Dressage : pour Boblet, “la contrainte n’a plus sa place”

Moins connu du grand public, le dressage n’en demeure pas moins une discipline olympique au même titre que le saut d’obstacles. Il s’agit pour le cavalier d’exécuter des figures imposées et notées par plusieurs juges. Pour le cavalier français Marc Boblet, seul tricolore engagé dans les finales de la Coupe du monde lyonnaises, la discipline évolue et se débarrasse de son image trop “martiale”. Entretien.

Lyon Capitale : Tout comme le saut d’obstacles, le dressage est une discipline olympique. Pourtant, elle demeure beaucoup plus confidentielle que le jumping. Pourquoi ?

Marc Boblet : Notre discipline est simplement moins compréhensible pour les personnes qui n’ont pas la technique. Chacun de nos mouvements est noté sur 10 par 5 à 7 juges. Il est vrai que certains critères peuvent totalement échapper aux néophytes, qui ne comprennent pas forcément à quoi correspond la note car ils n’ont simplement pas les clefs. Il faut que nous puissions éduquer le public pour qu’il comprenne le dressage. Il n’y a absolument rien de péjoratif là-dedans.

Comment aujourd’hui faire exister le dressage aux yeux du public ?

Le développement de notre sport passe par la reprise libre en musique, épreuve au cours de laquelle nous exécutons des exercices imposés mais suivant une chorégraphie libre et accompagnée de musiques de notre choix. On peut aisément la comparer à du patinage artistique du point de vue du format de l’épreuve. C’est incontestablement avec des épreuves de ce format-là que passe le développement de notre discipline. C’est comme ça que l’on réussira à montrer la beauté de notre discipline. Des circuits comme celui de la Coupe du monde sont également des événements sur lesquels on doit s’appuyer pour démocratiser notre discipline, puisqu’ils nous permettent de la mettre en valeur dans des salles exceptionnelles, devant un public présent comme ici à Lyon.

Lorsqu’on regarde les dotations pour ces finales, on s’aperçoit que les gains en jeu pour le dressage sont six fois moindres que pour le jumping. Pourquoi ?

Il y a toujours eu d’énormes différences de dotation entre le dressage et l’obstacle. En étant moins médiatique, le dressage peine plus pour attirer les sponsors. C’est mécanique. Mais les choses vont de mieux en mieux et notre discipline est de plus en plus à la mode, même s’il reste évidemment des efforts à fournir. En Allemagne, le dressage fait partie intégrante de la culture, en France, cela arrive plus doucement. Nous souffrons d’être longtemps restés enfermés dans des dogmes qui ne nous ont pas permis de faire évoluer le dressage.

En quoi le dressage d’aujourd’hui est-il différent du dressage d’il y a 20 ans ?

On est passé d’une succession d’exécutions d’exercices stricts, à voir aujourd’hui des chevaux qui s’expriment, qui bougent avec souplesse. Le dressage quasiment “martial”, c’est fini. La contrainte n’a plus sa place. Elle a véritablement été remplacée par la notion de couple. Place à la discrétion, à la finesse.

Quels sont vos objectifs, concrètement, pour ce week-end à Lyon ?

C’est la première année que je participe avec Noble Dream à ce circuit indoor. Je suis évidemment ravi que nous ayons pu bénéficier d’une wild card pour participer à ces finales. À dire vrai, je n’ai absolument aucune idée de la manière dont on va réussir à se placer parmi les autres concurrents. Il y a évidemment les intouchables : Edward Gal (NDL), Helen Langehanenberg (ALL) ou évidemment Charlotte Dujardin (GBR). On se fixe un seul objectif ici : faire le plus de points possible.

Vallegro [le cheval olympique de Charlotte Dujardin, NDLR] est un monstre de technique. Il est capable de ne faire strictement aucune faute sur une reprise, ce qui est absolument extraordinaire. De son côté, Noble Dream peut gagner des points sur certains exercices mais peut également en perdre rapidement.

Que reste-t-il à travailler avec elle ? Quels sont ses prochains objectifs ?

Absolument tout ! (Rires.) En fait, le niveau est tellement élevé qu’on ne peut avoir que des points forts. Ce qu’est capable de dégager Noble Dream en termes d’expression est énorme, mais il faut maintenant mettre tout cela dans un cadre. Cela prend du temps et il faut savoir être patient. Après Lyon, nous arrêterons les concours indoor. Nous irons à Munich et évidemment nous travaillerons dans l’optique des Jeux équestres mondiaux de cet été que nous gardons évidemment en ligne de mire.

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