Manifestation pompiers janvier 2018 2
@Arthur Brenac

Lyon : manifestation importante de sapeurs-pompiers

Ce lundi 8 janvier, quelque centaines de pompiers sont descendus dans les rues lyonnaises pour dénoncer les agressions dont ils sont victimes en intervention. Une manifestation qui s’est rapidement tendue entre policiers et soldats du feu sans pour autant imploser.

Manifestation de pompiers à Lyon le 8 janvier 2018 @Arthur Brenac

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Manifestation de pompiers à Lyon le 8 janvier 2018

Ils étaient quelque centaines. De casernes et statuts différents, certes, mais tous indignés par un même fléau : les excès de violence lors d’interventions de secours. Aujourd’hui, cette même masse a marché jusqu’au tribunal de grande instance (TGI), dans le 3e arrondissement de Lyon. En tête de ce peloton de pompiers, un cercueil “symbolique”, censé représenter toutes les victimes de coups et blessures lors de leurs interventions. Armé d’un mégaphone, un des sapeurs-pompiers précise qu’il s’agit d’une marche “pacifiste” ayant pour objectif de dénoncer une situation “intolérable”. “Nous demandons aux autorités, à nos responsables, et surtout à la Justice, que le travail soit fait face à ces phénomènes de violence, s’insurge-t-il. Nous n’avons aucune revendication salariale, nous souhaitons seulement une reconnaissance de la part de nos responsables.”

Des demandes précises

Manifestation de pompiers à Lyon le 8 janvier 2018 @Arthur Brenac

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Manifestation de pompiers à Lyon le 8 janvier 2018

Selon Rémy Chabbouh, secrétaire du syndicat SUD, les demandes des sapeurs-pompiers sont simples : être équipés de caméras types Go-Pro lors de leurs interventions. Ici, l’objectif est de montrer de manière irréfutable le quotidien d’un pompier lambda. “Nous avons fait des demandes au niveau du ministère de l’Intérieur, ils sont encore au stade d’étude juridique, précise Rémy Chabbouh. C’est à portée de main, encore faut-il la volonté.” Les sapeurs-pompiers trouvent aussi inadmissible le nombre de dépôts de plainte non aboutis. “Faute, en partie, à la tranche d’âge des assaillants [entre 15 et 16 ans, donc des mineurs, NdlR], qui ne permettent pas des procédures judiciaires adéquates à la gravité des assauts”, estiment-ils. À titre de comparaison, Rémy Chabbouh mentionne les agressions au marteau à Roubaix en décembre. Les trois agresseurs ont été condamnés à six mois de prison ferme. Selon les dires de l’adjudant-chef, les cas lyonnais ne sont pas aussi rapidement traités.

Un antagonisme important entre policiers et pompiers

Dès la première demi-heure de marche, les divergences se font entendre entre forces de l’ordre et soldats du feu. Entre autres, le “comité d’accueil” et le nombre de policiers mobilisés pour l’évènement. “Pour un évènement pacifiste, avoir un tel cortège mobilisé est ridicule”, précise Rémy Chabbouh à un commissaire. Toutefois, ce sera le trajet de la marche, clairement différent pour les deux parties, qui alimentera les premières tensions. De nombreuses fois, les pompiers tournent à gauche, contrairement aux indications des forces de l’ordre qui ont demandé à droite. Puis, c’est la destination finale qui pose problème. Pour les forces de l'ordre, il est inenvisageable que les pompiers protestent devant le TGI, pour des motifs de circulation. Finalement, les pompiers obtiennent l’autorisation, mais ils ont l’interdiction de pénétrer à l’intérieur du bâtiment. Sur le chemin, ces derniers, drapeau français à la main, font exploser des pétards, allument des fumigènes et, plusieurs fois, s’asseyent en pleine rue pour quelques minutes. À une centaine de mètres du palais de justice, tous s’arrêtent devant le mémorial de Stéphane Abbes, sapeur-pompier mort en février 2008 suite à une explosion de gaz. Ils y observent une minute de silence.

Des heurts, mais un dialogue pacifiste

Une fois au TGI, le ton monte davantage entre policiers et sapeurs-pompiers. Ces derniers décident de forcer le passage pour entrer à l’intérieur du TGI, les bras en l’air pour souligner l’aspect pacifiste de leur entreprise. Ils sont refoulés, mais trois d’entre eux, dont Rémy Chabbouh, sont reçus par Thierry Polle et Marc Cimamonti, respectivement président du TGI et procureur de la République de Lyon. Ces derniers se disent “conscients de la situation” et constatent que le système répressif légal “n’est pas à la hauteur”. Parallèlement, les pompiers organisent une “cérémonie” de fortune, certes, mais symbolique. Le cercueil transporté est installé devant les portes du TGI, accompagné d’un casque de SP ainsi que d’une pierre peinte de faux sang. S’ensuit une Marseillaise chantée à l’unisson et quelques airs de cornemuse.

Voir aussi : Police - Pompiers : manifestation mardi pour dénoncer les caillassages
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