Camp Roms © Tim Douet010

Lyon 7e : "C'est le temps des Gitans"

Scène surréaliste ce mardi matin dans le quartier de Lyon-Gerland, où des centaines de Roms, erraient dans les rues -matelas, bouteilles de gaz et enfants sous le bras-, après s'être fait expulser d'un terrain vague, occupé dans la nuit.

©Tim Douet

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Sous les yeux de dizaines de policiers mobilisés sur ordre du préfet; 140 ressortissants roumains dont quarante enfants, ont été expulsés ce mardi matin d'une ancienne usine située au 235-237 rue Marcel Mérieux à Lyon 7e. Non loin des sièges sociaux de Mérial et Sanofi et sous les yeux médusés des habitants et des salariés du quartier à la pause déjeuner; les familles ont déménagé leurs caravanes à main-nues, et le maximum de biens matériels dans le dénuement le plus total, avant que les forces de l'ordre ne procèdent à la sécurisation du terrain, appartenant "à un propriétaire privé" selon la préfecture.

La veille encore, les ressortissants roumains occupaient encore un autre terrain vague, situé à proximité, rue Jean Baldassini. Un terrain investi fin avril, intéressant pour sa proximité avec une antenne locale des Bains douches. Pratique pour se laver, même si la fermeture le soir, le week-end et en période de congé, entrainait une partie des Roumains à faire leurs besoins, au pied des immeubles, selon les riverains pour certains excédés.

Camp Roms © Tim Douet016 ()

Après une décision de justice prononcée le 14 août, une expulsion forcée du terrain était envisagée dans les prochains jours. Les Roms, s'attendant à voir débarquer la Police, avaient donc pris les devants. Certains d'entre-eux étaient partis en repérage afin de trouver un autre lieu à occuper. Ils avaient élu domicile "dès le 2 septembre" selon certains témoignages, dans une ancienne usine de la rue Marcel Mérieux; le gros de la troupe les y a rejoints dans la nuit.

Les forces de l'ordre arrivée sur place ce mardi matin ont considéré que "les serrures avaient été forcées". Sous l'égide du préfet, elles n'ont donc pas tenu compte du "délai de 48h" au-delà duquel une décision de justice est nécessaire pour expulser un squat et ont procédé à l'expulsion immédiate de l'ancienne usine et du terrain attenant.

Pas de solution de relogement

Sur place, les associations d'aide aux Roms étaient catastrophées. "D'habitude, ils ont un point de chute, mais là, c'est la première fois qu'ils n'en ont pas. Ils restent dans le quartier, sous les abris-bus, ils ne savent pas où aller", s'inquiétait Gilberte Renard, de l'association CLASSES qui suit les enfants de Roms.

Camp Roms © Tim Douet010 ()

Un salarié des services sociaux de la Ville assurait -en off- connaître la plupart des familles "depuis trois ans, voire huit ans pour certaines. Seules certaines familles arrivées récemment de Saint-Etienne ne sont pas connues de nos services". Un habitant devant le déménagement en cours commentait "c'est le temps des gitans !" en référence au film d'Emir Kusturica primé à Cannes en 1989.

Mais alors que six enfants du campement venaient tout juste d'être inscrits à l'école du quartier la semaine dernière, les familles ne savaient toujours pas où dormir à 17h30. Selon le 115, il n'y avait pas de places pour les loger dans les foyers d'hébergement d'urgence.

Par ailleurs, une personne a été placée au centre de rétention administrative de Lyon ce mardi matin; sous le coup d'une OQTF, elle est en voie d'être expulsée du territoire français. Une seule famille s'est vue proposer un hébergement "à titre humanitaire" par la préfecture, "le temps de prodiguer à l'enfant malade les soins nécessaires et suffisants dans l'attente de statuer sur la situation administrative de cette famille".

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