui qui pourtant aurait pu se recroqueviller sur le socle de ces musiques traditionnelles américaines qui l’ont longtemps hanté et même nourri.

Fuite en avant

Ce à quoi Edwards se livre ressemble davantage à une fuite en avant, à une plongée dans le tumulte, le brouillard, l’inconnu, le vide, l’enfer même. L’on a ainsi affaire sur Star Treatment à un cow-boy qui semble rejoindre Nick Cave dans son sous-sol, Ian Curtis au bout de sa corde et David Bowie dans les limbes – à cet égard ses chansons Crystal Palace et The Quiver, qui pourraient figurer sur le dernier Bowie, et les nombreuses références aux étoiles, fétiche bowien par excellence, sont troublantes.

Poussière d’étoile

C’est ainsi avec Wovenhand et ç’a l’a toujours été avec David Eugene Edwards : ses chansons sont tellement remplies d’esprits frappeurs et de fantômes que le murmure de l’âme se transforme inévitablement en vacarme obsédant et hypnotique. Toujours plus obsédant et plus hypnotique, comme si chaque album, chaque chanson apportait son lot de sédiments (une poussière d’étoile) pour consolider une statue de fer dure comme l’acier. Sa troisième venue à l’Épicerie Moderne sera l’occasion de le constater sur pied.

Wovenhand + Emma Ruth Rundle – Samedi 15 octobre à 20h30, à l’Épicerie Moderne.
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