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© Strates – Vergely

Deuxième tunnel de la Croix-Rousse : plus qu’un tube, un concept

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Gérard Collomb présentait mercredi soir, lors d'une réunion publique, les grandes lignes de son nouveau chantier : le percement d’un 2e tunnel de la Croix-Rousse. Le maire a fait d’une nécessité réglementaire (pour des questions de sécurité) une infrastructure dédiée aux modes doux.

C’est d’abord une nécessité : il y a onze ans, se produisait l’accident du Mont-Blanc. 39 personnes y avaient trouvé la mort. Depuis, la législation concernant la sécurité de ces gros ouvrages routiers a été renforcée. C’est ensuite une usure, une série de dysfonctionnements survenus sur ce tunnel de la Croix-Rousse, vieux de près de 60 ans. Combien de fois les ventilateurs ont-ils menacé de rendre l’âme, provoquant des fermetures inopinées ? Il fallait donc rénover les infrastructures actuelles et construire un autre tube de 1,8 km, parallèle à l’existant, permettant aux secours d’intervenir en cas de problème. Pour 30 millions d’euros de plus, Gérard Collomb en a fait un équipement dédié aux modes doux et aux transports en commun - soit 220 millions d’euros au total. « Le plus long tunnel d’Europe pour les modes doux », assure même Gilles Vesco, vice-président au Grand Lyon. Il devrait être inauguré en février 2014.

Plus qu’un tunnel, une avenue

Ce 2e tube va offrir une liaison entre les berges du Rhône, réalisées, et les rives de Saône, en devenir. Il va aussi permettre une connexion entre le 6e et Vaise. Les cycles bénéficieront de nouveaux aménagements, de part et d’autres du tunnel. Il sera ainsi possible de rallier Vaise à la Tête d’Or en une dizaine de minutes.
Tout le long, le maire prévoit de créer une ambiance lumineuse « pour un sentiment de sécurité et de confort ». Enjeu : faire oublier à ceux qui l’empruntent qu’ils sont dans un souterrain. D’ailleurs on ne parle pas de tunnel de la Croix-Rousse mais d’une « avenue Rhône-Saône ». Seront projetées sur les murs des images apaisantes, des vidéos. L’idée est venue à Gérard Collomb lors d’un séjour à Shanghai. Une étude a même été conduite avec des psychologues pour savoir où les piétons se sentiraient le mieux. Ce sera finalement au centre du tube, entre la voie de bus et la piste cyclable.

Les aménagements aux entrées

Il n’empêche, un habitant présent mercredi à la réunion publique s’est inquiété de la fréquentation du tunnel la nuit « quand les bus ne fonctionneront plus ». Mais le maire a brandi la vidéosurveillance, comme il le fait partout où la tranquillité publique est menacée. « On refait le tunnel pour des raisons de sécurité, évidemment qu’il sera sécurisé », a-t-il relevé. Une autre dame l’a apostrophé, éberluée : « je ne me vois pas prendre à pied un tunnel d’1,8 km », a-t-elle affirmé. Il est en effet curieux de voir sur les esquisses d’architectes des familles déambuler dans le tunnel comme elles feraient du lèche-vitrine rue de la Ré. « On n’obligera personne », a éludé Gérard Collomb qui note que l’air intérieur, filtré, sera de meilleure qualité qu’à l’extérieur.

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Des points restent soumis à la concertation. A commencer par les deux extrémités de l’ouvrage. Coté Saône, l’avenue de Birmingham va radicalement changer, et perdre sa physionomie d’autoroute urbaine. Un passage piéton avec feu tricolore va faire son apparition à la sortie du tunnel. Reste la question d’un cheminement pédestre qui serait aménagé au dessus de l’arche du tunnel, connecté aux pentes de la Croix-Rousse. Collomb a donné son sentiment : un tel projet suppose des garde-fous et donc une entrée de tunnel trop minérale. Or il « ne veut pas bétonner la ville ». Côte Rhône, la place Chazette sera rendue à ses riverains, reverdie, grâce à la suppression de l’escargot qui permettait aux automobilistes de circuler entre le tunnel et le cours d’Herbouville. Il est même question d’un ascenseur permettant aux piétons d’accéder à l’école située au-dessus.

Quatre ans de travaux

Le chantier va durer jusqu’en février 2014, mais le tunnel actuel ne sera vraiment fermé que pendant six mois et demi. Les perturbations vont cependant être nombreuses, pour les riverains comme pour les automobilistes.

A partir de septembre 2010, le percement du tunnel pourra commencer. Les services procéderont à un ou deux tirs par jour, provoquant à chaque fois l’interruption du trafic à l’intérieur du tunnel actuel pendant une heure, afin d’effectuer à des contrôles. Cette phase va durer jusqu’en juin 2012. Ensuite, ce sera pire. D’avril 2013 à novembre 2013, le tunnel actuel sera rénové et donc complètement fermé. « Ce sera une période très difficile, prévient Jean-Luc Da Passano, vice-président au grand Lyon. Les ouvriers s’emploieront 24h/24. Ce sera un véritable exploit de rénover le tunnel en seulement six mois et demi ».

350 personnes s’affaireront sur le chantier, ainsi que 60 à 70 camions de chaque côté. Côté Saône, les déblais seront évacués par péniche. Les riverains n’ont pas à craindre des poussières : les camions passeront tous par un pédiluve pour avoir les roues bien propres. Il faut noter que pendant les travaux, la ligne 36 Duchère/Part-Dieu/Jets d’eau qui emprunte le tunnel sera interrompue. Elle circulera de part et d’autre de la Croix-Rousse, pour une dessert de quartier. Pour rallier les deux terminus, il faudra emprunter d’autres lignes – par exemple la n°44.

Pour plus d’informations :
http://tunnelcroixrousse.fr (bientôt en service)
http://infotrafic.grandlyon.com

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