Il y a 20 ans : Lumière sur l’invention

IL Y A 20 ANS DANS LYON CAPITALE – Les inventeurs – bien qu’ils ne manquent pas d’idées – se retrouvent souvent au dépourvu face aux traquenards menant à la mise en vente de leur poule aux œufs d’or. À l’occasion du salon de l’Invention et du Bricolage, Lyon Capitale retrace le parcours d’une invention type.

Lyon Capitale n°159 du 24/02/1998, © Lyon Capitale

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Lyon Capitale n°159 du 24/02/1998, © Lyon Capitale

Tournesol, Lagaffe, Tony Stark… l’imaginaire collectif chérit tellement ses inventeurs illuminés que la réalité peine à suivre la fiction. Car, de l’idée à la pierre philosophale, il y a un rigoureux chemin qui ne se dispense pas de quelques traquenards et entourloupes. Le porte-monnaie se fait malmener çà et là au gré de brevets, financements fantômes et cotisations. Certains survivent l’entonnoir, d’autres sont tués dans l’œuf. Au salon de l’Invention et du Bricolage à la halle Tony Garnier, quelques nouveau-nés espèrent que l’évènement les propulsera au rang des inventions commercialisées. Aujourd’hui, le salon “physique” n’existe toutefois plus, il a préféré se virtualiser. Depuis 2013, le salon de permanent des Inventions vagabonde sur le web. Ici, inventeurs et inventions peuvent déposer leur projet au gré de vidéos et plaquettes de présentations. Comme quoi, rien n’arrête le progrès…

Lyon Capitale n°159 du 24/02/1998, p. 16 © Lyon Capitale

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Lyon Capitale n°159 du 24/02/1998, p. 16 © Lyon Capitale
Un article de Lyon Capitale n°159, paru le 24 février 1998, signé par Natacha Mouillé

Lumière sur L'invention

Pour être un bon inventeur, il ne suffit pas d'avoir une imagination débordante. Au salon de l'Invention et du Bricolage organisé à la Halle Tony-Garnier, du 13 au 16 février, les Géotrouvetout en herbe se battent pour s'imposer sur le marché. Mais le chemin qui mène à la commercialisation est un nid de formalités administratives et de pièges financiers.

Le parcours galère des inventeurs

Finissons-en avec le cliché selon lequel les Inventeurs sont des savants fous. Ils n'ont de folie que celle de croire en l'avenir de ce qu'ils créent, alors que le pourcentage d'inventions qui parviennent à la commercialisation ne dépasse pas les 3 pour mille. Cet optimisme mis à part, le chemin, qui va de l'idée de génie à la mise sur le marché d'un nouveau produit, est un long parcours semé d'embûches qui nécessite avant tout d'avoir les deux pieds sur terre. Premier piège à éviter, la trouvaille qui n'intéresse personne. Un appareil à tenir les clous par exemple, c'est marrant, mais combien achèteraient ce genre de choses ? Mieux vaut partir d'un besoin réel et en chercher la réponse. Madame désire dormir en paix ? On invente pour monsieur la canule anti-ronflements. Il est également indispensable de faire une recherche d'antériorité, dans les brevets délivrés, pour éviter de réinventer la machine à vapeur ou la poudre à canon. Cela pourrait être gênant, et quelle perte de temps. Enfin, une fois que LA bonne idée est dans la boîte, il faut savoir protéger ses intérêts. C'est le plus difficile. Pour que personne ne vienne lui contester la date de création de son produit, l'inventeur doit acheter à l'Institut national de la propriété industrielle (INPI), une "enveloppe Soleau" au prix de 55 francs. Il s'agit d'un pli à deux volets contenant les plans de l'invention. L'un des volets est déposé à l'INPI de Paris, et l'autre est renvoyé au créateur. L'enveloppe n'est ouverte qu'en cas de litige. Elle permet également d'exploiter l'objet. Mais pour avoir le monopole, il faut déposer une demande de brevet. Coût : 4 750 francs, plus une cotisation annuelle pouvant aller de 600 à 900 francs selon l'ancienneté du brevet. Après, ça se complique. Si personne ne s'interpose, l'inventeur part à la recherche de financements. Participer à une exhibition comme le salon du Bricolage et de l'Invention, organisé par le Progrès, à Lyon du 13 au 16 février, peut servir de tremplin. Dans tous les cas, des associations comme la Société lyonnaise des inventeurs servent de guides aux plus isolés. Mais, avec la technologie de pointe actuelle qui nécessite souvent des investissements faramineux, rassembler seul l'argent est pratiquement devenu mission impossible. C'est pourquoi les recherches se font maintenant en majorité au sein des entreprises. Sur 12 000 inventions annuelles, en France seulement 2 000 ne proviennent de personnes isolées, dont environ 200 à Lyon. Et puis, iI y a les nouveautés qui gênent certaines sociétés, parce qu'elles leur font de la concurrence. Pour bloquer le processus de création, elles peuvent alors essayer de racheter le brevet, en proposant aux créateurs de leur donner des royalties sur la vente. Dans cette offre se cache souvent le plus gros piège, quand l'entreprise n'envisage absolument pas de vendre le produit. La parade est simple, il suffit de vérifier sur le contrat que figure bien une clause "d'obligation d'exploitation". Bref, toutes ces démarches n'ont rien de très folichon, rien que de très législatif et administratif. On est bien loin des rêveries excentriques d'un professeur Tournesol. Natacha Mouillé
Au Salon de l'Invention et du Bricolage, Lyon Cap a déniché quelques trouvailles intéressantes

