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“Expressions” à Vénissieux : le faux nez de Michèle Picard ?

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Le bimensuel vénissian ne se prive pas de couvrir la campagne des municipales quand les magazines municipaux s’astreignent à une plus grande neutralité, loi oblige. La rédactrice en chef invoque la singularité du titre. Explications.

Tous les quinze jours, le bimensuel gratuit Expressions tire à 32 500 exemplaires, qui tire plus que bon nombre de journaux lyonnais.. À première vue, voici une formidable réussite de presse à l'échelle locale : un site Internet régulièrement alimenté, un journal bien identifié, qui aborde toute l'actualité locale comme les menaces qui planent actuellement sur l'emploi chez Mory Ducros (dans le dernier numéro). Pourtant Expressions – Les Nouvelles de Vénissieux n'est pas un titre de presse comme un autre : sa directrice de la publication est Yolande Peytavin, la première adjointe au maire de la commune. Et l'ensemble est financé à 85 % sur fonds publics : la Ville de Vénissieux lui attribue une subvention annuelle de 647 000 euros.

“Un parti pris : le Parti communiste”

Michèle Picard maire de Venissieux © tim douet ()

Michèle Picard maire de Venissieux ©tim douet

Faut-il y voir un support de propagande de Michèle Picard qui ne dirait pas son nom ? Il suffit de taper son nom dans le moteur de recherche pour voir que 505 articles lui ont été consacrés, contre 34 à Lotfi Ben Khelifa et 36 à Christophe Girard, ses opposants aux municipales 2014. "Ils ont un parti pris : c'est le Parti communiste", résume Lotfi Ben Khelifa, tête de liste du PS. "Il faut retirer le S à “Expressions”. Sur la version papier, c'est carrément la Pravda", abonde un collaborateur de Christophe Girard, le chef de file de la droite. Il fait remarquer que l'un des journalistes est candidat communiste sur la liste de Martine David, à Saint-Priest. "Avec 647 000 euros de subventions, ils ne vont pas tirer à boulets rouges sur Picard", grince une journaliste du Progrès attachée à l'éthique du métier.

Une histoire associative

La rédactrice en chef, Sylvaine Charpiot, s'en défend. "On donne la parole à tout le monde, on annonce toutes les réunions de toutes les listes. C'est le journal de la ville, expose-t-elle. La municipalité ne nous a jamais demandé de relire les articles avant parution, pas plus que le cabinet du maire. Ils découvrent le journal quand il arrive sur leur bureau, un mercredi sur deux." Aucune étanchéité n'est cependant prévue dans les statuts pour garantir l'indépendance du titre.

Bien que moins autocentré sur la vie municipale que d'autres, Expressions est un magazine municipal, comme chaque commune en possède. Il est l'héritier d'une époque, celles des années 1980-1990 où sont apparus des organes municipaux sous statut associatif qui s'émancipaient des services communication des collectivités. Certains magazines avaient alors recours à des signatures de journalistes et ringardisaient les bulletins municipaux. Les lois sur la transparence de la vie publique ont cependant marqué un coup d'arrêt à ces pratiques, qui frisaient la gestion de fait.

Expressions a perdu son statut associatif. Désormais en régie autonome personnalisée, le journal revendique toujours une forme d'indépendance. Sous ce parapluie, ses journalistes disposent de leur carte de presse et traitent parfois des mêmes sujets que leurs confrères du Progrès, comme la colère des taxis. Comme eux, ils ne se privent pas non plus d'écrire sur la campagne électorale quand la loi commande plus de retenue, pour un magazine municipal, six mois avant le premier tour de scrutin (1).

“Je ne peux pas me fâcher avec eux”

La rédactrice du chef invoque un devoir d'information, pour faire connaître les enjeux de l'élection, les candidats et leurs propositions. Lotfi Ben Khelifa reconnaît que le média traite aussi son actualité. Et parfois équitablement : "Ils ont fait un bel article à mon lancement de campagne, je ne m'y attendais pas." "On est obligé de composer avec eux. Pour le bien de ma campagne, je ne peux pas me fâcher avec eux", souffle un autre candidat.

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(1) Article 52-1 du Code électoral : “À compter du premier jour du sixième mois précédant le mois au cours duquel il doit être procédé à des élections générales, aucune campagne de promotion publicitaire des réalisations ou de la gestion d'une collectivité ne peut être organisée sur le territoire des collectivités intéressées par le scrutin. Sans préjudice des dispositions du présent chapitre, cette interdiction ne s'applique pas à la présentation, par un candidat ou pour son compte, dans le cadre de l'organisation de sa campagne, du bilan de la gestion des mandats qu'il détient ou qu'il a détenus.”

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