Les antinucléaires fliqués par EDF

Stéphane Lhomme, "très remuant" porte-parole du Réseau Sortir du nucléaire*, dont le siège est à Lyon, a été placé "sous surveillance" par la société suisse de sécurité informatique Securewyse Consulting & Services, dans le cadre d'un contrat passé avec EDF. Information confirmée, quinze jours plus tard, dans Le Point par Michel Arditti, patron de Securewyse : "En 2004, Thierry Lorho m'a demandé de créer une plateforme informatique anonyme pour infiltrer les forums antinucléaires. Il se vantait d'avoir deux taupes, qu'il appelait X et Y, chez Greenpeace et l'association Sortir du nucléaire".

Thierry Lorho, un ancien de la DGSE, est le boss de Kargus Consultants, une officine privée de renseignements. Il affirme avoir agi sur ordre de deux responsables de la sécurité à EDF, un ex-commandant de police, Pierre François, et un ancien contre-amiral, Pascal Durieux, aujourd'hui mis en cause par la justice.

Quels renseignements cherchait EDF ? En mai 2006 et mars 2008, le militant antinucléaire Stéphane Lhomme avait été placé en garde à vue par la DST pour avoir dévoilé un document classé "confidentiel défense" d'après lequel le réacteur nucléaire de troisième génération EPR ne résisterait pas au crash d'un avion de ligne. "Les services publics d'espionnage, DST et RG, sont en échec depuis des années pour retrouver la "source" interne à EDF qui m'a fait parvenir le document en question, explique Stéphane Lhomme. Il paraît clair qu'EDF a essayé, par des méthodes illégales, de chercher de son côté". La méthode en question ? Le piratage de sa boîte mail, "grâce à la complicité de Wanadoo". Le Réseau Sortir du nucléaire et Stéphane Lhomme se sont constitués parties civiles et demandent la mise en examen de Pierre Gadonneix, le Pdg d'EDF, estimant que "seuls les plus hauts dirigeants du groupe ont pu décider de tels agissements". De son côté, le groupe public a résilié le fameux "contrat de veille" passé avec Securewyse au motif qu'il dérogeait aux règles du groupe. Les deux chefs de la sécurité d'EDF, quant à eux, ont été suspendus de leurs postes.
* Fédération de 846 associations anti-nucléaires basées en France, en Allemagne, Belgique, Autriche, Suisse, Canada, Espagne, Etats-Unis, Royaume-Uni et Ouganda.

Article paru dans l'édition de mai de Lyon Capitale

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