Économies d’eau : la main tendue du comité de bassin

Aider les nappes à se recharger en ville, décloisonner le cours des rivières à la campagne, réduire le nombre de fuites dans les réseaux d’eau souterrains... Le plan de bassin d’adaptation au changement climatique rendu public le 6 juin donne des clés aux communes pour réduire leur impact sur les ressources en eau. À elles de s’en saisir, d’ici à 2016.

Alors qu'à Lyon le plan local d'urbanisme (PLU) est en cours de révision, il pourrait demain intégrer les recommandations du "plan de bassin d'adaptation au changement climatique". Déjà la rue Garibaldi (Lyon 3e), dans sa partie rénovée, intègre une bande de terre dans son terre-plein central, chargée de désimperméabiliser le sol. Les eaux de pluie peuvent ainsi recharger la nappe phréatique au lieu de s'évaporer. Une première à Lyon mais qui pourrait devenir la norme à partir de 2016.

“Lyon a le même climat qu’Avignon il y a trente ans”

En effet, le réchauffement climatique n'est pas un vain mot selon le diagnostic du comité de bassin : "Lyon a le même climat qu'Avignon il y a trente ans", résume le préfet, Jean-François Carenco, expliquant pourquoi de nouvelles mesures d'économie d'eau sont nécessaires à Lyon.

Le préfet a ainsi présenté vendredi dernier le plan de bassin d'adaptation au changement climatique*, en compagnie de Michel Dantin, président du comité de bassin, et de Martin Guespereau, directeur de l'Agence de l'eau Rhône-Paca-Corse. Un plan inédit en France, cosigné par cinq régions** et qui dresse le diagnostic des ressources en eau d'un bassin hydrographique en triangle allant des Vosges à Menton, au sud-ouest, et à Perpignan au sud-est.

Ce document, non contraignant, prépare l'adoption du futur schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) qui s'imposera aux plans locaux d'urbanisme (PLU) et aux schémas de cohérence territoriale (SCOT) des communes à partir de 2016. Ces documents administratifs devront être "rendus compatibles" avec les orientations du SDAGE. Reste à savoir quelles recommandations du plan de bassin d'adaptation au changement climatique présenté le 6 juin seront reprises dans ce vaste plan de gestion pour 6 ans des ressources en eau.

1,5 m2 de zone d’infiltration d’eau pour 1 m2 construit

Dans les villes, le bilan du comité de bassin recommande de rénover les réseaux d'eau souterrains pour limiter les fuites. Pour un mètre carré imperméabilisé en zone urbaine, le plan veut créer en contrepartie 1,5 m2 de zone d'infiltration d'eau. Une mesure que les membres du comité de bassin espèrent voir adopter dans le SDAGE. "Le bénéfice, ce sont des crues moins violentes et des nappes plus pleines, un étalement urbain moins fort et des îlots de chaleur mieux combattus", justifie Martin Guespereau, de l'Agence de l'eau.

Pour éviter la perméabilisation des sols, il est également conseillé aux communes de créer une zone d'infiltration d'eau dans les parkings construits. En agriculture, des porte-greffes moins consommateurs d'eau sont conseillés, ainsi que des modifications dans les méthodes d'irrigation (le goutte-à-goutte est préconisé au lieu des techniques d'inondation encore pratiquées dans certaines cultures). Il est recommandé aux communes de planter des arbres le long des cours d'eau afin de limiter l'évaporation et les eaux croupies qui font mourir les poissons. Enfin, les normes des stations d'épuration pourraient encore évoluer ces prochaines années.

Le futur SDAGE du bassin Rhône-Méditerranée transformera-t-il ces recommandations en mesures contraignantes ? Le document de planification pour l’eau et les milieux aquatiques fait actuellement l'objet de consultations. Une version projet*** doit être soumise à consultation des assemblées et du public avant la fin de l'année. Ensuite, en décembre 2015, le comité de bassin donnera son avis sur le programme de mesures et adoptera le futur SDAGE. Enfin, le préfet coordonnateur de bassin l'arrêtera avant la fin 2015.

* Pour consulter le plan de bassin d'adaptation au changement climatique, cliquez ici.
** Franche-Comté, Bourgogne, Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Rhône-Alpes.
*** Pour consulter l’avant-projet de SDAGE 2016-2021, cliquez ici.

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