FIACS
Moran Kerinec

Conférence à Lyon : quelles solutions contre la corruption sportive ?

Cette semaine se tenait à Lyon les Journées sur la corruption sportive organisées par l’IAE Lyon et la FIACS (Fédération internationale anti-corruption sportive). Au terme de deux jours de réflexion, une réunion publique était organisée ce vendredi matin pour exposer leurs recommandations, sensibiliser l’opinion sur les enjeux l’intégrité et l’éthique dans le monde sportif et remettre les Oscars du sport responsable aux journalistes qui ont médiatisé la corruption dans ce domaine.

Dans l'amphithéâtre de l’université de Lyon III, une vingtaine de personnes patientent. Plus que quelques minutes avant que ne commence la conférence. Pendant deux heures, trois experts vont se succéder sur scène pour expliquer les liens entre l'argent et le sport, le sponsoring et les enjeux d'intégrité qui y sont liés. Pin's géant “Lyon 2017, capitale mondiale de l'intégrité dans le sport” accroché à la cravate, le chercheur Jean Ruffier présente ce projet mené en coopération avec la FIACS : “Il s'agit de réfléchir à la corruption sportive et comment on doit lutter contre. La FIACS présidée par M. Mazar a demandé à des universitaires de réfléchir sur la question et à mettre en forme des recommandations.”

En seconde partie de l’événement, la FIACS a organisé une remise de trophée qui s’adresse aux médias qui ont joué un rôle important contre la corruption. Si “suite à des problèmes de communications” entre l’université et la FIACS, peu d’étudiants sont présents, la majorité de l’assemblée est composée de médias internationaux qui ont fait le déplacement pour assister à l’événement. Assis au deuxième rang, des journalistes qataris suivent comme ils peuvent les allocutions données en français. “Les sommes poussent les acteurs à s'attribuer des comportements de plus en plus asociaux pour toucher les gains, entame Jean Ruffier, le joueur doit-il appliquer les principes de son club, de son sport, ou des principes individuels ? Il y a une décision personnelle : ce que j'accepte, ce que je n'accepte pas. C'est un choix, et nous devons aider les acteurs du sport à choisir, et à s'en vanter.”

Depuis 40 ans, la corruption dans le sport s’accroît rapidement

Emmanuel Bayle s’avance au pupitre. Chercheur à l’université de Lausanne, il développe le fonctionnement des organisations internationales du sport et des affaires de corruption qui les touchent. “Ce n’est pas un sujet nouveau, embraye l’universitaire, dès l’antiquité, la tricherie et la corruption existaient déjà”. Et le chercheur d’énumérer les époques des malversations sportives : “Au 19e siècle, les paris sont truqués. En 1950, le dopage croît. 1960 marque les débuts du hooliganisme, 1970 le gigantisme (taille et coût disproportionné des compétitions)... Depuis 1980, les pots-de-vin et la marchandisation du sport-spectacle n’ont fait que s’accroître.”

D’après le chercheur, les principales sources de corruption, aujourd’hui, sont “l’élection des dirigeants sportifs, l’attribution des grands championnats internationaux, les fonds du développement et de la solidarité reversés par le CIO, la FIFA et autres consorts, et le soft power sportif (enjeux géopolitiques versus autonomie du sport)”. Il fait aussi mention des pressions que peuvent exercer les sponsors pour faire valoir leurs intérêts, et de “l’éco-système du dopage, des paris sportifs et des mafias”. Emmanuel Bayle rappelle à l’assemblée l’affaire du Fifagate, les scandales liés aux JO de Rio, à la coupe du monde 2014, et l’éviction en 2017 des enquêteurs expérimentés des commissions d’éthique de la FIFA.

Quelles solutions face à la corruption ?

Pour lutter contres ces multiples problèmes, la Fédération internationale anti-corruption sportive aidée des chercheurs a établi une liste de recommandations adressées aux organisations et aux citoyens qui font vivre ou vivent eux-mêmes du sport : sponsors, organisateurs d'événements sportifs, fédérations et clubs, lanceurs d’alertes potentiels, sportifs et supporters, personnels d’encadrement et de soin, etc.

Pour améliorer la gouvernance mondiale du sport, il serait recommandé de “donner à tous les pays les instruments financiers permettant la participation aux compétitions internationales”, de “traduire les chartes internationales du sport dans le droit national de chaque État”, d’éduquer la jeunesse sur “les problèmes du sport à travers l’école et les associations sportives et leur expliquer les limites à ne pas dépasser”, et surtout constituer dans chaque pays “une autorité de l’intégrité” avec des experts médicaux, financiers et juridiques impartiaux, sans conflits d’intérêts.

Afin d’arriver à mieux réguler les flux financiers dans le sport, il a également était conclu qu’il serait préférable de “réduire l’investissement étranger dans les clubs nationaux” et “d’augmenter la transparence par des cahiers de charge clairs des compétitions sportives”. Ces recommandations encouragent aussi “les déclarations du patrimoine des dirigeants d’organisations participant aux compétitions internationales”, de “rendre traçables toutes dépenses en vue d’un événement concernant le sport” et de “considérer les organisations sportives internationales comme des émetteurs du droit international, responsables de la lutte contre les dérives de leurs membres”.

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