Ciné : New York Melody, quand la musique adoucit les mœurs

Critique – La musique unit et désunit les couples. C’est en substance ce que nous raconte la New York Melody de John Carney. Il reste dans les canons du film romantique, avec des prestations honorables. Mais c’est un film optimiste et joyeux, qui se laisse regarder.

Qui ne s’est jamais dit qu’un jour il tomberait amoureux en chanson ? Quel artiste ne s’est pas déjà dit que ses chansons c’était sa vie ? C’est cela que raconte John Carney dans New York Melody. Le réalisateur irlandais nous plonge dans les rues de la Grosse Pomme, à la suite de Gretta (Keira Knightley) et Dan (Mark Ruffalo). L’une vient de quitter son petit ami musicien, Dave Kohl (Adam Levine), qui l’a trompée avec son attachée de presse. L’autre, producteur de disques de son métier, vient de se faire virer par son label car il ne ramène plus assez de jeunes talents. Depuis, il passe ses journées à boire sans payer, alors que son mariage est en péril et que sa fille se fait de plus en plus distante. C’est dans ce concours de circonstances qu’ils se rencontrent, et deviennent amis. La comédie romantique a ses codes auxquels il ne faut pas déroger.

Un portrait au vitriol de l’industrie musicale

Si le film démarre comme un classique du genre comédie romantique, quelque peu niais, il y a pourtant une prouesse que le réalisateur, ancien musicien professionnel, réalise haut la main : le portrait de l’industrie musicale.

Carney s’attache d’abord à montrer les problèmes d’une industrie qui cherche à tout prix le hit, au mépris de l’authenticité des artistes : Dave, l’ancien partenaire et petit ami de Gretta, se laisse prendre au jeu de la célébrité et perd tout ce qu’il était avant. Mais le réalisateur cherche aussi à comprendre ce qu’il advient d’une industrie qui change, où n’importe quel artiste peut court-circuiter le système grâce à Internet. Si la réflexion n’est pas très aboutie à l’écran, Carney aura au moins eu le mérite de mettre le sujet sur la table.

La musique au cœur

Surtout, John Carney a privilégié la musique au détriment du scénario. Et ce n’est pas uniquement dû à la présence de deux jurés de The Voice US. Construit presque comme une comédie musicale, New York Melody laisse s’envoler la musique à ciel ouvert, dans les rues de New York. L’actrice Keira Knightley chante elle-même sur la bande originale, préenregistrée aux studios Electric Ladyland (qui avaient donné son titre à un album de Jimi Hendrix) à Los Angeles. Les musiques sont originales et écrites en pensant à New York. Les chansons sont également partie prenante du dialogue, c’est autour d’elles qu’interagissent les deux musiciens Gretta et Dave. Le film prend ainsi une autre dimension, plus intéressante.

Des acteurs sur mesure

Keira Knightley est éblouissante dans le rôle de l’Anglaise au cœur brisé revancharde. CeeLo Green, reconverti pour les besoins du film en rappeur star, fait rire dans sa demeure très cliché. Mention spéciale à Mark Ruffalo, qui joue un producteur complètement loufoque, et à Hailee Steinfeld, repérée dans True Grit des frères Coen, qui campe la fille du producteur Dan avec classe et retenue.

New York Melody ne sera sûrement pas la révélation cinématographie de l’année, son scénario prévisible et convenu le rendant quelquefois un peu bancal. Mais, c’est un film joli, optimiste, joyeux, qui fait du bien, comme le pop-corn et les tablettes de chocolat qui vont avec.

Nota bene : Le prochain film de John Carney se centrera sur l’Irlande, avec une bande originale signée Bono, le chanteur de U2.

New York Melody, de John Carney, 1h44. Avec Keira Knightley, Mark Ruffalo, Hailee Steinfeld, Adam Levine, CeeLo Green. Sortie en salles le 30 juillet 2014.
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