Hôtel-Dieu : les associatifs se rebellent

Les associations concernées par l'ancien hôpital de la Presqu'île étaient conviées le 6 décembre à une présentation du projet d'Eiffage pour l'Hôtel-Dieu. Réactions virulentes en fin de réunion. A écouter : la réaction de Myriam Pleynard (Tout Pour Lyon 2e) qui souhaite 60 places d'hébergement social d'urgence dans l'Hôtel-Dieu.

Les HCL perdent 94 millions par an. Ils ne pouvaient pas se permettre de conserver l'hôpital de l'Hôtel-Dieu, compte tenu des rénovations à entreprendre. Du coup, l’Hôtel-Dieu est appelé à devenir autre : un édifice qui accueille à la fois un hôtel de luxe, des commerces en rez-de-chaussée, un centre de congrès, un musée et des bureaux divers. Ceci est acquis.

En revanche, ce que les associations comprennent mal, c'est l'interdit des HCL de laisser la place à des activités de soin sur le futur site. "Toutes les activités liées à la santé sont les bienvenues, tant qu'il ne s'agit pas de soin", a rappelé le maire de Lyon et président des Hospices Civils, lundi, lors de la présentation du projet de reconversion de l'Hôtel-Dieu aux associations.

Des associatifs qui, bien qu’ils aient salué le projet d’Eiffage, ont réagi avec virulence. D’abord, Régis Neyret, journaliste et porte-parole de la pétition pour un musée de la médecine à l'Hôtel-Dieu, qui s’est adressé directement au maire : "J'ai été choqué que la santé ne figure pas au cahier des charges de l'appel d'offres. Heureusement, le groupe vainqueur, Eiffage, a amené ce que vous n'aviez pas amené."

"Ne me dites pas que je planque les pauvres dans les banlieues"

Comme lui, d’autres se sont étonnés qu'on garde la mémoire médicale et de charité du lieu seulement de manière symbolique. "Vous ne parlez pas qu'à des clients ou des touristes, ce projet concerne des habitants. Que faites-vous de la santé publique de proximité?" a interpellé le responsable du conseil de quartier du 2e arrondissement. Salve d’applaudissement.

Tout de suite, Gérard Collomb a haussé le ton : "je me préoccupe de la santé: je vais faire pression sur l'Etat pour qu'il me donne les financements pour rénover l'hôpital Edouard Herriot. C'est ma priorité, parce que l'avenir de la santé passe par là. Le reste est secondaire.” Il a ajouté, agacé: “Et ne me dites pas que je planque les pauvres dans les banlieues, je veux qu'ils bénéficient du même service que les autres." A la suite de quoi, le directeur régional du Conseil de l'Ordre des Médecins est intervenu pour proposer d'installer la maison médicale de garde du 6e arrondissement dans l’ancien hôpital. Silence, puis une belle pirouette : "si on doit mettre une maison médicale de garde quelque part, ce sera plutôt dans le quartier Confluences," s’est défendu le maire.

"Le projet est beau, majestueux, mais où est l'humain dans tout cela", a interrogé Myriam Pleynard, qui proposait de créer un centre d'hébergement d'urgence de 60 places (écouter l'entretien sonore). Habitat et Humanisme, association lyonnaise qui lutte contre le mal-logement et pour la défense des personnes fragilisées, a vu, elle aussi, son projet refoulé. Le Père Devert explique : "on aurait souhaité une surface pour créer des logements à destination des personnes isolées qui sortent de l'hôpital mais les HCL ont donné leur veto. Alors on se replie sur une antenne de réflexion sur la dépendance."

Le compromis : le pôle régional de promotion de la santé

Toutes ces réactions n’auront pas fait fléchir le maire. Il a tout balayé successivement, affirmant que la santé ne relevait pas de sa compétence : "je m'occupe de l'urbanisme, pas de l'hôpital.” Il a ainsi justifié de ne pas donner un centime à quel projet que ce soit. “Mais vous avez mes encouragements”, a-t-il concédé. Seul point d’accord, le Pôle de Promotion de la Santé semble être dans les rails. Bon élève, il joue la carte de la santé sans le soin, de la prévention, de l'information et de la réflexion. Il est également assuré de l’aide financière du conseil régional et attend encore des réponses de l'Agence Régionale de Santé et du conseil général. "Nous nous félicitons de la manière dont les choses avancent", a déclaré Jean-François Vallette, porte-parole du projet qui réunit 15 associations lyonnaises.

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