Manifestation de Gilets jaunes devant l’hôtel de région, à Lyon, le 7 décembre © Tim Douet
Manifestation de Gilets jaunes devant l’hôtel de région, à Lyon, le 7 décembre © Tim Douet
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Politique : À qui profitera la colère jaune ?

Politiquement et paradoxalement, La République en Marche espère sortir gagnante d’une crise qu’elle a mal gérée et qui a montré ses limites. Une transformation politique du mouvement des Gilets jaunes pourrait déboucher sur une balkanisation supplémentaire des oppositions à Emmanuel Macron.

L’espace de soixante-douze heures, La République en Marche a vacillé. À la veille d’un acte IV des Gilets jaunes annoncé comme celui de tous les dangers, avant l’intervention du chef de l’État, la panique a gagné les rangs. Même à Lyon, berceau du macronisme et zone urbaine épargnée par la fièvre jaune. “La région est envahie par des manifestants, les lycéens sont dans la rue”, observe, dépitée, une cadre locale du jeune mouvement qui n’avait jamais autant fait son âge. La démission d’Édouard Philippe et de son gouvernement est reléguée au rang de mesurette. La dissolution de l’Assemblée nationale n’est plus un tabou. Au comité départemental LREM, les élections européennes sont passées par pertes et profits. Seules les municipales peuvent résister, par la grâce du départ anticipé de Gérard Collomb du gouvernement avant que la marée jaune ne se forme. Comme le Gouvernement, le parti et ses élus ont regardé d’abord de loin ce mouvement spontané et ses revendications spontanées. Après l’allocution d’Emmanuel Macron, qui a su dessiner une porte de sortie de crise, la cote d’alerte est redescendue. “Sur cette séquence, il y a eu un peu de fébrilité chez les parlementaires. Je pense que c’est une question de maturité, pointe Yves Blein, qui en est à son deuxième mandat de député. Ça a tangué, mais je n’ai pas senti le Gouvernement ou le groupe au bord de l’implosion. Je ne veux pas faire le kakou, mais j’ai rappelé à mes camarades que, lors du mandat précédent, sur la Manif pour tous, ils étaient un million dans la rue, que, sur la loi Travail, il y avait eu des manifestations avec des casseurs pendant trois semaines. La fébrilité s’explique aussi par le profil des nouveaux députés. Ce sont des gens qui viennent souvent du monde de l’entreprise. Ils connaissent moins les difficultés traversées par un certain nombre de Français. Ce sera moins le cas demain. L’alerte a été chaude.” En quatre semaines d’une mobilisation permanente, les Gilets jaunes ont mis en lumière les failles de La République en Marche. “Le péché originel, c’est l’ISF. En marginalisant l’opposition, nous avons créé cet affrontement : le peuple face à Macron. Le plan Pauvreté n’a pas imprimé, alors que les Français n’ont pas oublié ses sorties sur les “Gaulois réfractaires””, peste une responsable locale du parti présidentiel en évoquant “le monstre qu’on a créé”.

“Tout commence” pense Bruno Bonnell

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