Le Passe Temps restaurant

Analyse : Lyon est-elle encore capitale mondiale de la gastronomie ?

Analyse – Soixante-dix ans après sa formulation, quel sens donner au bon mot du journaliste Curnonsky ?

Alors que le site Atabula.com vient de décerner le prix de la ville où l'on mange le mieux en France à Bordeaux, devant Paris et Lyon, nous republions ci-dessous un article paru dans Lyon Capitale en décembre 2008 où nous nous interrogions sur le sens de l’expression “capitale de la gastronomie”.

--- Lyon Capitale, décembre 2008 ---

D'après une enquête menée sur Internet en septembre 2006 dans le cadre du groupe de travail Lyon 2020 (1) sur la gastronomie, Lyon se détache très largement dans tous les moteurs de recherche. Sur les cent premières pages retenues, le nombre d’occurrences qui lient Lyon à la gastronomie est très supérieur à celles qui y lient Paris, Bologne ou Parme (2e et 3e place) : 68/100 pour Yahoo, 40/100 pour Google, 29/100 pour MSN, 62/100 pour Alltheweb et 29/100 pour Ask. La célèbre formule du journaliste Maurice Edmond Saillant alias Curnonsky, énoncée en 1925 aux termes d’un tour de France gastronomique – “Lyon, nous n’hésitons pas à le dire, à l’écrire et à le proclamer, est la capitale gastronomique du monde” (2) –, reprise dans l’ouvrage Lyon, capitale mondiale de la gastronomie dix ans plus tard, est donc bel et bien d’actualité. Pourtant, quand on interroge les chefs lyonnais sur le bien-fondé tangible de l’énoncé, mis à part Paul Bocuse, tous le jugent un peu "poussiéreux".

Pour Julia Csergo, maître de conférences en histoire contemporaine qui dirige le département Tourisme à l’université Lumière-Lyon 2, "la formule inventée par Curnonsky a pris aujourd’hui le statut d’un slogan de marketing territorial. Intégrée aux stratégies de redéfinition urbaine et de promotion touristique, elle prend appui sur des acteurs et des politiques locaux, sur des relais médiatiques, pour mettre en valeur, par le biais d’événements conviviaux, voire festifs, des industries, des courants culturels, des patrimoines historiques et architecturaux, une qualité de vie dont la table se fait l’incarnation et la gloire" (3).

Enjeux économiques

Les enjeux économiques liés à la gastronomie sont importants pour Lyon et sa région en termes de production de richesse et d’emplois.

C’est d’ailleurs tout le sens du réseau des villes gourmandes du monde Délice, créé fin 2007 à l’initiative de Jean-Michel Daclin, adjoint chargé du rayonnement international à la Ville de Lyon : imposer la signature "Lyon, capitale de la gastronomie" comme moteur et tête de réseau d’une association internationale de villes qui, elles aussi, souhaitent devenir capitales gourmandes. "Aujourd’hui, on mange bien dans de nombreuses villes de la planète. Lyon n’est plus la capitale de quoi que ce soit, mais la réécriture de la cuisine est intéressante", confesse Jean-Michel Daclin. Si (...) l’appréciation reste subjective, les conclusions du groupe de travail Lyon 2020 sur la gastronomie sont pourtant claires : "Il convient d’enraciner et de pérenniser dans l’imaginaire collectif la formule de Curnonsky." À ce titre, tout sera fait pour que les Lyonnais, premiers ambassadeurs de la ville, s’approprient ce patrimoine de capitale mondiale de la gastronomie.

1. Démarche stratégique lancée par Gérard Collomb pour doter le Grand Lyon d’une vision métropolitaine qui doit permettre à la métropole de rester attractive dans le contexte concurrentiel international, et d’apporter une contribution positive aux enjeux planétaires qui se dessinent pour le XXIe siècle.
2. Curnonsky et Marcel Rouff, La France gastronomique – Lyon et le Lyonnais, tome I.
3. In Voyages en gastronomies – L’invention des capitales et des régions gourmandes.

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