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Un Lyonnais de l'ENS défie la planète Mars

Samedi, une fusée Atlas V a décollé avec succès de Cap Carnaveral, en Floride, destination Mars. Elle embarque le robot le plus sophistiqué jamais conçu pour visiter une autre planète que la notre. Robot sur lequel a planché Gilles Dromart, un géologue de l'ENS Lyon.

Gilles Dromart, un géologue de l'Ecole normale supérieure (ENS) de Lyon, est au cœur de la plus ambitieuse mission spatiale jamais organisée sur Mars. Avec une centaine d'autres scientifiques de discipline et de nationalité différentes, Gilles Dromart est l'un des (très peu nombreux) français a avoir participé à l'élaboration du prochain robot, Curiosity, qui s'est envolé pour étudier Mars, située à 570 millions de kilomètres d'ici.

Nouvelle génération de rovers

Jusqu'à maintenant, deux rovers avaient été envoyés sur la planète rouge: Spirit – qui n'a plus donné de signe de vie depuis le printemps 2010 – et Opportunity qui, depuis 7 ans, a parcouru 30 kilomètres. La nouvelle génération de rovers – baptisée Mars Science Laboratory - est autrement plus performante et ambitieuse. Mais aussi cinq fois plus lourde (900 kilos) et trois fois plus chère (2,5 milliards de dollars). Le premier de la série, Curiosity, s'est envolé à bord d'une fusée samedi 26 novembre, avec succès.

Étudier les conditions d'habitabilité

L'objectif est des plus complexes puisqu'il s'agit de déterminer si la vie a pu exister sur Mars. "C'est un véritable laboratoire chimique dans l'espace", explique Violaine Sautter, géologue au laboratoire de minéralogie et de la matière extraterrestre du Museum national d'histoire naturelle de Paris. En effet, le rover, de la taille d'une petite voiture, embarquera la charge utile de matériel scientifique la plus avancée jamais utilisée sur Mars. Soit 10 instruments high-tech (84 kilos au total) qui permettront in situ d'analyser précisément les roches, d'étudier les minéraux ou l'absorption de la lumière par le sol, de détecter d'éventuelles traces d'eau, de caractériser les différents types de radiations en vue d'une exploitation humaine, de mesurer la pression atmosphérique, la vitesse du vent et l'humidité. Parmi la technologie embarquée la plus attendue, ChemCam, un spectromètre laser sur lequel a planché Gilles Dromart, professeur au laboratoire de géologie à l'ENS de Lyon. "On pourra déterminer quelles ont été les conditions de formation des roches martiennes et savoir si elles ont pu être, et si elles sont, favorables à des conditions d'habitabilité".

Le sol de Mars, tel qu'il a été photographié par les deux 1ers rovers martiens, Spirit et Opportunity.

Atterrissage au milieu d'un cratère de 155 km de diamètre

Pour cela, il a participé, avec 9 autres scientifiques internationaux, au groupe de travail sur le site d'atterrissage* qui a permis de choisir l'endroit présentant les preuves d'une vie passée les plus prometteuses. Gilles Dromart a également participé, début juin, au Fast Motion Field Test, en Californie, c'est à dire la répétition générale et grandeur nature de la mission spatiale. Et quand le rover se posera sur Mars, le 6 août 2012, au pied d'une montagne de cinq kilomètres de haut à l'intérieur du cratère Gale, qui mesure 155 km de diamètre, il fera partie de la short-list des scientifiques de la planète à analyser en direct les données reçues du rover, une centaine de millions de kilomètres plus loin dans l'espace.

Le 6 août, Curiosity traversera l'atmosphère à 25 000 km/h, protégée par un bouclier thermique. Un parachute prendra le relais. La nouveauté réside dans le fait quà à environ 2000 mètres d'altitude, le parachute sera éjecté, et Curiosity continuera sa descente propulsée par des rétrofusées. A une vingtaine de mètres au dessus du sol martien, Curiosity sera délicatement hélitreuillée jusqu'au sol, tandis que que le système d'atterrissage, désormais inutile, ira s'écraser plus loin.

