Tribune libre : Le stade des lumières allumées

- Tribune Libre -

Stockholm est capitale de la Suède avec 850 000 habitants et une communauté urbaine d’un million trois. Dans le même temps, Lyon est la capitale de la province avec ses 500 000 habitants et une communauté urbaine d’un million trois…

Un an après son inauguration, la Friends Arena, le stade de football (50 000 places, toit rétractable…) construit dans la banlieue de Stockholm, est à vendre. Malgré la magie d’un partenariat public-privé, les cinq actionnaires qui l’ont financé dont la fédération suédoise, cherchent à se débarrasser de leurs parts. Ils s’aperçoivent, dès le premier bilan, que les chiffres prévus pour en assurer la rentabilité… sont faux, comme “boostés” à l’Aquavit. 25 millions de perte la première année, auxquels il faut ajouter les 330 millions de la construction… Au final, les recettes générées par le club résident, l’AIK, et ses 20 000 spectateurs de moyenne, l’organisation de quelques matchs de la sélection nationale, de concerts et autres spectacles ne suffisent pas à rentabiliser l’endroit.

À Lyon, cela n’a rien à voir, bien entendu… Nous sommes tout de même des Lyonnais… confiants, persuadés que les chiffres de rentabilité inventés par les conseillers en communication de MM. Seydoux et Aulas, sont justes, pardon, exacts, “justes” est un mot trop fort pour l’exercice. Ainsi donc, le stade, actif économique de l’OL Groupe, devrait procurer une recette annuelle de 70 millions d’euros… Et mon œil ! Y a t-il un étudiant de seconde année en économie dans la salle ?

En trois ans les pertes de l’OL Groupe sont déjà de 85 millions d’euros. Tout baisse : l’action introduite à 24 euros en est à 2 euros (encore un effort et le pluriel ne sera plus de mise pour l’euro qui restera), les recettes-guichet comme celles du marketing dégringolent de 30 %. Et nous oublions les futures indemnités de l’intransigeant Claude Puel, le contrat extravagant de l’adorable Yohan Gourcuff, la taxe à 75 %… et l’inévitable surcoût de ce genre d’équipement, alors que se profilent l’un des pires hivers du siècle et une crise financière européenne et rampante pour quinze ans – à la louche, comme disait Jean-François Bizot.

– Les supporters, qui sont des gens modestes, ne consomment pas. Un supporter stéphanois n’achètera ni fanions ni sandwichs aux boutiques de l’OL Land ; il viendra avec les siens et voyagera pauvre…

– Le “naming” est à oublier quand on ne fait plus partie de l’élite européenne.

– Les concerts et spectacles, les visites du stade et de la salle des trophées, la vente des droits télé comme des gadgets, les recettes des restaurants sur parking, la vue sur “ass-hole city”, mieux vaut ne pas y compter.

Peu importe, me direz-vous, reste l’amour indéfectible des supporters lyonnais et ce blason tatoué sur leurs corps… pour résister à la lente dégringolade de l’entreprise.

Que le maire de Lyon, Gérard Collomb, soit tombé dans le panneau, en engageant des fonds publics pour soutenir cette entreprise mortifère est une preuve supplémentaire que le cumul des mandats est un sale coup pour la République, ses institutions et notre vie en général… Goal !

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