Acheter de l'alcool après 22h ? Facile !

L'arrêté municipal est clair : interdiction de vendre de l'alcool à Lyon à partir de 22 heures dans les épiceries et les stations services de Lyon durant l'été. Un arrêté peu respecté dans la réalité. Les amateurs d'ivresse nocturne peuvent garder leurs habitudes, l'alcool est toujours disponible à ces heures.

23 heures à Lyon, il fait chaud, les rues fourmillent de noctambules, les derniers dîners sont pris dans les restaurants, la longue nuit commence. Rien de tel qu'un peu d’alcool pour ouvrir la danse ? Pourtant interdit de vente à ces heures-ci, il a été aisé, pour nous, de se procurer ce désormais prohibé liquide. Sur la dizaine d'épiceries visitées entre la place des Terreaux, la Guillotière et Valmy, une grande majorité d'entre elles ont accepté de vendre de l'alcool en dépit de l'interdiction.

"Cache la dans ton sac !"

"Cache ! Cache ! Mets la bouteille dans ton sac avant de payer", prévient un épicier, proche de la place des Terreaux, tout en regardant à l’extérieur, avant de poursuivre : "C’est 750 euros d’amende par bouteille, j’ai pas les moyens moi si je me fais prendre". Pas de sac, pas d’alcool ! Tel a été le mot d’ordre de la soirée. La même inquiétude était pratiquement palpable dans toutes ces petites épiceries à l’apparence modeste que nous avons parcourues dans la soirée.

L’alcool nous a été vendu discrètement mais tous, sans exceptions, nous ont signalé l'existence de l'arrêté en nous montrant des articles de journaux ou des écriteaux. Comme une façon de se déculpabiliser vis-à-vis du client et des gênes occasionnées. "C’est une grosse perte pour nous si nous appliquons la loi, c’est dur mais c’est comme ça", nous a confié un autre épicier en nous montrant ses rayons de bières et de vins. A vue d’œil ces derniers représentaient un bon tiers de la marchandise. Cette proportion était identique dans les autres magasins visités. En fin de compte, c’est avec la boule au ventre que ces commerçants enfreignent la loi pour parer ce manque à gagner.

Refus à contre cœur

Du bon côté de la loi, le malaise était tout aussi présent. "Je suis vraiment désolé mais c’est interdit, je ne peux pas vous vendre ça", nous interpelle immédiatement l’employé du Monoprix proche de Cordeliers, dès que nous approchions des réfrigérateurs. Le ton était ferme, mais le regard fuyant comme pour éviter tout conflit. Visiblement l’application de la loi est source de tensions pour ceux qui la respectent.

Chez les petits commerçants de quartier, le refus de vente était encore plus amer. "Je m’excuse mais c’est la loi et je ne peux aller contre", explique l’un d’entre eux d’une voix à la fois triste et gênée regrettant cette décision, qui va à l’encontre de sa profession. Rappelons qu’au total, seul trois établissements sur dix nous ont laissé repartir bredouilles.

Finalement, respecté ou non, cet arrêté municipal met en valeur l'importance du commerce d'alcool nocturne à Lyon. Pour ce qui est d'être vraiment dissuasif, il est encore trop tôt pour faire un bilan selon la police et la municipalité. Ce qui est du moins certain c'est que l'inquiétude s'est installée chez les acheteurs et vendeurs d'alcool. Mais la mauvaise conscience suffit-elle à tuer le vice ?

Lire aussi : "Vente d'alcool après 22h : "Et pourquoi pas un couvre-feu ?"

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