La Chambre des comptes solde des années de polémiques avec GL Events

POLÉMIQUE - La Chambre régionale des comptes vient de rendre public son rapport sur la gestion du Palais des Congrès de la Cité Internationale que gère le groupe lyonnais GL Events. Et ravive en passant quelques polémiques soulevées à l’époque sur la procédure de marché public réalisée par le Grand Lyon.

S’il y a un dossier qui rend Gérard Collomb chatouilleux - voire fou furieux - c’est bien celui de la société d’Olivier Ginon, GL Events.

Évoquer les escapades du maire de Lyon à Saint-Tropez (ou ailleurs) à bord du jet privé d’Olivier Ginon, l’un des patrons lyonnais le plus engagé par la commande publique, c’est s’assurer une volée de bois vert de la part de Gérard Collomb. Pointer l’étrange et trouble monopole octroyé à Lyon par le même Gérard Collomb à "GL", c’est avoir la garantie d’être la victime expiatoire de l’humeur colérique et intimidante du maire de Lyon. Souligner le conflit d’intérêt créé par le départ chez GL Events en 2009 de Christophe Cizeron, directeur de cabinet de Gérard Collomb au Grand Lyon qui a eu à superviser plusieurs dossiers favorables au mastodonte des salons et congrès, c’est voir Collomb s’engager dans une froide mise au point en plein conseil du Grand Lyon, allant même jusqu’à renvoyer l’opposition aux turpitudes des années Michel Noir.

En somme, GL Events apparaît comme le dossier sensible qui rend le maire très susceptible.

La Chambre régionale des comptes s’est penchée sur une partie de ce dossier. Elle a enquêté sur la gestion du palais des congrès à la Cité Internationale. En bon juge de paix, elle vient solder plusieurs années de polémiques concernant l’attribution de la Cité des Congrès à GL Events.

Argument fallacieux

Le premier à se satisfaire de ce rapport, c’est Gérard Collomb lui-même : “Il y a toujours des remarques dans leur rapport sinon ce n'est pas la peine qu'ils écrivent. Mais leur rapport, ça veut dire RAS (Rien à signaler, Ndlr)" balaie le maire de Lyon.

Pourtant, le rapport comporte quelques sévères constations que le maire de Lyon a toujours fait mine d’ignorer. Tout d’abord les conditions d’attribution de la délégation de service public de la Cité des Congrès à GL Events. En effet, comme de nombreux observateurs, la Chambre s’étonne que le Grand Lyon ait annulé en 2005 le premier appel d’offres qui voyait une filiale de GL Events (SECIL) concurrencée par la société VEGA. Motif avancé à l’époque : le Grand Lyon n’était “pas convaincue de la compétence de la société ­(VEGA, Ndlr) au regard des références indiquées dans l’acte de candidature”. Après une analyse détaillée des références et du dossier de candidature de VEGA, la chambre observe “que les références professionnelles présentées par le candidat apparaissaient, a priori, conformes aux exigences posées par l’avis d’appel à la concurrence”.

En clair, le motif d’incompétence avancé par le Grand Lyon pour justifier de l’annulation du premier appel d’offres ne tient pas la route. Le rapport l’exprimera d’ailleurs très clairement quelques lignes plus loin: “les garanties professionnelles apportées par la société VEGA semblaient correspondre naturellement aux exigences posées par la collectivité et il paraît surprenant qu’un rejet de sa candidature ait été pris” à l’époque. Lors du deuxième appel d’offres, GL Events a été seul à répondre et face à l’absence de concurrence a remporté le marché du Palais des Congrès de Lyon.

Défaut de concurrence

La raison pour laquelle GL Events a été le seul à répondre au marché est peut-être à rechercher dans la discrétion avec laquelle le Grand Lyon a rendu public ce marché élaborée dans un contexte où les opérateurs internationaux capables de gérer ce type de structures se comptent sur les doigts d’une main.

À l’époque déjà, le représentant de la direction de la concurrence avait pointé cette défaillance au regard des procédures de mise en concurrence. Le Grand Lyon aurait dû en effet réaliser un appel d’offres européen au lieu de quoi il l’a publié dans des journaux comme Le Tout Lyon, Télérama ou Le Moniteur. Jacky Darne, le vice-président délégué aux finances au Grand Lyon rétorque que "Le Moniteur n'est pas vraiment une publication confidentielle".

Et pourtant bien qu’euphémisées, les conclusions du rapport de la Chambre des comptes relèvent l'irrégularité et rappellent qu’“au cours des débats de la commission de délégation de service public”, le représentant de la direction de la concurrence avait relevé “le caractère manifestement insuffisant et/ou inadapté des publicités réalisées par le Grand Lyon”. Et le rapport de la Chambre des comptes d’enfoncer le clou: “compte tenu du montant de contrat de délégation (chiffre d’affaires prévisionnel de 215 millions d’euros pour la période 2007-2016) et de la volonté de la collectivité de recourir aux meilleurs professionnels sur ce secteur d’activité, il lui appartenait de se conformer à la réglementation européenne applicable dès le lancement de la procédure de délégation de service public”.

RAS

Au sein de l’opposition, seul Max Vincent (Groupe Centristes et Démocrates) a réagi en demandant à Gérard Collomb “comment de tels faits ont pu échapper à (ses) services”. Quant au chef de l’UMP au Grand Lyon, François-Noël Buffet, il estime que “dans l’ensemble, les choses ne fonctionnent pas trop mal au Centre des Congrès”. Pour Collomb et l’opposition, RAS donc. Mais tous ne sont pas du même avis à commencer par la Chambre des comptes qui vient de rappeler les anomalies dans la passation du marché public.

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