SDF remis à la rue, les associations écrivent au préfet

75 personnes sans solution le 4 novembre, 130 le 3 novembre, 137 le 16 octobre, 140 le 6 octobre …. Chaque soir, la liste est longue de personnes sans solution à Lyon qui dorment dehors, et ce en dépit de leurs appels au 115, le service d'appel d'urgence pour les sans-abris. On appelle ces personnes les sans-solution. Les salariées du 115 ne leur ont pas trouvé de places où dormir en foyer. Pour mettre fin à cette situation et pour la deuxième année consécutive, associations et syndicats viennent d'écrire au préfet du Rhône, Jacques Gérault. La CGT, la CFDT, la FSU, l'Unsa, Solidaires, les Enfants de Don Quichotte, rejoints récemment par l'Alpil, la Fondation Abbé Pierre, la Fnars et Personnes dehors ont envoyé une lettre ouverte au préfet lundi 16 octobre.

Stopper le ballet des SDF entre les foyers et la rue

Ils demandent au préfet d'appliquer la loi Dalo (droit au logement opposable) dans le Rhône. Loi qui interdit aux associations de remettre à la rue les sans-abri. Or, c'est toujours le cas à Lyon. “Des associations (les signataires ne veulent pas les nommer, ndlr), sont obligées de remettre les sans abris à la rue, par manque de places, déplore Marine Fourier des Enfants de Don Quichotte. Elles proposent des places pour quelques nuits (trois nuits, ndlr) et ensuite, elles remettent les personnes à la rue, même les familles avec enfants et leur disent de rappeler le 115 d'ici quelques jours“. Interminable ballet des sans abri que les associations veulent stopper. Marine Fourier, rappelle que “les remises à la rue sont destructrices pour les personnes particulièrement vulnérables“.

Payer plus de nuits d'hôtel aux sans-abris

Et pour permettre de respecter la loi Dalo dans le Rhône, les associations estiment que le préfet Gérault n'aura pas le choix. Il faudra lancer des programmes de construction ou d'aménagement de nouveaux foyers pour SDF à Lyon. Cela lui évitera de remettre les sans abri à la rue et de construire des foyers “plus adaptés“ selon André Gachet de l'Alpil, qui voit de plus en plus de travailleurs pauvres dormir dehors et toujours des familles être séparées du fait des conditions d'accueil, certains foyers n'acceptant pas les hommes. En attendant, les associations et les syndicats demandent au préfet de payer des nuits d'hôtel aux sans-solution, comme ils l'avaient fait l'année dernière. “Bien sur ça coûte cher, à raison de 40 euros la nuit en moyenne dans un hôtel du Rhône et de 150 sans solution chaque soir, cela fait 600 euros chaque jour aux frais de la collectivité pour loger les sans-solution. Mais c'est la loi !“ s'insurgent les associations qui n'hésiteront pas à aller devant les tribunaux pour dénoncer les manquements du préfet. Deux recours ont déjà abouti devant le tribunal administratif du Rhône et si le préfet ne bouge pas, leur nombre pourrait exploser d'ici début janvier, les associations espérant bien faire jurisprudence en la matière.

Embaucher plus de répondants au 115

Enfin, les signataires de la lettre ouverte au préfet lui demande de doubler les effectifs du 115. Chaque jour 600 personnes appellent la ligne d'urgence en moyenne à Lyon (relevés officiels du Foyer Notre Dame des sans abri chargé du 115 à Lyon, ndlr) afin de se loger la nuit dans un foyer d'hébergement. Les associations estiment à 800 en réalité le nombre d'appels quotidiens au 115, “sans compter ceux qui n'aboutissent pas“ estimés entre 700 à 800 par jour, ce qui portent à 1500 à 1600 appels par jour le nombre de coups de téléphone passés au 115 à Lyon. Et “on n'est qu'en automne, précise Marine Fourier, en hiver ça explose, lorsqu'il fait plus froid les squatteurs se mettent à téléphoner à leur tour“. Deux personnes sont salariées du 115 à Lyon pour répondre aux téléphone. Deux salariées pour 600 à 1600 appels par jour, pire qu'au Pôle emploi (3949). L'année dernière, le préfet avait promis de doubler ces effectifs, il n'en a rien fait selon les associations qui le rappelle aujourd'hui à sa promesse.

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