Préventif : le Vigilant

En cas de brouillard ou de mauvaise visibilité, il est toujours difficile d'éviter un véhicule accidenté au milieu de la route. Le "Vigilant", petit bipper que l'on fixe sur son tableau de bord, capte les ondes émises par le warning électronique du véhicule stoppé et émet un signal de plus en plus fort au fur et à mesure que l'on se rapproche de celui-ci. Le système est simple et efficace. Le hic, c'est que pour fonctionner le "Vigilant" doit équiper toutes les voitures. Or à 500 F pièce, on peut douter du succès du boîtier de M. Biagio qui s'est d'ailleurs déjà vu recalé par les constructeurs automobiles.

Hygiénique : la brosse à dents du futur

Sa forme très futuriste inventée par la société Gric-Metamed cache un réel souci d'hygiène. On peut faire tenir cette brosse à dents debout sur ses trois pieds ou bien couchée, mais quelle que soit sa position les poils ne peuvent pas être en contact avec le sol. La forme courbe permet également de ne pas heurter le menton. Cette nouvelle brosse s'utilise en position verticale pour un meilleur brossage. Enfin il existe un modèle avec tête pivotante (huit positions différentes) pour aller vraiment partout.

Un tuyau au fond de la gorge pour des nuits plus silencieuses

Celles et ceux qui depuis 20 ans, dorment avec des boules Quiès dans les oreilles vont pouvoir passer le flambeau à leur partenaire nocturne. Ce sera bientôt au tour des ronfleurs d'ajouter un élément à leur garde-robe de nuit. La canule anti-ronflements leur rappellera sans doute leurs tout premiers dodos. Elle se met dans la bouche, comme une tétine, mais la sensation risque d'être un peu moins agréable puisqu'un tuyau s'enfonce au fond de la gorge. Le principe de cette invention mise au point par M. Grosbois, spécialiste ORL, est simple : dévier l'air pour qu'il ne vienne plus faire chanter notre luette.

Suggestif : la borne à idées

Fini les petits papiers dans des boîtes en carton. Avec Vocabox la boîte à suggestions se présente désormais sous la forme d'un enregistreur vocal. Bernard Houot, l'inventeur, espère ainsi vendre sa machine à des entreprises comme les TCL ou la Poste mais vise avant tout sur les grandes surfaces. La borne vocale peut en effet prendre les avis des consommateurs, mais aussi recueillir les réponses à une enquête d'information sur la clientèle. Il permet ainsi de faire remonter l'information vers les décideurs. Accessoirement, l'enregistreur vocal peut aussi servir de défouloir.
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