Grand stade décines
©Tim Douet

Belgique - Italie : un retour du Parc OL compliqué

Pour le match Belgique-Italie à Lyon, la desserte aller pour le Parc OL n’a pas posé problème. Mais le retour a été chaotique pour certains. Des voyageurs ont parfois dû patienter presque deux heures sans recevoir la moindre information.

Le Grand stade de Décines

©Tim Douet
Le Grand stade de Décines

La meilleure façon de se rendre au Parc OL et de revenir à Lyon durant l'Euro 2016 restera indiscutablement le vélo. Le match Belgique-Italie confirme les intuitions et les critiques que nous avions soulevées jusqu'à présent : il peut être difficile d'évacuer un stade en deux heures, surtout de faire comprendre aux supporters qu'ils doivent patienter. La présidente du Sytral, Annie Guillemot, avait balayé les inquiétudes pour le trajet retour du Parc OL avec une certaine désinvolture. Les faits devraient lui imposer la prudence désormais.

Pour le trajet aller, pas de problème, les navettes ont débuté leur ballet 3h30 avant le coup d'envoi, permettant aux supporters d'arriver par vagues. Pour le retour, la situation fut tout autre. Une partie des 55 000 spectateurs se sont rués vers les sorties, formant une longue file d'attente. Plusieurs éléments ont contribué aux difficultés qu'ont pu rencontrer les spectateurs pour revenir dans le centre.

Premier, qui témoigne d'un manque de concertation entre l'UEFA, la ville, Keolis et le Sytral : rien ne permettait de retenir ou d'occuper les supporters dans le stade après le match. Faute d'animations, tous se sont dirigés vers les navettes en même temps. Plus problématique : l'absence d'information voyageurs facilement accessible lors du retour. Une partie des spectateurs auraient pu se reporter sur le T3, quitte à marcher un peu. Ils ont préféré les navettes au pied du stade. Pour sa part, Keolis indique que les visiteurs n'empruntent pas forcément la même navette à l'aller et au retour, pour des raisons pratiques (hôtel, lieu de rendez-vous…).

tram parc ol ()

Absence d’information et compte Twitter muet

Pour ne rien arranger, selon certains témoins, alors que la file d'attente était particulièrement dense, quelques "frotteurs", hommes qui se frottent sur les femmes, ont profité de la situation. On retiendra le point le plus positif : le service métro a bien été prolongé et aucun supporter attentif n'a été laissé sans moyen de transport. Il fallait juste être très patient pour rentrer à Lyon.

Le personnel, bien présent pour aider les visiteurs, était invisible au milieu de la marée humaine. De même, le compte Twitter de TCL était aux abonnés absents, malgré les interpellations des usagers en colère. Pour ceux qui se sont reportés sur les taxis, la situation ne fut pas plus simple, malgré une station rue Jean-Jaurès. Certains spectateurs n'ont pas hésité à se mettre en danger, prenant leur taxi directement sur la bande d'arrêt d'urgence de la rocade Est.

prefet ()

Dès lors, c'est le paradoxe le plus total sur les réseaux sociaux. Alors que de nombreux visiteurs ont loué les mérites du Parc OL durant tout le match, beaucoup se sont plaints de la desserte pour le trajet retour. Ce mardi, sur son compte Twitter, le préfet Michel Delpuech a exprimé "son mécontentement sur la gestion d'accessibilité au stade par l'UEFA".

Du côté de Keolis, on relativise les messages des visiteurs sur les réseaux sociaux : "Les gens qui se plaignent, ce n'est pas la majorité. Les supporters avaient un bon état d'esprit. Les choses se sont bien passées. Nous avons transporté 38 400 personnes à l'aller, la moitié en bus et l'autre en tram, 35 600 pour le retour, avec la même répartition." Concernant la marée humaine, là encore, Keolis précise : "C'est très impressionnant quand on est dans le stade, ça dure entre 20 et 30 minutes, puis ça se résorbe rapidement. L'évacuation du stade a duré une heure pour les bus, 1h35 pour les trams." Là encore, faute d'information et d'occupation, c'est bien ce temps d'attente qui a été incompréhensible pour beaucoup.

Des outils pour fluidifier

Quels leviers reste-t-il à Keolis, au Sytral, à l'UEFA et à la mairie de Lyon pour améliorer la situation pour les prochains matchs ? Les solutions pour aider les gens à patienter ne manquent pas : prolongement du service restauration et des buvettes, mise en place d'écrans géants avec les actions de la journée et résumés du match, animations sur le parvis… Pour les transports, après Belgique-Italie, la fermeture du parking Panettes est encore plus incompréhensible : il aurait permis de reporter une partie du trafic vers la ligne T3. Son ouverture pour les prochains matchs paraît inévitable.

L'une des clés du problème reste la nécessité de mieux informer les spectateurs, quitte à revoir les panneaux qui ne sont pas clairs et en installer davantage. Par ailleurs, assurer une veille sur les réseaux sociaux permettrait de guider les plus connectés et répondre à ceux qui se plaignent. En l'état actuel, le compte Twitter de TCL mérite un zéro pointé, aucun réponse n'a été apportée. De plus, pourquoi le site Internet des TCL n'est-il pas passé en mode Euro 2016 à la fin du match pour conseiller les visiteurs qui auraient pu l'interroger ? Même question pour la page du site de la ville de Lyon dédiée à l'événement, qui est surtout institutionnelle et n'a pas de mise en page spéciale pour les soirs de match permettant d'obtenir toutes les informations en temps réel. Avec un stade excentré, pourquoi ne pas avoir déployé un service où les supporters laissent leur numéro de téléphone et reçoivent en fin de match l'endroit où ils doivent aller, permettant ainsi de fluidifier les mouvements de foule ? Pourquoi ne pas exploiter les notifications sur smartphone quand l'application TCL est installée et que le visiteur est géolocalisé au stade ? Moovit, application partenaire de l'Euro 2016, a affiché une notification à l'aller, mais rien au retour.

Alors que Gérard Collomb vante régulièrement les mérites de sa ville intelligente, le match Belgique-Italie prouve qu'elle n'est que marketing lorsqu'elle n'est pas pensée en matière d'usage. Les acteurs de l'Euro 2016 tireront-ils les leçons de ce premier match ? Réponse le 16 juin pour Ukraine-Irlande du Nord.

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