Dessin orientation LC771

Orientation : comment aider ses enfants à trouver leur voie

Doublée cette année de l’inconnue Parcoursup, l’orientation s’accompagne souvent de moult questionnements voire d’angoisse. Quelle place les parents doivent-ils occuper dans ce parcours ? Comment aider son ado à faire le bon choix ? Conseils d’une spécialiste et témoignages.

D’un côté, des jeunes qui ont peur de se tromper, de décevoir leurs parents, ou qui n’ont aucun projet. De l’autre, des parents qui souhaitent que leur enfant trouve du travail facilement, et qu’il soit heureux. Le choix d’une orientation n’est pas toujours évident, il peut s’apparenter à une véritable épreuve. Même pour les chanceux qui ont une idée précise de ce qu’ils veulent faire plus tard (et des études nécessaires pour y arriver), il est nécessaire de vérifier que leur projet tient la route et correspond à leurs motivations profondes et à leur mode de fonctionnement.

Faire la différence entre vrai projet et fantasme

Olivia Perre-Prénat, du cabinet Myway Orientation, recommande de faire la différence entre un vrai projet, qui se sera construit en s’étant renseigné, et le faux projet qui permet de se rassurer et de rassurer son entourage : “Les parents peuvent demander à leur enfant “Comment en es-tu arrivé à cette idée ?” ou encore “Peux-tu me décrire ton projet ?” Parfois, les jeunes ont une représentation erronée de certaines professions, par exemple la médecine ou encore la police scientifique. Phénomène renforcé par certaines séries qui véhiculent une image flatteuse et idéalisée de ces métiers. Afin que son projet corresponde à la réalité, le jeune doit savoir en quoi consiste vraiment le métier auquel il aspire…” Attention aussi de vérifier que l’adolescent ne confond pas passion et métier : ce n’est pas parce qu’on adore les animaux qu’on est fait pour être vétérinaire.

Aller à la pêche aux infos

La recherche d’informations est indispensable pour permettre au jeune de se faire une bonne idée des différents métiers et de valider – ou pas – son projet d’orientation. Lire la presse, faire des stages, assister à des conférences sur des salons par exemple, rencontrer des professionnels, surfer sur Internet à la recherche d’interviews de professionnels ou encore à la découverte des sites des écoles sont autant de pistes à explorer. Les parents peuvent effectuer un “débroussaillage” en amont, afin de faire gagner du temps à leur enfant. “Il faut pousser son enfant à multiplier les contacts et les échanges, en l’incitant par exemple à assister aux portes ouvertes des établissements, afin de s’imprégner de l’ambiance, de rencontrer et discuter avec les étudiants, et de se visualiser, conseille Olivia Perre-Prénat. Si votre ado assiste à une conférence, insistez pour qu’il aille voir les intervenants à la fin et qu’il leur pose ses questions. De cette manière, il récolte non seulement de précieuses informations pour son orientation mais commence aussi à se constituer un petit réseau.”

Gérer les projets inattendus

Certains jeunes ont des projets professionnels qui surprennent leur entourage, voire ne semblent pas adaptés à leur personnalité, à leurs notes, à la sélectivité de l’enseignement visé… Faut-il briser leurs rêves et les ramener à la réalité, au risque de les dévaloriser ? “Depuis toujours, notre fils Paul veut être ingénieur en aéronautique, explique Emmanuelle. Pourtant, selon nous, cela ne lui correspond pas vraiment : il n’est pas scientifique dans l’âme et semble davantage intéressé par l’actualité, la politique. On a choisi de ne pas lui couper les ailes et de le soutenir dans son projet. Cela avait aussi un côté confortable de savoir ce qu’il voulait faire plus tard. Et on se disait que, si c’était vraiment son souhait, il y arriverait. Suite à un stage avec des ingénieurs, il s’est rendu compte que cela ne lui correspondait pas et qu’il préférait postuler à Sciences Po. Nous n’étions pas complètement étonnés. Nous l’avons aidé à valider son projet, en recherchant toutes les informations nécessaires. Paul s’est mis à fond dans la préparation du concours, et on le soutient. En revanche, comme son dossier n’est pas excellent, on a bien insisté, en prenant des pincettes, sur le fait qu’il s’agit d’une formation extrêmement élitiste et qu’il faut qu’il ait un plan B, voire un plan C.”

