Mermoz : marche silencieuse en mémoire d'Amar

Une marche silencieuse a été organisée par les habitants du quartier Mermoz lundi soir, 24 h après la mort du petit Amar, douze ans, victime collatérale d'un règlement de comptes par balles.

Dès la sortie du métro, des affichettes avec la photo d'Amar indiquent la marche à suivre. Direction « la chaufferie », le centre social du quartier Mermoz pour beaucoup d'amis venus participer au dernier hommage rendu au petit Amar, douze ans, habitant du quartier et scolarisé à Oullins. En tête de cortège dans les rues sombres et silencieuses du quartier, les membres de la famille : la maman d'Amar est restée à la maison. Sous le choc depuis 24 heures, « elle n'a pas eu la force de se joindre au rassemblement et le regarde passer sous ses fenêtres », indique une amie. Les frères et sœurs d'Amar sont là, son père aussi. Ses copains d'écoles, trente-cinq enfants une rose blanche à la main campent sous les banderoles et se recueillent en silence devant le bureau de tabac où a eu lieu le drame. Beaucoup pleurent, dont la sœur d'Amar et ses amies. Une cinquantaine de personnes âgées prient également dans le froid et la nuit, les larmes aux yeux après le règlement de comptes qui a frappé le tout jeune adolescent, sans raison, dimanche en fin d'après-midi (lire notre article).

400 personnes réunies

Une amie en tête de cortège crie : « Amar était un enfant de douze ans. Il aimait jouer, il aimait rendre service, on ne tue pas un enfant comme ça. Amar était petit, on l'a privé de la vie ! Il faut que justice se fasse ». Devant le bar tabac où il est mort, quatre à cinq cents personnes s'amassent vers 18h30 pour déposer une photo, une rose blanche, une corbeille de fleurs devant la vitrine baissée. Puis le cortège s'ébranle, difficilement>. Après une minute de silence, chacun reprend le chemin en sens inverse jusqu'à la chaufferie où une cérémonie est organisée.

« Dieu nous protège »

Dans le cortège, les enfants aux yeux ébahis, rares sont ceux qui comprennent ce qui se passe, tiennent la main de leurs parents. Les adolescents, eux, défilent le regard éteint. Ils sont venus par dizaine et marchent en silence sous leurs capuches. On dirait des adultes dans des corps d'adolescents, déjà marqués par une vie trop dure à assumer. Eux comprennent très bien ce qui se passe. Enfin, leurs parents marchent derrière eux, leurs grands-parents aussi, beaucoup ont les larmes aux yeux et implorent Dieu, en chantant Allah Akbar, « Dieu nous protège », traduit une Algérienne.

Le quartier a peur

Le quartier est traumatisé. Le petit Amar était simplement sorti faire une course dimanche. Il a reçu au moins quatre balles dans le corps, dans ce que la police a interprété comme une expédition punitive après une altercation avec les jeunes du quartier. Dans le cortège, certains prient, d'autres pensent déjà à la vengeance. « Ils n'ont pas le même rapport à la mort que nous, laisse les pleurer on leur expliquera après comment régler ça », chuchote un caïd à son ami.

Depuis dimanche à Mermoz, les mères n'osent plus demander à leurs enfants d'aller faire les courses. Les enfants sont enfermés à la maison dès 16h30. Malika, une amie de la famille, originaire d'Annaba, la même ville que la famille d'Amar, demande que la justice fasse son travail : « C'est important parce qu'il ne faut pas que cela se reproduise. Il faut voir d'où viennent les armes, on n'achète pas des armes comme des baguettes de pains quand même ? On doit régler cette affaire, parce qu'on n'a pas l'habitude de ça nous ici ». Un nouveau palier a-t-il été franchi dans la ghettoïsation du quartier ? Ici, personne ne le souhaite et Malika ne manque pas de rappeler que le maire a promis d'agir.

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