Philippe Valentin CCI
© Jean-Jacques Raynal

Ouverture d’une Bourse régionale pour les PME

Un nouveau concept de bourse régionale à destination des PME/PMI a été conçu en Rhône-Alpes, structuré autour de l’association Place d’Echange. Les PME peuvent espérer lever entre 200 000 et 1 million d'euros.

La semaine dernière, Place d’Echange annonçait sa première introduction, l’entreprise iséroise Euroglass. Les entreprises rhônalpines peuvent y financer leur projet en ouvrant une partie de leur capital aux investisseurs. Pensé par des entrepreneurs locaux, puis porté par la CCI de Lyon, le concept a été transposé sur l’ensemble de la région, par le biais des CCI. Le système de proximité se veut "adapté aux PME et à leurs contraintes", quelque soit leur secteur. Une réponse voulue notamment aux difficultés éprouvées par celles-ci pour leur financement. Avec Place d’Echange, les PME peuvent espérer lever entre 200 000 et 1 million d’euros.

Situation financière analysée

Des sociétés dont le CA devrait plutôt osciller entre 2 et 3 millions d'euros minimum. Deux organismes se recoupent : l’association Place d’Echange, et Alternativa, opérateur boursier agréé ainsi que société de conseil en investissements. L’entreprise doit candidater auprès de Place d’Echange sur un projet précis, puis un audit est réalisé par un comité de sélection. Sa situation financière ou la viabilité du projet sont analysées. La valorisation est effectuée par un cabinet d’experts indépendant, membre d’une association agréée par l’Autorité des marchés financier (AMF). La part du capital à introduire est ensuite définie. Alternativa est chargé de l’ensemble de l’aspect réglementation, des cotations et transactions.

Lever rapidement des fonds

La PME peut alors lever directement et rapidement des fonds auprès des investisseurs, du particulier au fond d’investissement. "Le système est simple. C’est de l’action pure et dure. On retrouve une augmentation de trésorerie en même temps qu’une augmentation de capital", explique Philippe Valentin, président de Place d’Echange.

Cet organisme est le coordinateur du projet. "L’association accompagne et sensibilise les entreprises pour leur introduction. Elle coordonne la levée de fond avec Alternativa. Un soutien est également apporté avec les CCI dans la conduite du projet de l’entreprise ", relate Denis Feuillant, responsable du développement de Place d’Echange.

Une cotation périodique

La cotation des actions est périodique : "Annuelle dans un premier temps, et peut-être à l’avenir semestrielle voire trimestrielle ". Une cotation "sur la valeur de l’entreprise calculée, et non la valeur du titre". Une distinction avec le système de bourse traditionnel, où la cotation est quotidienne. Un ajustement est réalisé par rapport à la rencontre offre/demande, sur une fourchette de +/- 15% maximum.

Selon Denis Feuillant, la spéculation à court terme ou malsaine est écartée : "Une spéculation existe toujours, mais saine car axée sur la progression de l’entreprise." Sur l’inquiétude concernant la viabilité des entreprises cotées, le responsable précise que celles-ci doivent respecter un certain nombre de critères restrictifs. L’ancienneté (au moins quelques années) en fait partie.

L’actionnaire doit par ailleurs remplir un questionnaire auprès d’Alternativa, portant sur sa capacité financière, sa connaissance des mécanismes etc. Il s’agit de s’assurer de sa connaissance des risques pris, et sa capacité à assumer son investissement. Une volonté de limiter les risques, dont la seule garantie n’est cependant qu’une déclaration sur l’honneur.

"Un cadre de l’actionnariat connu et contrôlé"

Un éclairage est porté pour l’investisseur sur les critères immatériels de l’entreprise (relations clients, compétences, savoirs etc.) Celui-ci a accès à un certain nombre d’informations contingentes à la structure (CA, carnet de commandes, axe de développement stratégique, résultats, trésorerie etc.).

La question de la transparence et des méthodes d’évaluation se pose sur un tel système. "Les évaluateurs analysent toutes les données de l’entreprise, qui s’engage à les lui fournir. Ils sont sélectionnés en fonction de leur expérience, leur réputation au sein de la région, et agréé par Alternativa ", précise le directeur de développement.

Cette bourse est placée sous contrôle légal de l’AMF.

"Ce système est très souple. Il permet une proximité avec les investisseurs, et s’inscrit dans une pérennité. Le cadre de l’actionnariat est connu, contrôlé et beaucoup moins spéculatif que dans d’autres systèmes", énonce Isabelle Moyon, directrice générale de Mille et Un Repas (Ecully), l’une des deux entreprises, avec Processium (Villeurbanne), qui devraient être cotées d’ici l’automne.

Seul une minorité du capital est ouvert. "Entre 10 et 20%. Les chefs d’entreprises sont toujours majoritaires et conservent le contrôle de leur structure", ajoute Denis Feuillant.

130 investisseurs pour Euroglass

Lors de son introduction, Euroglass (La Gache, Isère) réunissait 130 investisseurs, pour une levée de 600 000€. La PME de 12 salariés est spécialisée dans la fabrication et la commercialisation des surfaceuses à glace électrique, pour les patinoires. Elle compte accroître son développement à l’international, en particulier sur le 1er marché mondial, au Canada.

Sur la continuité d’un tel procédé, Isabelle Moyon envisage des perspectives positives. "Nous levons aujourd’hui des fonds pour 2014, et selon les besoins, l’outil pourra permettre d’en ouvrir dans les années à venir."

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