Marcher sur Mars

Depuis la première image en gros plan de Mars, à l'été 1965, l'homme n'a cessé de convoiter la planète rouge. Et l'extraordinaire "bond de géant" de Neil Armstrong et de Buzz Aldrin sur la Lune, quatre ans plus tard, n'a fait que renforcer l'idée, un jour, de marcher sur Mars. Barack Obama l'envisage d'ailleurs très sérieusement. Mais pour l'heure, les vols habités en terres martiennes sont impensables. Les programmes spatiaux internationaux n'en sont encore qu'au stade de l'envoi de rovers, des robots spécialement conçus pour explorer la surface d'autres planètes.

* sur 12 missions martiennes prévues sur Mars, seules 6 ont réussies à atterrir.

> Pour suivre en direct le lancement de la fusée Atlas V
https://www.ustream.tv/channel-popup/nasa-hd-tv

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"Aller sur la Lune et aller sur Mars, c'est un peu comme aller camper dans son jardin et partir en expédition sur l'Everest"
Gilles Dromart, professeur au Laboratoire des sciences de la Terre de l'ENS Lyon.

Repères Terre/Mars

Distance : 570 millions de km (400 000 km Terre-Lune)
Durée du trajet : 9 à 10 mois (3 jours Terre-Lune)
Délai de transmission radio : 20 minutes (1,3 seconde Terre-Lune)

1 question à...

Ashwin Vasavada, manager de la mission Mars Science Laboratory à la NASA.

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Quelle est la place de Mars dans le programme spatial américain ?
L'exploration robotisée de Mars tient une place importante dans le programme de science spatiale américain en raison de sa proximité avec la Terre, de sa valeur dans la compréhension du potentiel d'une autre vie dans l'Univers et aussi en raison de son potentiel pour une future destination humaine. Deux sondes spatiales et un robot sont actuellement actifs sur Mars, bientôt rejoint par le nouveau robot Curiosity de la mission Mars Science Laboratory. Aucune autre planète que Mars, exceptée la Terre, n'a autant de missions actives de la NASA.

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Obama rêve de marcher sur Mars

En août 1969, dans l'enthousiasme suscité par la mission Apollo 11, qui réussit l'exploit de poser deux astronautes sur la Lune, le président Richard Nixon pointe son doigt dans le ciel : la prochaine étape sera Mars ! Comme si La Lune était un « continent » domestiqué...

Trente cinq ans et douze missions spatiales plus tard (dont six réussies), George W. Bush présente le projet Constellation : l'envoi, à l'horizon 2015/2020, de quatre astronautes sur la Lune pour un séjour d'une semaine dans un module lunaire. En avril 2010, Barack Obama décide l'arrêt du projet Constellation, jugé hors délai et considéré comme un gouffre financier. Le nouveau terrain de jeu du locataire de La Maison Blanche est la planète rouge ("la Lune (…) nous y sommes déjà allés. Il y a bien davantage d'espace à explorer") : à l'horizon 2035, il envisage un vol habité vers Mars, avant quoi des astronautes s'essaieront sur des astéroïdes.

2011, année des astéroïdes

Mercure, Jupiter, Mars... C'est l'année de l'exploration spatiale. En mars, la sonde Messenger de la Nasa s'est installée en orbite autour de Mercure (7 mois de voyage, 500 millions $) ; en juillet, la sonde Dawn (500 millions $) devrait arriver vers la ceinture d'astéroïdes, entre Mars et Jupiter, et étudiera Vesta, le 2e plus gros astéroïde (530 km de diamètre) ; un mois plus tard, c'est la sonde américaine Juno qui décollera pour arriver sur Jupiter en 2016 (700 millions $) ; en septembre, la sonde Grail de la Nasa s'élancera vers la Lune ; entre le 25 novembre et le 18 décembre, c'est au tour Mars Science Laboratory ; et pile le jour de Noël, les Russes envoient la sonde Phobos-Grunt sur l'une des lunes de Mars (plusieurs milliards de dollars). En janvier dernier, l'Agence spatiale japonaise a annoncé que la sonde Hayabusa (revenue après un voyage de 7 ans) avait ramené des grains minéraux extraterrestres. Pour la première fois, des physiciens vont pouvoir étudier des extraits d'astéroïdes.

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