Serge Dorny épinglé sur ses notes de frais : les élus réagissent

Stylos, voyages, restaurants, une enquête publiée ce mercredi dénonce les pratiques et les notes de frais du directeur de l’Opéra de Lyon. Des révélations dont commencent à s’emparer les collectivités qui subventionnent l’institution de la place de la Comédie.

Serge Dorny, nouvelle "diva de la culture lyonnaise" ? Après l'affaire Guy Walter, épinglé fin 2015 pour son salaire à la tête de la Villa Gillet et ses notes de frais (57 000 euros en 2013), c'est un autre ponte de la culture qui vient d'entrer sous le feu des projecteurs. Serge Dorny, le sémillant directeur de l’Opéra de Lyon, a été épinglé par le journal Médiacités pour son train de vie plus que dispendieux au sein de l'institution de la place de la Comédie. Voyages, stylos, dîners à Lyon et à Paris, le directeur de l'Opéra aurait la dépense facile. Selon le pure player fraîchement lancé, les notes de frais de ce dernier "s’élèvent en moyenne à 8 000, 8 500 euros par mois", à quoi il faudrait ajouter "une rémunération (...) de l'ordre de 20 000 euros mensuels", selon des sources internes. Parmi ces notes de frais, on retrouve des voyages, dont un déplacement en octobre 2013 à Francfort en Allemagne, avec plusieurs étapes à Kiev, Moscou et Minsk en Biélorussie, pour un unique rendez-vous avec "Bernd Loebe, son homologue de l'opéra de Francfort". Mais aussi des notes de restaurant en compagnie d'artistes et de personnalités politiques comme Robert Badinter*, la sénatrice Catherine Tasca et le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb, visiblement invité à déjeuner au restaurant La Mère Brazier par Serge Dorny un midi de 2014 pour 272 euros.

* Robert Badinter a écrit le livret de l’opéra Claude, créé en 2013 à Lyon.

Une faute morale ?

Ces dépenses passent mal au sein des équipes de l’opéra. "On regarde les dépenses à tous les niveaux, sauf du côté de la direction", a confié à Médiacités le contrebasson Nicolas Cardoze, délégué Snam-CGT. Les contraintes budgétaires qu’il évoque obligeraient les employés à travailler plus et plus vite dans des délais sans commune mesure avec ce qui se pratique ailleurs : "Pour monter les décors du Vaisseau fantôme, la direction nous a donné trois jours et, non sans difficulté, nous avons mené le chantier en cinq jours. La même production a été jouée à l’opéra de Lille. Là-bas, nos collègues ont eu deux semaines."

Si ces notes de frais posent question, c'est aussi parce que l'Opéra de Lyon est financé à près de 80% par l'État. Dans le détail, en 2015, son budget était de 37 millions d'euros, dont 45,6% (16 331 754 €) pris en charge par la municipalité lyonnaise*. L'Opéra est aussi largement financé par l'État (6 043 000€ – 16,3 % du budget), la région Auvergne-Rhône-Alpes (3 103 000€ – 8,4 % du budget) et la Métropole de Lyon (3 103 000€ - 8,4 % du budget).

* Selon le compte administratif 2015 de la ville de Lyon, l'opéra comptait 370 postes dont 245 mis à disposition par la municipalité pour une masse salariale (coût chargé 2015) de 10 288 754 €. Un chiffre auquel il faut ajouter 6 534 000 € de subventions de la ville.

Les élus commencent à réagir

Laurence Balas, conseillère municipale d'opposition LR, a indiqué avoir "demandé dès aujourd'hui par courrier des éclaircissements à MM. Georges Képénékian, premier adjoint au maire de Lyon en charge de la culture, Richard Brumm, adjoint aux finances, et Rémy Weber, président de l'association Opéra de Lyon". Contacté par Lyon Capitale, Georges Képénékian l'adjoint à la culture, a préféré ne pas répondre, expliquant "ne pas avoir tous les éléments" pour le faire. Du côté du conseil régional, qui avait critiqué la gestion de la Villa Gillet par Guy Walter, l'entourage de Laurent Wauquiez a déclaré que "si les pratiques sont avérées, elles vont nécessiter une remise à plat des processus de contrôle au sein de la structure de l'Opéra".

Le conseil régional a demandé plus d'informations et envoyé "un courrier au Drac [directeur régional des affaires culturelles, NdlR] pour l'alerter sur les possibles manquements aux règles de bonne gestion de la convention signée pour trois ans entre la région et l'Opéra". Le conseil régional a aussi adressé un courrier au président de l'Opéra de Lyon, pour lui demander de "justifier les dépenses qui pourraient sortir d'un cadre acceptable par rapport à la bonne marche de la structure". L'entourage du président du conseil régional a aussi indiqué que Laurent Wauquiez allait exiger, pour l'ensemble des structures subventionnées, une plus grande rigueur dans la maîtrise de l'argent public et des frais de fonctionnement, comme l’a fait la région pour elle-même". Contacté, le service de presse de l'Opéra répond que la direction ne fera pas de commentaires "pour le moment".

Les commentaires sont fermés

Suivez-nous
tiktok
d'heure en heure
d'heure en heure
Faire défiler vers le haut