Rester ouvert, bienveillant

L’accompagnement du parent doit rimer avec échange, ouverture et bienveillance ; il ne s’agit en aucun cas de dire à son enfant “Ce n’est pas fait pour toi”, “Ce métier est inintéressant”, ou encore “Tu n’y arriveras jamais”… “Sans compter que casser le projet d’un jeune peut avoir des répercussions sur sa motivation à l’école, prévient Olivia Perre-Prénat. Il faut être bienveillant, l’écouter, mettre en avant ses qualités par rapport à son idée, sans pour autant l’encourager dans un projet utopique. On peut émettre des réserves : “Il n’y a pas beaucoup de débouchés dans ce secteur”, ou encore “Cette formation est très difficile”…” Il s’agit de pointer en douceur les difficultés liées à son projet et de ramener son enfant dans le concret : visite d’école, recherche d’infos, rencontre de professionnels… Il se rendra ainsi compte par lui-même de la faisabilité de son projet.

Faire émerger des idées

Il arrive qu’un jeune n’ait aucune idée de ce qu’il veut faire. Beaucoup d’adolescents ont du mal à se projeter, et les guider est d’autant plus complexe qu’ils sont en phase d’opposition à leurs parents. “Valentin a été très autonome dans ses recherches, explique Lætitia, sa mère. Le problème, c’est qu’il n’avait pas d’idée de ce qu’il voulait faire. Malgré ça, il n’a accepté aucune aide de notre part, il ne voulait pas de nos conseils. Sa chance, c’était d’avoir de bonnes notes, donc peu de portes lui étaient fermées. Il se retrouve aujourd’hui dans une très bonne prépa aux écoles de commerce, mais sans avoir davantage d’idées concernant son avenir. Le fait que ce soit généraliste et qu’il n’ait pas encore intégré d’école lui permet en quelque sorte de repousser encore l’échéance.” Quand aucun projet n’émerge, il peut être intéressant de proposer au jeune de faire un bilan d’orientation. Utilisé aussi pour valider un choix, un type d’études (suis-je fait pour une prépa, pour des études courtes ou longues ? etc.), le bilan d’orientation a le mérite d’être réalisé par une personne “extérieure”, donc neutre. “La condition sine qua non, c’est que le jeune soit motivé par la démarche, afin que ce soit vraiment efficace, souligne Olivia Perre-Prénat. Lors des bilans que nous proposons, nous travaillons sur l’“autodéclaratif” – le jeune dit ce qu’il aime, ce qu’il n’aime pas, etc. –, mais surtout avec des méthodes projectives et interactives (photos, dessins…). Nous travaillons en face à face avec le jeune sur différentes dimensions, pour trouver la cohérence entre ses motivations profondes, ses traits de personnalité et ses zones de confort. Le bilan permet ainsi au jeune d’avoir une meilleure connaissance de lui-même, et de définir ensemble des pistes concrètes d’études et d’orientation professionnelle.” Lorsqu’ils étaient en première, Sybille a fait faire un bilan d’orientation à chacun de ses enfants, qui avaient pourtant un profil très différent : “Ma fille Ombeline voulait absolument faire une école d’ingénieur en informatique. À l’issue du bilan, on lui a fortement conseillé d’intégrer une école d’ingénieur généraliste. Elle n’a pas regretté car, dès la première année, l’informatique était la matière qu’elle aimait le moins… Mon fils Quentin n’a jamais été un travailleur acharné et ne savait absolument pas dans quelle voie s’orienter. Lors du bilan, on lui a proposé de s’orienter vers un BTS comptabilité-gestion. Il est actuellement en deuxième année et adore ce qu’il fait. Il veut même intégrer une école de commerce en admission parallèle. Comme il doit être dans les quatre premiers de sa classe, il travaille énormément, il est super motivé !”

Soutenir son enfant tout en le laissant libre, être un moteur en l’incitant à être acteur, voilà comment résumer la place des parents dans la construction de l’orientation de leur enfant. Leur parcours professionnel n’ayant pas grand-chose à voir avec ce que vivront les générations futures, ils doivent oublier leur propre vécu, sous peine de projeter leurs ambitions et leurs angoisses sur l’adolescent, voire de lui imposer leurs choix. Savoir qu’il existe des passerelles que le jeune pourra emprunter au cours de son orientation, que celle-ci n’est pas figée une fois pour toutes, les y aidera.

Cet article est paru dans Lyon Capitale le mensuel n°771 (novembre 2017)

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